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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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explication dans l’état de
folie furieuse où je me trouvais. Mais voici le crime… le vrai
crime ! Car, à supposer que Jeanne Mareil n’eût pas menti en
exerçant cette affreuse vengeance, à supposer que ta mère, la
baronne Clotilde, fût coupable, vous étiez innocents, tous deux,
pauvres anges qui dormiez votre sommeil si pur dans vos petits
lits… Tu avais trois ans, ma Valentine… Je levai…, oui, je levai
mon poing comme pour écraser ta pauvre petite tête ! À ce
moment, Valentine, je sentis qu’on me touchait, je me retournai
avec un hurlement comme les damnés peuvent en avoir, et je vis ton
frère, ton frère Edmond qui était réveillé, qui essayait de se
cramponner à moi, le pauvre petit, et qui joignait ses mains en
disant : « Oh ! père, vous voulez faire du mal à ma
petite sœur !… » Je demeurai immobile… Ne crois pas qu’il
y eut une détente en moi, non ! pas de détente, pas de pitié,
seulement, j’eus peur, Valentine !… Si tu es vivante, si ton
frère Edmond ne mourut pas cette nuit-là, c’est par ma lâcheté que
vous fûtes sauvés… Donc, je ne frappai pas mais, furieusement, je
me mis à habiller ton frère, puis toi. Tu t’étais réveillée, tu
pleurais, tu essayais de m’embrasser, et moi, je te repoussais.
    « Lorsque le petit Edmond et la petite
Valentine furent habillés, le baron les prit dans ses bras, et
entra dans son cabinet. Il ferma la porte et déposa les enfants sur
un canapé. À coups de poing, il défonça un secrétaire. Il avait
pourtant sur lui la clef de ce secrétaire. Lorsque le meuble fut
ouvert, il y prit une liasse de billets de banque, cinquante mille
francs, peut-être, il ne compta pas. Au loin, il entendait des
cris, des allées et venues. Alors il rouvrit la porte et appela.
L’homme qu’il appelait se nommait Barrot. C’était un serviteur de
confiance qui, pendant les absences du baron, remplissait les
fonctions de garde. Hubert grondait en lui-même :
« Barrot, c’est l’homme qu’il me faut !… » Et, en
effet, cet homme était dur, sans scrupules… il n’avait ni femme, ni
enfants et n’était pas du pays. Au bout de quelques minutes, Barrot
se présenta en disant : « Ah ! monsieur le baron,
quel malheur ! quel malheur !… – Il ne s’agit pas de
cela, lui dis-je, ou quelque chose
d’approchant : suis-moi !… » Je pris Edmond
dans mes bras. Je fis signe à Barrot de te prendre. Vous pleuriez.
Je descendis par un escalier que je savais désert. Barrot me
suivait… Bientôt nous fûmes dans le parc… Alors, je marchai à
grands pas, je marchai furieusement sans m’inquiéter des branches
qui me fouettaient, étouffant d’une main les cris d’Edmond… C’était
horrible !… et aujourd’hui comme alors, c’est horrible,
Valentine !…
    « Hubert d’Anguerrand parvint à la limite
du parc, à une petite porte qui donnait sur les champs. Barrot
avait la clef de cette porte. Sur l’ordre du baron, il l’ouvrit.
Alors, Hubert déposa à terre le petit Edmond, et fit signe à Barrot
d’en faire autant pour toi. Barrot attendait, effaré… « – Tu
vois ces deux enfants, Barrot ? – Je les vois, monsieur le
baron !… – Eh bien, ce sont deux bâtards ! » Edmond
et Valentine ne pleuraient plus. Ils vivaient une minute
d’épouvante. Ils se serraient l’un contre l’autre. Eux aussi, ils
attendaient, les pauvres petits !… Le baron sortit de sa poche
la liasse de billets de banque et la tendit à Barrot. Et il lui
dit : « – Barrot, veux-tu te charger de ces deux
enfants ? Je sens que s’ils restent ici, je les tuerai. Je
n’ose pas les tuer, tu comprends ? – Je comprends, monsieur le
baron. – Alors, tu t’en charges ? – Je m’en charge, monsieur
le baron ! – Il y a dans ce paquet une fortune. Elle est à
toi, Barrot ! – Merci, monsieur le baron ! – Écoute,
maintenant. Si jamais tu reparais par ici, ou si l’un des deux
bâtards reparaît, je te tue, comprends-tu bien ? – Je
comprends, très bien, monsieur le baron – Alors, prends les deux
bâtards, et va t’en ! Adieu, monsieur le baron !… »
Voilà l’entretien qui eut lieu. Je vivrais des siècles que
j’entendrais toujours la voix de Barrot me disant – Adieu, monsieur
le baron !… » Barrot te saisit dans ses bras pour
t’emporter… Et il saisit Edmond par la main. Moi, je rentrai dans
le parc et je fermai la porte… J’étais débarrassé des deux
bâtards !

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