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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avec un léger haussement d’épaules.
Lorsque vous en décidez autrement, nul ne saurait entrer ici.
    – Qui
est-ce ? demanda Fiora quand la porte se fut refermée sur eux et qu’ils se
retrouvèrent dans une sorte d’antichambre meublée d’un seul coffre mais ornée
de belles tapisseries.
    – Le
barbier de notre sire. Il se nomme Olivier le Daim et il est flamand comme moi
mais il y a près de vingt ans qu’il est au service du roi et celui-ci apprécie
beaucoup ses talents d’organisateur d’une maison. Il a en charge la préparation
des voyages et déplacements et, grâce à lui, le roi retrouve toujours, où qu’il
aille, ses affaires à la même place. Il est aussi de sens subtil et ne quitte
jamais son maître. Il formerait même avec le secrétaire piémontais Alberto
Magalotti une sorte... de... conseil étroit dont notre sire ne dédaignerait
point d’écouter les avis.
    – Il
est si important avec si peu d’apparence ?
    – L’apparence
n’a aucune influence sur le roi Louis et je ne suis pas certain que le Daim ait
beaucoup de pouvoir, pourtant il convient de s’en méfier. Certains l’ont
surnommé Olivier le diable. Mais vous voici à destination.
    Après
avoir traversé une chambre d’une grande sobriété dont les plus beaux ornements
étaient certainement les chiens qui dormaient sur les tapis, Commynes fit
entrer Fiora dans le petit oratoire dont la richesse frappa la jeune femme :
tentures précieuses et panneaux peints -tous amovibles car, suivant la coutume du
temps, la chapelle du roi comme ses meubles le suivaient dans ses différentes
résidences – entouraient un autel drapé de brocart sur lequel s’élevait une
croix de pierre auprès d’une statuette d’or représentant Notre-Dame de Cléry à
laquelle Louis XI vouait une dévotion toute particulière et d’une autre, en
argent, à l’effigie de saint Michel au nom duquel le roi avait, le 1 er août 1469, fondé à Amboise un ordre de chevalerie. Le collier à coquilles de
cet ordre reposait sur la précieuse nappe d’autel, Louis XI se contentant d’ordinaire
de porter une médaille au bout d’une simple chaîne. D’autres effigies de saints
garnissaient de petites consoles au mur, certaines anciennes et une presque
neuve représentant sainte Angadresme, la patronne de la ville de Beauvais qui
avait opposé victorieuse défense aux troupes du Téméraire en 1472. La statuette
avait été offerte au souverain par l’héroïne locale, Jeanne Laisné, dite « Jeanne
Hachette », qui avait mené femmes et enfants au combat des remparts... Les
couleurs chaudes d’un vitrail faisaient vivre tous ces objets.
    – Que
c’est beau ! soupira Fiora. Voilà enfin une pièce digne du roi de France !
    – Justement
parce que c’est la seule où notre sire ne le soit plus. Il n’est ici que l’humble
serviteur de Dieu.
    – Par
saint Louis, mon aïeul vénéré, il vous arrive de dire de grandes choses,
Commynes ! fit le roi qui venait d’entrer. A présent, me laissez avec
donna Fiora mais attendez dans ma chambre...
    Il s’agenouilla
pour une courte prière et la jeune femme crut bon de l’imiter, ce qui fait qu’en
se relevant il la trouva à genoux et lui tendit la main pour l’aider à se
relever. Quand elle fut debout, il garda un instant ses doigts dans les siens,
plongeant son regard songeur dans celui de la jeune femme.
    – Alors ?
Ce moine espagnol ? D’où le connaissiez-vous ?
    – De
Florence où il tentait de saper le pouvoir de Monseigneur Lorenzo sur l’ordre
du pape Sixte qui souhaite donner notre cité à son neveu, Girolamo Riario...
    – Nous
connaissons assez bien les idées de Sa Sainteté et c’est de vous qu’il est
question.
    – C’est
une longue histoire, sire...
    Les
yeux du roi s’élevèrent vers la croix de pierre de l’autel :
    – Dieu
n’est jamais pressé. Nous non plus lorsqu’il s’agit du bien de l’Etat. Parlez !
    Sans
plus insister, Fiora entama la pénible histoire de ses relations avec Fray
Ignacio. Elle le fit aussi objectivement que possible, sans essayer de foncer
des couleurs déjà bien assez sombres. Elle savait qu’avec un homme de la trempe
et surtout de l’intelligence de Louis XI, un récit clair, exempt de toute
passion, serait mieux perçu qu’un lamento dramatique.
    – Ainsi
le seigneur Médicis a fait chasser ce moine de Florence, fit-il lorsque Fiora
se tut. Bien sûr, c’est toujours délicate entreprise que

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