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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Comment ? Pourquoi ?
Autant de questions sans réponse possible puisqu’il était défendu d’interroger
un roi... Celui-ci d’ailleurs mit fin à ses vaines interrogations en reprenant,
sur un ton tout différent :
    – Nous
avons connu, jadis, messire Beltrami, votre père et nous avions de l’estime
pour lui car c’était un homme droit, honnête et généreux, et c’est avec peine
que nous avons appris sa fin tragique et les pénibles événements qui l’ont
suivie... Nous savions déjà que le seigneur Lorenzo de Médicis possédait un
beau talent de poète mais nous ignorions que sa plume pût atteindre à ce degré
d’évocation lyrique quand il nous a décrit les malheureux événements dont vous
avez été victime, donna Fiora, ajouta le roi avec un mince sourire. En vérité
le grand Homère n’eût pas fait mieux !
    – Monseigneur
Lorenzo m’avait pourtant promis de ne point parler de moi, protesta Fiora qui
venait de comprendre d’où Louis XI tenait cette ahurissante possession de ses
secrets.
    – Sans
doute a-t-il changé d’avis. Peut-être dans le but de vous protéger malgré vous ?
De toute façon, il nous connaît trop bien pour ignorer qu’en toutes choses nous
voulons tout savoir de ceux qui sont appelés à nous approcher. Cette exigence a
le mérite d’éclairer les situations, d’éviter les mensonges et de nous épargner
des explications aussi filandreuses qu’embrouillées. Nos relations en seront
simplifiées. Qu’en pensez-vous ?
    – Que
le roi a raison, sans conteste, mais que je ne m’en trouve pas moins gênée...
    – Pâques-Dieu,
madame ! Nous vous parlons franc et clair. Tâchez de nous payer de la même
monnaie et faites-nous grâce des minauderies et afféteries féminines. D’après
ce que nous savons de vous, vous êtes courageuse. Ne changez pas ! ... Et
ne prenez pas cette mine contrite ! Dites-nous plutôt comment il se fait
que vous ne soyez pas sûre d’être Mme de Selongey ?
    Un peu
soulagée malgré tout de pouvoir s’avancer sur un terrain plus stable, Fiora,
aussi simplement que si cet inconnu eût été son confesseur, raconta sa
malheureuse visite au château de Philippe et le surcroît de douleur et de
colère qu’elle en avait recueilli. Louis XI l’écoutait sans rien dire, marchant
la tête un peu penchée et les mains nouées derrière son dos.
    – Ainsi
donc, fit-il quand elle se tut, messire de Selongey se serait rendu bigame en
vous épousant ? C’est là une faute très grave doublée d’un sacrilège et
qui mérite l’échafaud.
    – Je
n’ai aucune raison ni aucune envie de défendre cet homme, sire, mais après la
colère m’est venue la réflexion. Peut-être, me croyant morte, n’aura-t-il
épousé cette Béatrice que depuis peu ?
    Le vif
regard que le roi lança à la jeune femme contenait de la surprise et quelque
chose qui ressemblait à de la sympathie.
    – C’est
une qualité rare qu’être capable de raisonner ainsi avec son propre cœur !
Quels sont vos sentiments envers Selongey ?
    – En
vérité, je n’en sais rien. Il y a des moments où je crois l’aimer encore, d’autres
où je le hais autant et plus même que je ne hais son maître, ce duc aux armes
duquel il m’a sacrifiée ! cet arrogant Téméraire que nous nous sommes juré
d’abattre, Démétrios Lascaris et moi !
    Un
éclair vite éteint sous la paupière pesante traversa le regard du roi :
    – Vous
avez juré d’abattre Charles de Bourgogne ? Pourquoi ?
    – Si
le duc Philippe vivait encore, nous eussions décidé sa perte car le père et le
fils sont coupables pour nous à part égale. J’exècre ce duc impitoyable qui n’a
pas eu pitié de la jeunesse de mon père, l’authentique, ce duc auquel messire
de Selongey m’a sacrifiée. Quant à messire Lascaris, il lui reproche la mort de
son jeune frère et la fausse espérance d’un secours entretenue par les Grecs à
présent morts ou esclaves...
    Louis
XI fit demi-tour pour revenir sur ses pas. Les chiens suivirent docilement.
    – Selon
la règle une femme ne pouvant résider dans cette abbaye, Commynes va vous
conduire à Senlis où vous retrouverez votre ami. Je l’ai fort en estime car c’est
un grand médecin et je compte me l’attacher ainsi que le souhaitait le seigneur
Lorenzo. Mais vous, donna Fiora, si je vous proposais de me servir, accepteriez-vous ?
    – Si
le roi me permet d’accomplir la vengeance jurée, je n’aurai aucune raison

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