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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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étrangers
que vous voyez auprès de lui et qui doivent le suivre partout...
    Des « chut ! »
énergiques rappelèrent aux deux femmes qu’une église n’est pas un endroit pour
causer. Elles se le tinrent pour dit et joignirent leurs voix à celles des
fidèles qui entonnaient un chant de Noël.
    La
fête passée, il leur fallut faire face à un problème quand, au moment de
partir, Mortimer vint leur faire ses adieux et réclamer Florent qu’il devait
emmener : le duc n’autorisait aucun Français à demeurer dans son
entourage. Le garçon pleura, pria, supplia, mais rien n’y fit, jusqu’à ce que l’Écossais
lui déclarât de sa voix tranquille :
    – On
vous fait beaucoup d’honneur en vous traitant en homme. Après tout, je peux
peut-être obtenir du duc qu’il laisse le gamin pleurnicheur que vous êtes dans
les jupes des dames ?
    Ce fut
magique. Florent devint très pâle puis alla faire son baluchon. Quand il revint
en silence saluer Fiora et Léonarde, il leur lança un regard si désespéré que
la vieille fille, une fois le garçon parti, s’exclama :
    – Ce
Mortimer est assommant mais, au moins, il n’est pas amoureux de vous,
contrairement à tant d’autres – et vous n’imaginez pas comme je trouve cela
reposant...
     

CHAPITRE XII LES TROMPES DE
LA MORT
     
     
     
    Les
tourbillons de neige balayaient le col de Jougne où la trace du chemin ne se
voyait presque plus. Depuis que l’on avait quitté Pontarlier et le fort château
de Joux où le sire d’Arbon, qui le tenait pour le duc, avait reçu son maître en
mettant sa cave et son garde-manger au pillage, le vent s’était levé jusqu’à
devenir tempête tandis que l’armée montait péniblement vers la ligne de faîte
entre le Rhône et le Rhin.
    L’armée ?
En fait c’était un monde qui s’étirait interminablement sur la route
jurassienne. Cela évoquait l’Exode car, outre les vingt mille hommes de troupe
sous divers capitaines, il y avait des centaines de chariots transportant les
tentes et les pavillons d’apparat, les tapisseries, les coffres de joyaux, les
vêtements somptueux, les manuscrits, l’argenterie, l’argent monnayé, le
fabuleux trésor qui composait la chapelle ducale avec les statues d’or des
douze apôtres, les châsses et les objets de culte, tous précieux, sans compter
les prêtres et les chantres, enfin tout l’attirail de la Chancellerie avec ses
gratte-papier et son chancelier Hugonet, les meubles et encore bien d’autres
choses... Tout cela destiné à démontrer, non seulement aux Suisses mais à l’Europe
entière, que la puissance, la force et l’organisation bourguignonnes étaient
sans rivales au monde ; D’ailleurs, dans l’esprit du duc Charles,
cette guerre qu’il entamait devait être rapide et sans appel : une simple
expédition punitive destinée à asseoir sa puissance plus solidement que jamais.
    En
haut du col, les pieds dans la neige, le Téméraire regardait défiler ce train
immense qui faisait chanter son orgueil. Il n’était plus le duc de Bourgogne,
il était Hannibal franchissant les Alpes en plein hiver et peu lui importait qu’il
s’agît du Jura ! Son seul regret était sans doute qu’il n’y ait pas le
moindre éléphant...
    Il
était là depuis des heures, insensible aux bourrasques de neige et au vent
coupant, contemplant avec avidité cette affirmation de sa souveraineté que
traduisaient les bannières, pennons et oriflammes. Ceux qui passaient devant
lui s’efforçaient de les tenir droits et de redresser l’échine en dépit de la
tourmente. Et apparemment, il n’était pas question qu’il quittât la place...
    A son
côté, son frère Antoine et, un peu en arrière, emmitouflés jusqu’aux yeux, ceux
dont il faisait sa société habituelle depuis que l’on était sortis de Nancy :
l’ambassadeur milanais Jean-Pierre Panigarola, et enveloppé d’un grand manteau
doublé de martre, les cheveux entièrement cachés par un vaste chaperon de
velours rubis, un mince jeune homme qui n’était autre que Fiora. On avait dû
laisser à Salins Olivier de La Marche, atteint de dysenterie.
    La
veille du jour où l’on allait quitter Nancy, c’est-à-dire le 10 janvier, le
Téméraire avait appelé auprès de lui la jeune femme, tout à fait remise de sa
blessure. Il l’avait reçue seul à seule dans son cabinet d’armes où il
examinait un nouveau type d’arbalète qu’un armurier allemand lui avait

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