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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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immobilité de statue et plia un genou :
    – Avec
votre permission, monseigneur, je me retirerai. Et sans attendre son congé, il
tourna les talons et quitta la tente. Sa figure était celle d’un homme que l’on
vient de frapper à mort. Fiora, envahie par le désespoir, le regarda sortir mais
ses yeux étaient secs. Pour rien au monde, elle ne laisserait voir sa
souffrance à cet homme féroce qui attendait sans doute des cris, des pleurs et
des supplications mais pas ce silence atterré qui changeait la jeune femme en
statue. Quand Philippe eut disparu, elle se tourna vers le duc, très droite
dans sa longue robe noire et leva vers sa splendeur pourpre ses yeux aussi gris
que le ciel d’hiver :
    – Il
semblerait, monseigneur, qu’il fasse meilleur servir un prince né derrière un
comptoir que le Grand Duc d’Occident. Votre Altesse déteste sans doute messire
de Selongey ?
    – Lui ?
Il a notre estime et notre amitié.
    – C’est
l’évidence même. Que serait-ce si vous le haïssiez ?
    – Ne
vous flattez pas trop. Il préférera souffrir que vivre aussi publiquement
bafoué. L’adultère, chez nous, est puni de mort.
    – Sauf
quand il est princier, si j’en crois la légende du père de Votre Seigneurie. Eh
bien, faites-moi exécuter : cela arrangera tout.
    – Et
serait d’un bon exemple car je hais l’adultère et vous me faites horreur, si
belle que vous soyez ! Nous verrons la suite à donner à ceci. Pour l’instant,
vous allez rester dans ce camp sous bonne garde. Ceux qui veilleront sur vous m’en
répondront sur leur tête car je ne vous permettrai pas d’échapper au sort que
vous méritez. Mais pour l’heure, nous avons une ville à prendre... Soyez
cependant certaine que nous ne vous oublierons pas !
    Remise
à nouveau au seigneur de La Marche, elle allait sortir quand le Téméraire l’arrêta :
    – Un
instant ! Avant que de vous rendre en France, aviez-vous déjà quitté
Florence ?
    – Non,
monseigneur. Jamais...
    – Bizarre !
... Il me semble pourtant vous avoir déjà vue... il y a fort longtemps...
    – On
dit qu’en ce bas monde nous avons tous un sosie, Votre Seigneurie aura
rencontré une femme qui me ressemble... Dans une rue peut-être ? ... Ou
dans quelque marché ? Ou derrière un comptoir ? ...
    Haussant
les épaules, il lui fit signe de sortir. Alors sans incliner la tête si peu que
ce soit, elle lui offrit la plus gracieuse et la plus parfaite des révérences
puis quitta le pavillon ducal environnée de gardes. La nuit était venue mais
les entours du grand tref étaient éclairés par de nombreuses torches et de
larges feux près desquels se chauffaient les hommes étaient allumés un peu
partout.
    Quand
Fiora apparut au-dehors, Campobasso, qui attendait sur ce même tronc d’arbre où
s’étaient assis tout à l’heure Philippe et Mathieu, s’élança vers elle mais La
Marche l’écarta :
    – Eloignez-vous !
Les ordres de Monseigneur le duc sont formels : aucun entretien n’est
permis...
    – Où
la conduisez-vous ?
    – Ici
près, mais ceux qui seront chargés de veiller sur elle en répondront sur leur
vie... Il vous est interdit de l’approcher.
    Le
condottiere recula comme si on l’avait frappé : Fiora était passée devant
lui sans même lui accorder un regard. Alors il voulut s’élancer vers l’intérieur
du pavillon mais, prévoyant son geste, les gardes avaient déjà croisé leurs
lances... Fou de rage, il les insulta sans réussir à troubler leur
impassibilité, ce que voyant il s’élança sur les traces de l’escorte afin d’apprendre
au moins où l’on conduisait celle qu’il aimait.
    Il n’alla
pas loin. Derrière le grand tref pourpre, des tentes beaucoup moins spacieuses
étaient attribuées à certains des officiers de la maison ducale. Ce fut dans l’une
de celles-ci, laissée libre par la mort récente de son propriétaire, que La
Marche fit entrer sa prisonnière, éclairant d’une torche prise au-dehors un
intérieur assez confortable où se voyaient un lit de camp garni de coussins et
de couvertures, deux coffres dont l’un contenait des ustensiles de toilette, un
grand chandelier de fer, un brasero éteint et un tapis posé sur le plancher qui
isolait la tente de l’herbe rase sur laquelle on l’avait plantée. Une provision
de bois attendait contre l’une des parois...
    L’un
des soldats alluma le feu tandis qu’à l’aide de sa torche le capitaine des
gardes enflammait

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