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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fit-il.
    La
forêt venait de s’ouvrir en deux comme un rideau de théâtre devant ce qui
semblait être une ville en réduction : derrière des murs de hauteur
moyenne, on apercevait les hautes fenêtres fleuronnées d’un palais surmonté de
girouettes d’or et d’azur, la splendeur flamboyante d’une église. Les tours
inachevées étaient encore prisonnières d’un lacis d’échafaudages et les
ardoises neuves brillaient telles des plaques d’acier bleu. Une grande
bannière, longue flamme dont l’outremer fleurdelisé d’or s’écartelait d’une
croix blanche bougeait doucement au sommet de sa hampe dorée sur le plus haut
pignon de l’édifice.
    – L’abbaye
de la Victoire, annonça Commynes. Le roi de France aime à y résider...
    – Comme
c’est beau ! soupira Fiora, sincère. Et quel beau nom : la Victoire !
    – L’origine
en est simple : l’an 1214, alors que, le vingt-septième jour de juillet,
le roi Philippe-Auguste venait de l’emporter à Bouvines sur l’empereur allemand
Othon, il envoya vers son fils, le prince Louis, un messager porteur de la
grande nouvelle. De son côté, celui-ci, encore tout bouillant du succès qu’il
avait remporté à la Roche-aux-Moines sur le roi Jean d’Angleterre, dépêchait à
son père un messager. Les deux chevaucheurs se rencontrèrent dit-on à cet
endroit précis et, quelques années plus tard, le roi ordonna la fondation d’une
abbaye qui fut confiée à douze chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin
venus de l’abbaye de Saint-Victor à Paris. Richement dotée, elle devint ce que
vous voyez : une noble demeure digne du Seigneur Dieu...
    – Sont-ce
des anges qui la gardent ? Aux ailes près, ils ressemblent à une statue de
Monseigneur saint Michel que j’ai souvenance d’avoir vue...
    Splendides
en effet sous leurs armures blanches étincelantes sur lesquelles flottaient les
cottes d’armes qui restituaient en plus petit la bannière royale, coiffés de
grands bonnets plats que de longues plumes de héron agrafées de médailles d’argent
relevaient d’un côté, à pied ou à cheval, les plus beaux soldats que Fiora ait
jamais vus montaient, de part et d’autre du haut portail, une garde vigilante.
Commynes se mit à rire :
    – Ce
ne sont pas des anges, loin de là ! Vous voyez ici, madonna, la célèbre
Garde Ecossaise du roi Louis qui compte dans ses rangs quelques-uns des
meilleurs guerriers du monde. Ils ne connaissent ici-bas que deux lois : celle
du roi auquel ils ont juré fidélité et celle de l’amour susceptible et
intransigeant qu’ils vouent à leur honneur et à leur lointaine patrie...
    Les
voyageurs avaient été aperçus. Un cavalier galopait vers eux et Commynes cria :
    – Salut
à vous, Robert Cunningham ! Je ne vous amène que des amis. Le roi attend
cette jeune dame... et les fûts de vin qui nous suivent.
    – Les
caves sont déjà prêtes à les recevoir. Quant à l’escorte, elle va pouvoir se
rafraîchir, et prendre un peu de repos avant de regagner Paris. Mais vous,
messire, vous n’avez pas besoin d’introducteur.
    Après
avoir salué courtoisement Fiora, en tentant toutefois de percer le léger
mystère du voile dont elle aimait à s’envelopper la tête pour voyager, l’Écossais
fit volter son cheval et prit la tête de la file de haquets. L’un après l’autre,
les chariots et ceux qui les gardaient franchirent la porterie du monastère
sous l’œil intéressé des archers de garde.
    – A
nous, à présent ! fit Commynes avec enjouement. Je gage que notre sire
sera positivement ravi de vous voir, madonna...
    Au-delà
du haut portail ogival au fronton duquel des anges agenouillés aux ailes
immenses semblaient protéger les armes de France, les voyageurs découvrirent un
vaste espace couvert d’herbe fraîchement coupée qui formait un joyeux tapis
pour les bâtiments abbatiaux et pour le jaillissement d’une admirable église de
pierre blanche. Immaculés aussi les grands lévriers aux colliers de cuir
cloutés d’or qui s’ébattaient sur la pelouse autour d’un homme qui devait être,
selon Fiora, un valet de chiens. Maigre et de taille moyenne, vêtu d’une
tunique courte de petit drap gris serrée à la taille par une ceinture de cuir,
les chausses disparaissant dans de hautes bottes souples de daim gris, il
portait sur un bonnet rouge qui lui cachait les oreilles un chapeau de feutre
noir relevé par-derrière et sur la coiffe duquel des

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