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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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messire Philippe... encore que votre métaphore
champêtre ne convienne guère à pareille beauté. On dit Campobasso fort porté
sur les dames et celle-ci, merveille, vient d’Italie, comme lui.
    – Ne
va-t-elle pas courir de bien grands périls ? Pour rejoindre le Napolitain,
il va lui falloir traverser des régions infestées de soldats ? Elle est
jeune... et fragile pour être ainsi lancée dans une fournaise, ajouta Commynes
gravement.
    Si
gravement même que le roi fronça les sourcils.
    – Pâques-Dieu,
mon compère, tu es en train de tomber amoureux ? Souviens-toi que ton cœur
appartient tout entier à dame Hélène, ta gracieuse épouse. La belle Florentine
n’est pas pour toi.
    – Vous
préférez en faire don à ce reître ?
    – Eh
oui ! Rarement j’ai eu en main si belle arme et si bien trempée. Rassure-toi,
elle sera protégée... A présent, allons remercier Dieu de toutes les bontés
dont il nous comble et puis mettons-nous au lit. Demain, avant de partir, je
verrai donna Fiora pour lui donner mes instructions.
    – Si
elle réussit, que ferez-vous pour elle ?
    – Au
lendemain de la mort du Téméraire, elle pourra demander ce qu’elle voudra. En
outre, je lui destine certain petit château entouré d’une belle terre qui n’est
point éloigné de notre manoir de Plessis-lez-Tours...
    – Doux
Jésus, sire ! fit Commynes scandalisé. Vous ne songeriez pas à en faire...
    – Notre
maîtresse ? ... Hé, hé ! ... Ce n’est pas l’envie qui nous en
manquerait mais nous avons juré de ne plus toucher autre femme que Madame la
Reine et c’est un serment que nous entendons respecter. Néanmoins, le voisinage
d’une fille d’Eve à la fois belle et intelligente est un plaisir qu’un honnête
roi peut s’accorder. D’autant que le pays de Loire est bien le cadre idéal pour
tant de grâce et de charme.
    – J’en
demeure d’accord, sire, mais... Selongey, bigame ou pas, dans tout cela ?
    – Il
faut espérer que, si le Téméraire trépasse, son plus fidèle chevalier n’aura
pas le mauvais goût de lui survivre. Et nous pourrions alors envisager de
marier sa veuve à quelque fidèle serviteur...
    – Qui,
bien sûr, ne serait pas moi ! grogna Commynes. -Me prendriez-vous pour le
Grand Turc, mon ami ?
    Je
vous ai déjà marié... et fort bien marié. Ne pleurez pas !
    Poussant
une collection de soupirs qui en disaient long sur ce qu’il pensait des projets
de son maître touchant la belle Fiora, le sire d’Argenton s’en alla coucher non
sans avoir prié son valet d’aller lui chercher en cuisine quelques tranches de
pâté ou de venaison escortées d’un flacon de vin. Les peines de cœur lui
donnaient toujours faim...
     
    Le
soleil ne reparut pas le lendemain. Il demeura caché derrière d’épais nuages
sombres, tellement tristes qu’ils ne pouvaient s’empêcher de verser, de temps
en temps, quelques pleurs en forme de crachin qui détrempaient peut-être plus
sûrement que les trombes d’eau de la veille... Cela n’arrangeait pas les
chemins dont certains se transformaient en fondrières, mais le roi Louis n’en
ordonna pas moins le départ en direction d’Amiens où Tanneguy du Châtel, qui y
commandait d’importants effectifs, l’avait précédé.
    Debout
sur le rempart à la porte nord de la ville, Fiora, enveloppée d’une mante noire
à capuchon qui la préservait de la pluie, regardait défiler le train du roi, s’émerveillant
de la puissance qu’avait su réunir ce petit homme aux yeux vifs qui menait son
royaume avec la sûreté de main d’un bon cocher, sans paraître se soucier des
fondrières que creusaient sous les roues de son char les grands féodaux encore
acharnés à se tailler la plus grosse part d’un gâteau en forme d’étoile qui s’appelait
la France. Il est vrai qu’il disposait pour cela d’une puissance nouvelle et
encore inconnue : une armée permanente, née des Compagnies d’Ordonnance
créées par son père et qu’il avait su mener à un point de perfection rare.
Cette armée se composait de quatre mille lances – la lance étant une unité
tactique formée d’un homme d’armes, de son page, de son coutillier, de deux
archers et d’un valet d’épée – s’ajoutaient la Garde Ecossaise et la Garde
Française. Outre cela, vingt mille francs – archers et artilleurs, plus six
mille gens d’armes fournis par les seigneurs français. Sans oublier les canons,
la redoutable artillerie dont les

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