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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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que, puisque Ferrière est à la Bastille à cause de moi, je me dois à moi-même et je lui dois de l’en sortir. Cela ne vous semble-t-il pas juste, madame ?
    – Tout à fait », sourit Catherine.
    Et elle ajouta :
    « Tirez-le de là si vous pouvez.
    – Je vais m’y employer de mon mieux, fit Beaurevers qui paraissait peu sûr de lui. Le malheur est qu’on ne sort pas aisément de la Bastille… c’est tout une affaire. »
    Catherine, qui le voyait indécis, flottant, eut un mouvement des épaules comme pour dire :
    « Je n’y puis rien. »
    « Vous y pouvez beaucoup, au contraire, madame, dit Beaurevers qui souriait maintenant d’un de ses sourires railleurs. Ferrière est à la Bastille sur vos ordres. J’ai appris que seul un ordre signé de votre main pourra faire ouvrir les portes de sa prison.
    – Et vous avez pensé que je consentirais à signer cet ordre ? »
    Le ton sur lequel elle disait cela signifiait très nettement que jamais elle ne consentirait à signer cet ordre.
    Beaurevers ne s’y méprit pas un instant. Mais il feignit de ne pas comprendre et reprenant son air naïf :
    « Précisément, dit-il. Je me suis dit : Sa Majesté la reine a bien voulu m’assurer, à différentes reprises, qu’elle serait heureuse de s’acquitter envers moi des menus services que j’ai eu le bonheur de rendre à elle ou à sa maison. Voilà l’occasion qu’elle cherche. Sûrement, Sa Majesté, qui m’a offert des récompenses splendides, fort au-dessus de mon faible mérite, Sa Majesté sera touchée de voir que je la tiens quitte à si bon compte et que je me contente d’implorer humblement la grâce d’un homme d’ailleurs innocent de tout crime et même d’un simple méfait. »
    Il prit un parchemin qu’il avait passé à la ceinture, le déplia avec un calme extravagant et le présentant tout ouvert à Catherine, stupéfaite de tant d’audace :
    « J’étais, reprit-il, tellement sûr de la bienveillance de Votre Majesté que je n’ai pas hésité à apporter l’ordre préparé d’avance. »
    Il déposa respectueusement le parchemin ouvert devant Catherine effarée et expliqua complaisamment :
    « La reine n’a que quelques mots à ajouter de sa main et à mettre sa signature au bas. Tout sera dit. »
    Et il ajouta :
    « Je supplie très humblement Votre Majesté de m’accorder cette faveur, insignifiante pour elle, à laquelle j’attache, moi, un inestimable prix. »
    Il n’y avait rien à reprendre dans son attitude, pas plus que dans ses paroles et dans le ton sur lequel elles étaient prononcées. Tout cela était rigoureusement conforme à la plus stricte étiquette. Mais il y avait dans sa voix des vibrations qui résonnèrent désagréablement à l’oreille de Catherine.
    « Et si je refuse ? » dit-elle en le regardant en face.
    Elle bravait. Mieux : elle semblait provoquer. Peut-être le tâtait-elle pour savoir jusqu’où il était décidé à aller. Peut-être voulait-elle l’obliger à formuler nettement des menaces qui, jusque-là, demeuraient à l’état latent.
    Mais Beaurevers devait avoir son plan tracé d’avance, qu’il suivait sans en dévier d’une ligne. Il se contenta de saluer profondément, et sans qu’il fût possible de démêler s’il raillait ou parlait sérieusement :
    « La reine, dit-il, a bien voulu me donner sa parole royale à différentes reprises. Et je sais que la reine possède au plus haut point le respect de sa parole. »
    Catherine prit le parchemin, le lut et le replaça devant elle. Elle allongea la main, prit la plume et médita un long moment en mordillant les barbes et la plume d’un air rêveur.
    Brusquement, elle trempa la plume dans l’encre et écrivit rapidement quelques mots en souriant d’un sourire énigmatique. Au bas de la page et sous les mots qu’elle venait de griffonner, elle posa un double et vigoureux paraphe. Et elle tendit le papier dûment signé à Beaurevers, en disant simplement :
    « Voilà. »
    Beaurevers prit le parchemin et lut ce qui suit :
    « Mettre en liberté M. de Ferrière, impossible. Le garder à la Bastille comme convenu. – Signé :
    CATHERINE. »
     
    Beaurevers ne dit pas un mot. Pas un muscle de son visage ne bougea. Seulement, si forte et si décidée qu’elle fût, Catherine sentit un frisson d’épouvante s’abattre sur sa nuque en voyant le regard qu’il lui jetait.
    Toujours impassible, Beaurevers relut l’ordre une deuxième

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