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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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encore des
doutes !… Je pénétrai dans la chambre à coucher de ta mère.
Elle était étendue sur son lit, et ses femmes lui donnaient des
soins. Je les écartai. Je vis ta mère qui râlait. Depuis longtemps,
elle était minée par une maladie de cœur. Je vis qu’elle
agonisait : cette effroyable scène avait brisé les derniers
liens qui la rattachaient à la vie. Je vis cela, Valentine !
Et je ne songeai qu’à interroger ta mère mourante.
    « Oui, même dans ce moment, ce qui
parlait le plus haut en moi, c’était l’orgueil ! Je parlai
donc. Elle eut la force de me répondre. Toutes les
preuves
que m’avait fournies Jeanne Mareil, je les exposai l’une après
l’autre. Et l’une après l’autre, d’un mot, elle les anéantissait.
Quand ce fut fini, quand j’eus acquis la certitude de l’innocence
de ta mère, je jugeai que j’étais le plus misérable des hommes. Je
cherchais en moi une parole, une seule parole pour exprimer
l’horreur que je m’inspirais à moi-même, et je ne trouvais rien. Et
comme j’étais là, devant ce lit, incapable d’un geste, je vis que
ta mère faisait signe à une femme de chambre de s’approcher… Elle
semblait avoir oublié ma présence, et, lorsque j’y songe, cette
sorte d’indifférence qui paraissait alors dans l’attitude de ta
mère est une des choses les plus atroces de cette nuit. Lorsque la
femme eut obéi, ta mère, d’une voix bien faible, mais qui m’ébranla
comme un coup de tonnerre, prononça : « – Mes
enfants !… – Nos enfants ! hurlai-je. – Oui ! je
veux les voir avant de mourir. Je veux mes enfants !… »
Alors, il me sembla que j’entendais des clameurs insensées… et
c’était moi qui me ruais en criant : « Mes enfants !
Edmond ! Valentine !… Courez !… le parc !…
Barrot !… » Il me sembla tout à coup que l’escalier ou je
m’étais jeté s’effondrait, que les marches manquaient sous mes pas,
puis je ne vis ni n’entendis plus rien…
    – Pauvre femme ! répéta Lise, de sa
voix de douceur et de pitié.
    Le baron tressaillit violemment. Il
songeait :
    – Pourquoi ne dit-elle pas : pauvre
mère ? Pourquoi m’appelle-t-elle monsieur ?…
    « Tu veux que je continue ?
ajouta-t-il tout haut.
    – Plus que jamais ! dit-elle avec
fermeté.
    – Je n’ai plus maintenant que peu de
chose à t’apprendre… hasarda-t-il timidement.
    – Vous croyez ? dit Lise, non pas
avec ironie, mais avec une sombre énergie qui fit frissonner le
baron, Détrompez-vous, monsieur… J’aurai tout à l’heure quelques
renseignements à vous demander.
    – Des renseignements ? balbutia le
baron.
    – Auxquels je vous supplie de répondre.
Mais achevez d’abord… Vous voyez que je vous ai écouté avec tout le
calme possible.
    – Eh bien ! puisque tu le veux,
lorsque je revins à moi, je vis que je me trouvais dans une chambre
du château. Le jour venait. Je voulus m’élancer pour courir sur les
traces de Barrot… J’étais enfermé ! Je criai, je frappai, je
pleurai, je menaçai, et lorsqu’on ouvrit enfin, ce fut un juge
d’instruction qui se présenta à moi. Je le connaissais. Il était
venu à mes chasses. Il avait été commensal du château. Il me parla,
non comme un juge, mais comme un ami. Je pleurai longtemps. Je lui
dis tout, mais je ne parlai pas de Jeanne Mareil…
    Pour la première fois, Lise leva sur le baron
d’Anguerrand un regard attendri…
    – Tu m’approuves, n’est-ce pas ? fit
le baron avec une sorte de joie. Cette femme s’était cruellement
vengée, mais enfin je fis bien, à ton avis, de ne pas la dénoncer
comme la cause première du malheur ?…
    – Oui ! fit Lise faiblement.
    – Ma fille… ma Valentine chérie… tu ne me
hais donc pas trop ?… Je ne te fais donc pas
horreur ?
    – Continuez, monsieur, je vous en
supplie…
    – J’omis aussi, poursuivit le baron avec
un soupir, de parler de toi et d’Edmond… Je passai sous silence mon
vrai crime… le crime que j’expie depuis quinze ans ! Car si
j’avais avoué ce crime-là, si j’avais raconté que j’avais livré mes
enfants, je sentais bien que je n’avais plus rien à espérer de la
pitié des hommes, moi qui n’avais plus rien à espérer de la
clémence de Dieu… Enfin, tout le drame fut circonscrit au coup de
revolver que j’avais tiré sur Louis de Damart. Je fus laissé en
liberté provisoire. Et, pour terminer sur ce sujet, je te dirai
que, quatre mois

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