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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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douloureux ?
    Marguerite,
en effet, se tordait à présent sur son lit. Elle tenait ses mains au-dessus d’elle
comme si elle soutenait un ventre devenu beaucoup plus gros et elle poussait d’affreux
gémissements.
    – On
dirait, fit Léonarde d’une voix blanche, qu’elle est en train d’accoucher ?
...
    Et, se
laissant tomber à genoux, elle se mit à prier...
    – Ne
pourrait-on pas, murmura Fiora, l’empêcher de revivre toute cette souffrance ?
    Démétrios
posa ses mains sur celles de la jeune femme en appuyant doucement...
    – A
présent, dit-il, l’enfant est né... vous êtes délivrée. Instantanément, 
Marguerite  s’apaisa.  Un  sourire émerveillé illumina son visage. On put la
voir tendre ses mains vers un bébé imaginaire, le prendre contre sa poitrine,
le bercer doucement, l’embrasser. Ce bonheur serein, étendu sur ce petit visage
émacié, avait quelque chose de poignant... Mais, soudain, ce fut le drame.
Épouvantés, les spectateurs virent Marguerite serrer ses bras contre sa
poitrine avec une expression terrifiée et farouche tout à la fois, comme si une
affreuse menace s’abattait sur elle. On la vit lutter de son mieux mais elle
était sans doute vaincue d’avance. Et tout à coup, elle cria d’une voix
enrouée, comme rouillée :
    – Mon
fils ! Rendez-moi mon fils ! ... Vous ne pouvez pas le prendre !
C’est mon enfant... ayez pitié !
    Elle
ouvrait la bouche pour pousser un cri qui aurait dû être inhumain, mais déjà
Démétrios avait imposé ses mains sur la tête de la malheureuse et ordonnait :
    – Ne
criez pas, Marguerite ! Tout est fini... Ne pensez plus à cet instant où
vous avez atteint le sommet de la souffrance humaine. Vous n’avez pas eu ce
cri... Vous pouvez encore parler... N’est-ce pas que vous pouvez encore parler ?
    Encore
haletante et couverte de sueur, la jeune femme ressemblait à une naufragée qui
vient d’atteindre une plage après une lutte épuisante. Fiora voulut la prendre
dans ses bras mais, d’un geste, Démétrios la cloua sur place...
    – Répondez-moi,
Marguerite ! Pouvez-vous parler, Dites : Je le peux...
    – Je...
le peux...
    La
voix était faible, rocailleuse, mais cependant nette.
    – C’est
bien, dit Démétrios. A présent, reposez-vous ! Vous avez fourni un effort
terrible mais le mal est vaincu... Dans un instant je vais vous réveiller. Vous
ne vous souviendrez plus d’avoir revécu ce martyre et vous pourrez maintenant
parler tout à votre aise à ceux qui vous entourent et qui vous aiment. Vous m’avez
entendu ?
    – Oui...
j’ai entendu.
    – Alors,
je vais donc vous rappeler parmi nous. Vous vous éveillerez quand je prononcerai
votre nom. Attention ! Marguerite, ouvrez les yeux !
    Et les
yeux s’ouvrirent en effet sur un regard un peu égaré qui se tourna d’abord vers
le visage attentif du médecin puis ceux émerveillés de Fiora et de Léonarde que
la lumière jaune découpait sur l’obscurité de la chambre. Un peu plus loin,
Esteban, d’une main qui tremblait, rallumait le chandelier. Fiora s’approcha de
Marguerite et l’embrassa :
    – Vous
êtes guérie, mon amie. Votre voix est revenue.
    – Ma
voix ? ... C’est vrai... Oh ! que s’est-il passé ? Il me semble
que je viens de faire un rêve... un rêve effrayant...
    – Ce
n’était qu’un rêve mais les forces maudites qui tenaient votre voix prisonnière
ont été vaincues. Désormais vous êtes et serez comme tout le monde et nous
pourrons parler ensemble !
    Esteban
qui s’était absenté un instant revint avec un pot et des gobelets.
    – Après
ce que nous venons de vivre, je pense que nous avons tous grand besoin d’un peu
de vin. Vous êtes aussi exténué que votre patiente...
    S’étant
laissé tomber sur une bancelle auprès du lit, Démétrios en vérité semblait
infiniment las, et son visage était d’une pâleur de cire. Aussi accepta-t-il
volontiers le gobelet que lui tendait son serviteur et le but lentement,
presque voluptueusement. Léonarde s’empressait auprès de Marguerite pour
changer sa chemise trempée car elle ne demandait qu’à dormir, Fiora s’approcha
de son vieil ami :
    – Tu
as accompli un miracle, Démétrios... D’où tires-tu cette étonnante puissance
que je t’ai déjà vu employer par deux fois, sur la Virago et sur cette
misérable Hieronyma ? Tu les endormais pour leur donner des ordres mais,
cette fois, tu as obtenu que Marguerite retrouve la

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