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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’Hésiode, l’enchantait d’autant
plus qu’il savait parfaitement que c’était une femme ravissante et qu’il appréciait
les filles d’Eve en amateur éclairé de la beauté sous toutes ses formes.
    – Vous
devriez être florentin, lui dit un soir Fiora en riant. Je crois que vous en
avez les qualités et peut-être les défauts...
    – Je
me trouve fort bien d’être milanais, encore que notre ville ne se puisse
comparer à la cité du Lys Rouge. Néanmoins, j’avoue que je vous envie le
seigneur Lorenzo ! Quelle intelligence ! quelle profondeur de vues !
Je ne vois guère que le roi de France pour lui être comparé...
    – N’admirez-vous
donc pas Monseigneur Charles ? Panigarola hocha la tête et se mit à
contempler d’un air songeur la coupe de précieux verre de Venise emplie de vin
à travers laquelle les flammes d’un chandelier faisaient scintiller des rubis :
    – Il
me fascine et il m’effraie. Il est le dernier représentant d’une époque
révolue, d’une race en voie de disparition. Le dernier féodal, le dernier
chevalier peut-être, l’élève de Jacques de Lalaing toujours captif des exploits
de ce paladin errant qui usa sa vie à courir l’Europe pour y rompre des lances
en joutes et tournois et se mesurer aux meilleures épées connues. La vie de
chaque jour avec ses contraintes, ses petitesses aussi lui échappe complètement.
Il a été trop riche et trop puissant trop tôt... Il ne s’est jamais soucié de
ses peuples destinés seulement, selon lui, à produire richesse et puissance
guerrière et il est triste de penser que de l’énorme fortune léguée par son
père, le duc Philippe, il ne reste rien à l’exception des joyaux et des objets
précieux...
    – Rien ?
Je sais qu’il lui arrive de faire appel à des banques étrangères, mais je ne
pensais pas... ?
    – Qu’il
en était là ? Malheureusement si. Il vit dans un rêve de gloire et d’hégémonie
quasi européenne car il se veut le plus grand capitaine de son temps. Malheureusement
pour lui, il est affronté à un roi qui est peut-être l’homme le plus
intelligent et le moins pourvu de scrupules qui soit. Le superbe bourdon doré
pourrait bien se prendre dans la toile que tisse patiemment « l’universelle
aragne »...
    -Mais le
roi Louis n’a-t-il pas signé la trêve de Soleuvre ?
    – Bien
sûr que si, mais vous ne vous imaginez pas qu’il se tient tranquille pour
autant ? Certes, ses troupes ne bougent pas des frontières et il a refusé
d’aider le duc de Lorraine pour ne pas renier sa signature de façon trop
évidente, mais il fait la guerre autrement.
    – Comment
cela ?
    – La
fille de Francesco Beltrami... que j’ai eu le plaisir de connaître, devrait me
comprendre aisément car la guerre du roi Louis est une guerre économique. Il a
certes une puissante armée, mais c’est son or qu’il fait marcher et soyez
certaine que les Suisses que nous allons attaquer étourdiment en ont reçu une
bonne part. En outre, Louis anémie le commerce flamand et les foires
bourguignonnes par une concurrence systématique. Ses navires détournent les
bateaux génois et vénitiens des ports bourguignons d’Anvers et de l’Écluse qui
approvisionnent Bruges, ce qui enrage les Flamands. Il interdit les expéditions
de blé. Sa main est partout... Il a réussi à réconcilier Sigismond d’Autriche
et les Cantons, cependant ennemis farouches jusque-là. Il a renvoyé, toujours
avec de l’or, les Anglais hors de France...
    – Il
n’y avait pas que de l’or. Il y avait du vin et des victuailles...
    – Je
sais. Les Parisiens en ont même fait une chanson.
     
    J’ai
vu roi d’Angleterre Amener son gros ost Pour la française terre Conquérir bref
et tôt Le roi voyant l’affaire Si bon vin leur donna Que l’autre sans rien
faire Content s’en retourna
     
    – Inutile
d’ajouter que Monseigneur Charles a trouvé proprement scandaleuses et la
chanson et la manière de se débarrasser d’un ennemi, ajouta Panigarola en
riant...
     
    Grâce
à lui, ce soir-là, Fiora ne s’abandonna pas trop aux regrets et au
désenchantement qui ne pouvaient que l’assaillir : il y avait un an tout
juste qu’elle avait mis sa main dans celle de Philippe et s’était unie à lui en
croyant fermement que c’était pour toujours. Mais la fin de la nuit fut plus
pénible car en dépit de la fatigue d’une journée de cheval par un temps
affreux, elle ne réussit pas à trouver un seul

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