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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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il pria Beaurevers de lui prêter une dague et une épée. Celui-ci choisit dans une admirable collection une longue et forte rapière ainsi qu’une excellente dague, et les lui donna en le priant de les garder pour l’amour de lui.
    Ferrière remercia et déclara qu’il lui fallait sortir séance tenante.
    « Sans indiscrétion, vicomte, peut-on vous demander où vous allez de ce pas ?
    – Au Louvre, répondit simplement Ferrière.
    – Malgré ce que je vous ai dit hier ! s’écria-t-il.
    – Écoutez, chevalier, dit Ferrière avec douceur, supposez un instant que vous êtes à ma place… supposez que M me  Florise, votre douce et noble fiancée, soit à la place de Fiorinda… Que feriez-vous ?…
    – C’est juste… Je ferais ce que vous allez faire… »
    Ferrière partit.
    Beaurevers sortit presque sur ses talons. Et il se mit à le suivre de loin.
    Lorsque, quelques instants plus tard, on vint dire à Catherine que M. le vicomte de Ferrière sollicitait l’honneur d’une audience particulière, elle fut si stupéfaite qu’elle se fit répéter le nom et le titre, croyant à une erreur.
    Sous son masque d’impassibilité, une colère effroyable grondait en elle. Et elle grinçait intérieurement.
    « Ainsi, ce misérable Beaurevers a réussi à délivrer son ami !… Mais comment, comment ?… L’ordre était clair et formel… Comment s’y est-il pris ?… Comment se fait-il que je ne sois pas avisée ? Que fait donc ce gouverneur de la Bastille à qui j’avais donné mes instructions ?… Et celui-ci, que vient-il faire ici, pas plus tôt libre ?… Me narguer sans doute… Ces hommes sont vraiment extraordinaires !… Et ce Beaurevers, moi qui croyais l’avoir maté !… »
    Et tout haut, avec une sourde menace dans la voix :
    « Eh bien, vicomte, votre ami M. de Beaurevers vous a fait ouvrir les portes de la Bastille ?
    – Oui, madame, dit simplement Ferrière, et, vous le voyez, je viens aussitôt prendre vos ordres.
    – Vous dites ?…
    – Je dis, madame, que j’ai appris que les portes de ma prison se sont ouvertes contre le gré de Votre Majesté. Alors, comme je vous ai engagé ma parole de me tenir à votre disposition, je suis venu et je vous dis : Votre Majesté veut-elle que je retourne me constituer prisonnier à la Bastille ? Préfère-t-elle me désigner une autre prison ? J’irai là où il plaira à la reine de m’ordonner d’aller, puisque je suis son prisonnier.
    – Ainsi, monsieur, dit-elle, vous êtes venu loyalement vous mettre à ma disposition… alors qu’il vous était si facile de disparaître.
    – Un Ferrière est l’esclave de sa parole, madame, dit Ferrière en se redressant.
    – Oh ! complimenta Catherine, ce que vous faites là est très beau… mais ne me surprend pas de vous.
    – J’attends les ordres de la reine, prononça froidement Ferrière.
    – J’estime qu’on doit bien quelques égards à un gentilhomme qui agit aussi noblement que vous venez de le faire. Il ne saurait plus être question de vous incarcérer dans une geôle quelconque. Je vous ai trouvé une prison digne de vous. »
    Elle le laissa un instant en suspens, et acheva :
    « Vous demeurerez ici.
    – Au Louvre ! s’écria Ferrière agréablement surpris.
    – Au Louvre, oui, dit-elle. Je prends cela sur moi… Je m’en arrangerai avec le roi. »
    Ferrière s’inclina en signe de remerciement. Et il fit le geste de déboucler la rapière et la dague que Beaurevers venait de lui donner. Mais Catherine l’arrêta en disant avec une certaine vivacité :
    « Non pas, gardez vos armes, monsieur. Ici, vous êtes prisonnier sur parole… Nous savons maintenant que cette parole vous garde mieux que ne pourraient le faire les murailles les plus épaisses et les geôliers les plus vigilants du monde. »
    Ferrière reboucla son épée avec une satisfaction visible.
    Catherine reprit en le fixant d’un air aigu et en insistant sur les mots :
    « Prisonnier de fait, vous devez avoir l’air d’être libre. N’oubliez pas cela qui est important. Personne, vous m’entendez, monsieur, personne ne doit soupçonner que le Louvre est votre prison, l’appartement que je vais vous faire préparer, votre cachot. C’est entendu, n’est-ce pas ?
    – Madame, dit Ferrière, en se redressant, vous aviez déjà ma parole. Il est inutile d’y revenir. »
    Et à son tour, la regardant droit dans les yeux :
    « Madame, je me permets de

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