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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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évader...
    – Curieuse
façon de faire évader quelqu’un en l’attaquant avec ça ! s’écria Fiora
indignée en brandissant la dague tachée de sang et la blessure qu’elle avait
reçue à la main en se défendant. Ce misérable a tenté de me tuer et sans ce
brave homme, ajouta-t-elle en désignant Esteban qui avait recoiffé son chapel
et qui prenait un air modeste, je serais morte à l’heure qu’il est.
Interrogez-le : il vous dira comment cela s’est passé... Ensuite vous
pourrez toujours demander à Campobasso quels ordres il a donnés à ce garçon...
    – Elle
ment ! hurla Virginio qui se tordait comme une couleuvre sous la poigne
des hommes qui le maintenaient. Cet homme et elle se connaissent. C’est un de
ses anciens amants !
    La
gifle que lui asséna le Castillan avait de quoi assommer un bœuf mais sa voix n’était
que vertueuse indignation quand il proclama :
    – Bien
sûr que je connais donna Fiora depuis longtemps ! Elle était haute comme
trois pommes, quand je l’ai vue pour la première fois, à Florence chez son
noble père. Et je connais aussi donna Léonarda, sa pieuse gouvernante, et Mgr
le prince Lascaris, son grand-oncle... et je voudrais bien savoir ce qu’elle
fait ici au milieu de tous ces hommes d’armes et à la merci du premier coquin
venu !
    -C’est
bien, l’ami ! Nous verrons ce que Monseigneur le duc pensera de tout cela.
Tu vas venir avec moi pour lui raconter ce qui s’est passé. Ensuite je ferai
appeler messire Campobasso... Donna Fiora, je vous demande excuses pour tout
ceci. Je vais vous envoyer maître Matteo de Clerici, le médecin de monseigneur,
pour panser votre blessure.
    – N’en
faites rien, messire Olivier. Ce n’est pas profond et je saurai soigner
moi-même cette écorchure. Mais je vous remercie de votre courtoisie et je vous
recommande ce brave garçon, qui ne peut être qu’une excellente recrue pour l’armée
de Monseigneur le duc : c’est un cœur vaillant et un bras solide.
    Elle n’avait
plus qu’un désir : être seule puisqu’il était impossible de parler avec
Esteban mais, de le savoir près d’elle, veillant sur elle, était d’un grand
réconfort. Ce qui ne l’empêchait pas de griller de curiosité. Par quel incroyable
cheminement le Castillan en était-il venu à s’engager dans l’armée
bourguignonne ? Il avait dit cette péripétie récente : mais qu’avait-il
fait durant ces deux mois ? ... Incapable de trouver une réponse, elle
mangea un peu de viande froide, une ou deux cuillerées de confiture et alla s’étendre
sur son lit, y étalant son manteau pour suppléer la couverture qu’elle avait
donnée à Battista. Pour la première fois depuis bien des nuits, son sommeil fut
paisible, confiant, tant il faut peu de chose à un être jeune pour se sentir en
sécurité. Pour qu’Esteban ait pu arriver à point nommé et sauver Fiora d’une
mort certaine, c’est qu’une providence veillait sur elle. Mais ce secours venu
de l’au-delà, elle ne l’attribuait pas à Dieu. Non parce qu’elle n’y croyait
plus – elle n’avait jamais cessé de croire – mais parce que le Tout-Puissant
semblait ne s’occuper des humains que pour les submerger de souffrances et d’épreuves.
Non, si quelqu’un, là-bas, veillait sur elle, ce ne pouvait être que l’âme
douloureuse de l’homme qui lui avait consacré sa vie, de ce Francesco Beltrami
qu’elle ne cesserait jamais d’appeler son père.
    Quand
il revint, le lendemain, Battista apportait un plein panier de mauvaises
nouvelles : d’abord, Philippe de Selongey avait été blessé – légèrement il
est vrai — au cours d’une sortie tentée par les assiégés pour faire entrer un
convoi de vivres par la porte de la Craffe. Ensuite, le page Virginio que
Campobasso, fou de rage, avait ordonné d’exécuter, avait été sauvé par l’intervention
du Téméraire en personne. Selon le duc, il n’était pas du tout certain qu’il n’ait
pas dit la vérité et qu’il n’y eût pas tentative d’évasion. Le garçon avait été
remis au prévôt de l’armée en attendant que l’affaire fût tirée au clair.
Enfin, la pluie diluvienne avait provoqué un glissement de terrain qui avait
enseveli toute une compagnie. L’armée, exaspérée par ce temps abominable, était
à deux doigts de la rébellion et, selon le page, l’évêque de Metz, Georges de
Bade, qui aurait voulu voir son frère le margrave devenir au moins gouverneur
de

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