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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pense pas la retarder longtemps. Une courte entrevue est tout ce que je
souhaite.
    – Ne
pourriez-vous... remettre à plus tard ?
    – Je
regrette d’insister, mais je ne suis à Bruges que pour quelques heures et je
viens de loin...
    Le
chambellan semblait très malheureux. Il eût peut-être atermoyé un moment encore
si une dame d’un certain âge, magnifiquement vêtue, n’était apparue à son tour,
relevant à deux mains, pour aller plus vite, ses jupes d’épais taffetas vert
sombre à ramages gris et or. Son arrivée parut soulager grandement le
chambellan :
    – Ah !
Madame d’Hallwyn ! Est-ce Sa Seigneurie qui vous envoie ?
    – Naturellement !
Il lui est apparu qu’il était indécent de faire attendre comme une marchande de
modes une dame de cette qualité... s’il n’y a pas d’erreur !
    – Qu’en
pensez-vous ? dit Fiora avec une hauteur qui amena un léger sourire sur
les lèvres de la dame d’honneur. Son regard bleu avait déjà jaugé la beauté, l’élégance
de la nouvelle venue, et sa tournure pleine d’une fierté qui annonçait son
noble lignage.
    – Qu’aucun
doute n’est possible. Seule une femme aussi belle que vous pouvait convaincre
messire Philippe de se marier. Voulez-vous me suivre ? Madame la duchesse
vous attend.
    Derrière
son guide, Fiora perdit le sens de la direction. On monta des escaliers, on
suivit des galeries et de vastes salles tendues des plus belles tapisseries
parfilées d’or qu’elle eût jamais vues. On descendit dans un jardin où un
cyprès dominait une grande quantité de rosiers. On aperçut de grandes volières
et, finalement, on aboutit à une construction isolée par un mur et dont les
vastes toits et les tourelles étaient revêtus de tuiles vertes. Au-dessus
flottaient des bannières vivement colorées. Jardins, cours et bâtiments
bruissaient d’une grande quantité de serviteurs.
    – Ce
palais est immense ! remarqua Fiora. Bien plus vaste qu’il n’y paraît de
prime abord !
    – C’est
à cause de la porte, qui est de peu d’aspect, mais le défunt duc Philippe
estimait que, comme l’entrée du Paradis, celle de son palais devait être
étroite pour plus de sécurité. Nous voici arrivées : ceci est l’Hôtel
vert, ainsi nommé à cause de la couleur de ses toits. Madame Marie trouve le
palais trop vaste et apprécie une demeure un peu plus intime...
    Intime
peut-être, mais tout aussi fastueuse que le reste. Si les guerres du Téméraire
avaient ruiné sa famille et la Bourgogne, il n’y paraissait guère dans cette
demeure où tout était d’un luxe extrême. Mme d’Hallwyn jouissait visiblement de
la surprise de sa compagne :
    – Encore
n’aurez-vous pas l’occasion d’admirer les « baignoireries ». Elles
sont uniques et l’on y trouve, outre des salles de bain, des étuves à vapeur
chaude et des pièces de repos qui sont les plus agréables du monde. Mais nous
arrivons.
    Un
instant plus tard, dans une galerie largement éclairée par de hautes fenêtres
ogivales à vitraux de couleurs vives, Fiora saluait profondément une jeune
femme assez grande et qui devait avoir à peu près son âge. Elle dut
reconnaître, même si cela ne lui causait aucun plaisir, qu’elle était charmante :
mince et gracieuse, Marie de Bourgogne possédait une peau d’une éclatante
blancheur, un petit nez, de beaux yeux vivants d’un brun léger et une abondante
chevelure d’un ravissant châtain doré qu’une coiffe de velours vert et de
mousseline blanche contenait mal. De toute évidence, elle devait ressembler à
sa mère, cette Isabelle de Bourbon morte quand elle était enfant et qui avait
été le grand, le seul amour du Téméraire. De celui-ci, elle avait la bouche
charnue, marquée d’un pli d’obstination, et le menton en pointe arrondie qui
donnait un peu à son visage la forme d’un cœur.
    Elle
considéra un moment la jeune femme à demi agenouillée dans sa révérence, avec
une curiosité qu’elle ne se donna pas la peine de dissimuler.
    – Je
me suis souvent demandé si je vous verrais un jour, Madame, fit-elle d’une voix
nette. Ainsi, vous êtes cette Fiora de Selongey qui fut si longtemps l’amie de
mon père ?
    – L’otage
serait plus juste, Madame la duchesse. Ce n’est pas de mon plein gré que j’ai
dû suivre Monseigneur Charles !
    – Relevez-vous !
On me l’a dit, en effet... néanmoins, vous avez eu la chance de vivre dans son
entourage... jusqu’à la

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