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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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très
gracieuse dame Fiora Beltrami dont nous tenions le défunt père en très
particulière estime et amitié et dont nous avons appris avec inquiétude qu’elle
s’était aventurée jusqu’en Lorraine pour y retrouver un sien cousin. Cette
jeune dame étant chère à notre cœur paternel, nous déplorerions qu’il lui fût
advenu dommage ou peine et nous considérerions comme une particulière marque d’amitié
qu’elle soit confiée à notre messager et à la dame qui l’accompagne afin d’être
ramenée au-delà de la ville frontière de Neufchâteau où le seigneur comte de
Roussillon pourra s’en charger et la faire conduire en sûreté jusqu’à nous... ».
Suivaient les effusions rituelles mais le Téméraire n’en parcourut pas moins la
royale épître avec un air manifestement renfrogné. Neuf-château, qui d’ailleurs
s’était rendu à lui, ne se trouvait qu’à quinze lieues de Nancy et le comte de
Roussillon, l’un des meilleurs capitaines du roi, n’avait pas coutume de ne
commander qu’une poignée d’hommes.
    Charles
laissa la lettre s’enrouler sur elle-même avant de la tendre à son secrétaire
puis considéra un instant les deux personnages qui attendaient son bon plaisir :
    – Nous
sommes heureux d’apprendre, dit-il enfin, que les frontières de France sont si
bien gardées et, en vérité, nous n’en avons jamais douté. Quant à donna Fiora,
nous concevons parfaitement qu’elle soit chère au cœur de notre cousin le roi
Louis. Malheureusement, nous ne la détenons pas par-devers nous...
    Il
prit un temps sans paraître s’apercevoir de la pâleur soudaine de Léonarde et
de l’angoisse qui montait dans ses yeux, ni d’ailleurs des sourcils froncés de
Mortimer.
    – Et
puis, reprit-il, nous ne la connaissons pas en tant que telle. Nous n’avons ici
que la comtesse de Selongey, épouse de l’un de nos meilleurs capitaines et nous
sommes étonné que le roi ignore ce détail. Mais il est bien certain que nous ne
saurions remettre au roi de France une grande dame de Bourgogne. Nous en
écrirons dans ce sens à notre cher et aimé cousin. En attendant, sire Mortimer,
vous êtes notre hôte jusqu’après les fêtes de Noël qu’il ne conviendrait pas de
vous faire passer dans la froidure des grands chemins. Quant à vous, madame,
vous allez être conduite sur l’heure auprès de votre élève tenue de garder la
chambre à la suite d’un... léger accident.
    Quand,
un moment plus tard, Nicole Marqueiz introduisit Léonarde auprès d’elle, Fiora,
incrédule, ferma les yeux en les serrant très fort comme il arrive lorsque l’on
se trouve en présence d’une lumière trop violente, mais déjà celle-ci s’était
élancée vers elle et l’avait prise dans ses bras :
    – Mon
agneau ! Enfin je vous retrouve !
    Les
quatre mois de séparation qu’elles venaient de subir leur paraissaient à
présent quatre siècles et pendant un long moment ce fut un festival de
questions à bâtons rompus et d’embrassades. Chacune avait tellement à raconter
que l’on ne savait plus par quel bout commencer...
    – Nous
n’y arriverons jamais, dit Fiora, si nous ne mettons un peu d’ordre dans nos
propos. Comment avez-vous pu savoir que j’étais ici ?
    – La
réponse tient en un seul nom : Esteban. Léonarde expliqua comment, chassés
par Campobasso, le Castillan et l’Écossais avaient résolu de se séparer : l’un
pour retourner rendre compte au roi de l’issue de sa mission, l’autre pour
rester aux alentours de Thionville ou même dans la ville afin de surveiller ce
qui se passait au château. Quand Fiora était partie pour Pierrefort, il avait
suivi, de loin, l’escorte de la jeune femme et grâce à un peu d’argent il avait
trouvé asile chez l’un des paysans qui ravitaillaient le château en bois ou en
fourrage. L’entrée en scène d’Olivier de La Marche ne lui avait pas échappé et,
comme à l’aller, il avait suivi Fiora jusqu’au camp bourguignon où il s’était
engagé dans une compagnie franche afin de pouvoir circuler dans le camp.
    L’arrivée
de la jeune femme avait suscité au moins la curiosité et Esteban situa très
vite l’endroit où elle était enfermée. Cela lui permit de la sauver du poignard
de Virginio mais, après la prise de Nancy et comprenant qu’il ne pouvait rien
faire avec ses seules forces, il s’enfuit en pleine nuit, brûlant les étapes,
et rentra à Paris d’où Agnolo Nardi l’avait emmené chez

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