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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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calmés
net. Chacun est reparti vers son commandement...
    – Sauriez-vous
me dire quand cela est arrivé ?
    – Le
lendemain matin de votre venue et je ne sais, en vérité, lequel des deux était
le plus acharné. Si on les avait laissés faire, ils s’entre-tuaient. Aussi,
pour éviter que cela ne se reproduise, monseigneur en a envoyé un à l’est et l’autre
à l’ouest...
    – Merci
de m’avoir renseignée, dit Fiora. Vous agissez envers moi en ami véritable et j’en
suis extrêmement touchée. Puis-je encore vous demander quelque chose ?
    – Si
c’est en mon pouvoir... et ne contrarie pas trop mes ordres.
    – J’espère
que non. Je voudrais que vous acceptiez de me prévenir au cas où... il
arriverait quelque chose au comte de Selongey.
    Le
jeune Colonna lui sourit et son étroit visage, brun comme une châtaigne, s’illumina
puis, s’inclinant bien bas devant Fiora, il lui fit un beau salut :
    – Ce
fut toujours dans mon intention... Madame la comtesse ! C’est trop
naturel-La gentillesse de cet enfant était bien le seul rayon de soleil qui mît
un peu de chaleur dans les jours uniformément gris et tristes de la jeune
femme. Les heures s’écoulaient lentes, interminables, toutes semblables. Un
couvent avec sa rigidité eût été préférable à cette prison de toile d’où l’on
ne voyait rien mais où l’on entendait tout. Le crépitement de la pluie
alternait avec le bruit du canon, les cris de joie ou de douleur et le vacarme
des assauts sans cesse repoussés. L’écho des prières aussi arrivait jusqu’à la
captive car la tente du légat papal était proche et il y avait eu l’énorme
explosion de joie suscitée par l’arrivée triomphale du Grand Bâtard de
Bourgogne. Enfin, et c’était au moins agréable, Fiora entendit plusieurs fois
chanter la maîtrise que dominait parfois la voix sonore de Battista. Mais Fiora
avait tout de même l’impression déprimante d’être l’une de ces recluses comme
elle en avait vu deux à Paris, qui vivent toute leur existence entre quatre
murs de pierres que l’on maçonne autour d’elles et qui n’ont plus, sur la vie,
que la vue très limitée d’une étroite fenêtre par laquelle leur arrivent les
dons de la charité, et l’ouïe de ce qui se passe autour de ce tombeau à peine
ouvert que l’on boucherait tout à fait à leur mort. Sans le jeune Colonna elle
se fût crue oubliée mais elle ne savait plus très bien si elle souhaitait
tellement la fin du siège qui ouvrirait sa prison – sans doute pour une autre
et peut-être pour l’échafaud – et qui serait le signal du combat à mort auquel
se livreraient les deux hommes qui déchiraient sa vie...
    Un
soir où le tintamarre avait été particulièrement fort et où elle avait même
entendu rugir, non loin d’elle, la voix du Téméraire, elle attendit Battista
avec plus d’impatience encore que de coutume pour savoir ce qui se passait et,
quand elle entendit des pas, elle jeta le livre d’heures qu’elle avait trouvé
dans l’un des coffres et qui était la seule lecture à sa disposition, donc sa
seule distraction même si les prières qui s’y trouvaient n’éveillaient guère d’écho
sensible dans son cœur.
    Elle
le vit apparaître dans l’ombre de la porte et constata qu’il avait tiré son
bonnet jusque sur son nez.
    – Fait-il
donc si mauvais ? lui dit-elle gaiement. Je n’entends pourtant pas la
pluie...
    Sans
répondre, il posa le plateau couvert d’une serviette à terre et, presque d’un
même mouvement, arracha son bonnet et tira une dague de sa ceinture en s’avançant
dans le cercle de lumière dispensée par le candélabre :
    – Vous
n’êtes pas Battista ? s’exclama Fiora. Qui êtes-vous ?
    En
même temps qu’elle posait la question, elle le reconnut. C’était le page de
Campobasso, ce Virginio dont elle n’avait pu oublier le regard haineux et qui,
à présent, dardait sur elle des yeux flambant d’une joie féroce :
    – Qui
je suis ? Je suis ta mort, ribaude ! grinça-t-il, en continuant à
avancer lentement, un pas après l’autre, dégustant cet instant qu’il avait dû
appeler de toutes ses forces durant des jours.
    Une
seule chose le troublait un peu : la femme ne manifestait aucun signe de
crainte.
    – Remettez
cette dague au fourreau et allez-vous-en ! s’écria Fiora. Je n’ai qu’à
appeler...
    – Tu
peux toujours appeler. J’ai endormi tes gardes avec du vin drogué. Tu n’as

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