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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Alors, une chose terrible se produisit… Ces petits
ne voulaient pas se laisser emmener ! Ils résistaient !
Ils appelaient leur mère !… Et je ne bougeai pas,
Valentine ! Je ne me ruai pas pour les reprendre ! Il n’y
eut pas de pitié en moi ! Il n’y eut qu’un soulagement, te
dis-je ! Enfin, je ne les entendis plus !…
    « Lorsque Barrot eut disparu dans la
nuit, je me dis : Je n’ai plus d’enfants ! Si ! j’ai
encore Gérard !… Ah ! mais Gérard est mien,
celui-là !… Je me dis cela, et j’ajoutai : Maintenant que
j’ai tué l’amant, maintenant que je suis débarrassé des bâtards,
c’est le tour de la femme adultère… Et alors, je pris ma course
vers le château. Il est sûr qu’une heure ne s’était pas écoulée en
tout depuis le moment où j’avais tué le comte de Damart. Je pris ma
course, donc, pour tuer encore… tuer ta mère … Lorsque j’arrivai au
château, je vis des gens rassemblés dans le vestibule. Je devais
avoir un visage effrayant, car je vis ces gens, après avoir fait un
mouvement pour me barrer le chemin, s’écarter, blêmes et
tremblants… et tout à coup, sans savoir par où j’étais passé, je me
retrouvai dans le boudoir. Je vis le corps du comte de Damart qu’on
avait placé sur un canapé. J’allais m’élancer dans la chambre à
coucher, lorsqu’il me sembla que le comte faisait un mouvement. Je
courus à lui pour l’achever. Alors je m’aperçus qu’il y avait
quelqu’un prés de lui. Ce quelqu’un était un médecin. Je l’entendis
qui disait : « Il revient… » Et alors, je me penchai
sur le blessé, et je vis qu’il tenait encore dans sa main crispée
le papier… le papier d’amour qu’il lisait et que ta mère approuvait
d’un signe de tête. Dans ce moment le comte de Damart ouvrit les
yeux, et me regarda sans colère ; et il répéta :
« Vous m’avez tué. Hubert… » Je voulais parler, crier, le
frapper, le piétiner, et je demeurais comme frappé de vertige, la
folie au fond du cerveau, sans pouvoir faire un geste ni prononcer
un mot. Louis de Damart parla encore, et voici ce qu’il me
dit : « Hubert, vous m’avez recueilli, pauvre, vous
m’avez fait une existence heureuse, je vous pardonne vos injustes
soupçons… » Alors, ma langue se délia. Je me penchai davantage
sur lui, et je lui dis : « Misérable ce papier… » il
sourit, sa main s’ouvrit, je saisis avidement le papier et le
parcourus : c’était le compte général de fin d’année
établissant les chiffres de sa gérance.
    « Le papier me tomba des mains. Je
n’étais pas convaincu. Mais déjà se faisait jour en moi cette idée
sinistre, effroyable, que Jeanne Mareil avait menti, peut-être…
Péniblement, le blessé parvint à se soulever et saisit ma main.
« – Avoue, balbutiai-je. Avoue ! Dis-moi la vérité, et je
te jure de pardonner à ta complice. » Il me regarda d’un
regard si clair qu’il me semblait lire au fond de son âme, et il me
dit « Écoutez, Hubert. Vous savez que, comme vous, je crois en
Dieu, je crois en la vie future, je crois en l’immortalité de l’âme
et en l’éternité des peines réservées au chrétien qui a parjuré le
nom du Seigneur… Vous le savez ? Je le sais, dis-je. – Alors,
écoutez : puisse mon âme, qui va entrer dans les mondes
inconnus, errer à jamais dans les sombres régions de deuils et de
désespoirs, si je mens ! Dans quelques minutes, Hubert,
j’aurai à répondre à un juge autrement redoutable que vous. Sur ce
juge qui nous voit et nous entend, sur le salut de mon âme, sur
Dieu, je jure que je suis innocent, et que cette pauvre femme qui
porte votre nom est innocente. Je jure que jamais un mot, un
regard, une pensée n’ont de moi à elle témoigné d’autre sentiment
que le respect et la vénération. Je jure que la pauvre baronne vous
aime et n’a jamais aimé que vous. Hubert, je meurs par vous. Si
vous… » Il voulut ajouter quelques mots. Mais, à ce moment, sa
parole devint confuse, il retomba sur le canapé ; bientôt une
mousse sanglante rougit ses lèvres ; il me jeta un dernier
regard et expira…
    Un sanglot souleva le sein de Lise.
    – Alors, poursuivit le baron
d’Anguerrand, l’horreur s’empara de moi. Je reculai, je m’écartai
du cadavre. En me retournant, je me vis dans une glace ; je
vis un être livide, aux yeux égarés… C’était moi. Et pourtant… oui,
malgré le serment du comte de Damart, j’avais

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