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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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poudreux ? ...
    – Venez
vous rafraîchir dans ma chambre, proposa courtoisement Démétrios, et si vous
souhaitez dormir ici...
    – Excellente
idée ! Je rejoindrai l’abbaye demain à l’aube. L’important est d’être là
quand le roi sortira de la messe.
    En
dehors de la sympathie que lui inspirait Commynes, Fiora, tout en faisant
disparaître la poussière de la route et en enfilant sa robe de lin brodée de
feuilles vertes, s’avouait que son invitation à souper n’était pas entièrement
dénuée d’arrière-pensée. Conseiller privé et très écouté de Louis XI, le sir d’Argenton
devait savoir à quoi s’en tenir au sujet de Philippe et la jeune femme voulait
apprendre à tout prix ce qui s’était passé. Elle s’en voulait d’éprouver tant d’angoisse
pour le sort d’un homme qu’elle s’efforçait de chasser de son cœur, mais ce
même cœur, sourd à toute raison, à toute sagesse et même à toute rancune ne
voulait savoir qu’une chose : Philippe serait peut-être mort demain. Et
cette idée lui était insupportable. Si Philippe ne respirait plus quelque part
dans le monde, fût-ce au bout de la terre, Fiora savait bien qu’il manquerait
quelque chose à sa propre vie. Amour ou haine, les deux extrêmes des sentiments
humains mettaient dans une existence la pincée sel, de poivre et d’épices qui
en font toute la saveur... Il fallait que messire de Selongey continuât d’exister !
    Durant
tout le début du repas, Fiora sut retenir les questions qui lui brûlaient les
lèvres pour ne pas rompre le plaisir de son invité. Tout en dégustant une
tourte aux poireaux et à la crème, des écrevisses de la Nonette et une carpe
farcie provenant d’un étang voisin, Commynes et Démétrios parlaient de toutes
sortes de choses en hommes qui se connaissent déjà et s’apprécient. En dépit de
son jeune âge, le seigneur d’Argenton possédait une belle culture et, surtout,
adorait parler politique. Il approuvait fort Louis XI de refuser le conflit
ouvert avec le roi anglais. Ses troupes se contentaient d’accompagner les
marches et contremarches d’un ennemi qui, visiblement, hésitait à engager le
combat. Certes, l’armée anglaise était belle, bien armée et ses fameux archers
n’avaient rien perdu de leur adresse mais, depuis le débarquement à Calais, l’envahisseur
n’avait trouvé devant lui que terre brûlée et villes abandonnées. Les réfugiés
d’Arras et de la région environnante, dont Louis XI avait ordonné la
destruction pour affamer l’Anglais, avaient trouvé asile, vivres et argent à
Amiens ou à Beauvais par exemple car, s’il voulait réduire l’ennemi à la
portion congrue, le roi n’entendait pas que le menu peuple eût trop à souffrir.
    – A
présent, conclut Commynes en attaquant gaillardement un jambon cuit sous la
cendre, Edouard et les siens en sont à peu près où le roi voulait les amener :
ils ont dévoré toutes leurs provisions et, comme ils ne peuvent se nourrir sur
le pays, leurs ventres commencent à sonner creux... ce qui, grâce à Dieu, n’est
pas encore notre lot ! Tâtez de ce cochon, donna Fiora, il est sublime.
Maître Auburtin s’est surpassé...
    – Le
duc de Bourgogne n’a-t-il pas ravitaillé son beau-frère quand il est venu le
rejoindre ? demanda Démétrios.
    – Il
n’avait avec lui que cinquante cavaliers et les villes de Flandres lui avaient
refusé leur aide...
    – Est-ce
à ce moment-là que le comte de Selongey a été fait prisonnier ? demanda
Fiora d’une voix qu’elle espérait paisible.
    Les
yeux des deux hommes se tournèrent vers elle mais elle ne les vit pas.
Chauffant entre ses deux mains son gobelet de vin, elle en humait l’arôme d’un
air distrait sans paraître s’apercevoir du silence qui venait de tomber.
    – C’est
un peu plus tard, répondit calmement Commynes comme si la question de Fiora s’inscrivait
tout naturellement dans le droit-fil de son récit : Sous Beauvais. Des
espions du Téméraire avaient dû apprendre que notre sire, pour se délasser un
peu l’esprit, voulait certain jour chasser la sarcelle près du Therain sans
grande escorte. Messire de Selongey s’est placé en embuscade avec quelques
hommes dans les broussailles d’une maison en ruine. Quand le roi est apparu, il
s’est jeté sur lui, l’a désarçonné et il brandissait déjà une hache d’armes au-dessus
de sa tête quand Robert Cunningham, que vous avez vu tout à l’heure et à

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