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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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nouvelle inespérée de sa libération ?
Ce serait, il me semble, belle et noble vengeance ?
    – Non
sire. Je ne veux même pas le revoir pour ne point risquer de retomber sous le
charme où il m’a tenue captive. En frappant le maître qu’il chérit plus que
tout au monde, je serai mieux vengée...
    – Et
dans ce but, vous feriez... n’importe quoi ? Jusqu’à... vous donner à un
autre homme ?
    – Si
mon mariage ne fut qu’un leurre, je n’ai pas à redouter l’adultère. Que le roi
ordonne ! J’obéirai.
    – Soit.
Allez rejoindre messire Lascaris. Ce soir, vous souperez tous deux à notre
table, en petit comité, ce dont personne ne s’étonnera après ce que vous avez
accompli ce jour pour le royaume. Vous saurez plus tard, ce que vous aurez à
faire...
    S’agenouillant
à nouveau devant l’autel scintillant, Louis XI s’abîma dans une profonde
oraison. Fiora salua à la fois Dieu et le roi puis se retira à reculons...
     
    L’orage
qui avait menacé en grondant tout le jour, tournant autour de la ville et des
grandes forêts qui l’environnaient, creva quand vint le soir, déversant sur
toutes choses de véritables cataractes. Chaque rue se transforma en ruisseau et
les gouttières en autant de petites cascades. Le tonnerre fulminait de
majestueuses imprécations et les éclairs succédaient aux éclairs... Il n’y
avait plus âme qui vive dans les rues. Seuls, les soldats de garde aux remparts
recevaient la douche stoïquement. Après l’étouffante chaleur qui rendait les
armures si pesantes, l’énorme averse devait être délicieusement
rafraîchissante.
    Posté
derrière la fenêtre de sa chambre, le roi Louis considérait l’orage avec
satisfaction : il songeait à son « bon frère », le roi Edouard
IV d’Angleterre qui, le ventre creux et les pieds dans l’eau, devait attendre
avec quelque impatience à présent la conclusion de l’accord secret que lord
Howard et John Cheyney étaient venus six jours plus tôt établir avec lui. Ces
deux-là, dont il était convenu qu’ils resteraient comme otages jusqu’à ce que l’armée
anglaise eût repassé la mer, étaient les seuls qui ne devaient pas souffrir
beaucoup de la faim : avant de les renvoyer à leur maître, on les avait
nourris et abreuvés royalement, circonstance qui devait donner quelque chaleur
à leurs propos...
    – Les
Anglais doivent nous attendre comme le messie ! déclara le roi en se
frottant les mains. Tant d’eau et pas une goutte de bière ou de vin pour se
remonter le moral...
    – Espérons
tout de même que la pluie cessera de tomber d’ici demain. Si c’est toujours
demain que nous partons pour Amiens ? dit Commynes.
    – Bien
sûr que nous partons demain. L’entrevue avec Edouard est prévue pour le 29 de
ce mois à Picquigny et nous avons d’ici là beaucoup de choses à mettre au point.
    Demain
aussi, j’ordonnerai à Tristan Lhermite, notre Grand Prévôt, de remettre en
liberté le sire de Selongey et de le faire accompagner, sous bonne escorte
jusqu’à Vervins. Là on le relâchera en lui faisant savoir que le Téméraire est
à Namur. Il le rejoindra ainsi sans peine...
    – Vous
libérez cet homme qui a voulu vous tuer ? Sire, est-ce bien raisonnable ?
    – Donna
Fiora m’a sauvé la vie et c’est sa liberté qu’elle a demandée en récompense.
    – Pourquoi ?
C’est insensé !
    – Elle
est sa femme. C’est pourquoi j’avais voulu la voir... Allons Commynes, ne fais
pas cette tête ! En libérant ce tranche-montagne je réalise, je crois, la
meilleure affaire de ma vie. Donna Fiora croit son époux bigame -et il l’est
peut-être après tout ! Elle ne sait pas au juste si elle l’aime ou si elle
le hait. Une chose est certaine : elle ne veut plus le voir. Mais ce qui
est beaucoup plus manifeste, c’est l’exécration qu’elle voue à Bourgogne dont
elle a juré la mort. Je vais lui en fournir les moyens.
    – Comment
cela ?
    – Je
vais l’envoyer à Campobasso qui est l’un des principaux chefs de guerre du
Téméraire mais qui n’a pas l’air de savoir exactement de quel côté sa tartine
est beurrée...
    – Je
vois : elle représente le petit morceau de beurre chargé d’expliquer à ce
condottiere que les vaches françaises produisent de meilleur lait et plus
abondant que les vaches bourguignonnes ?
    Louis
XI se mit à rire et assena une bonne claque dans le dos de son jeune
conseiller.
    – Il
y a plaisir à causer avec vous,

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