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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus tard, il y eut en ma faveur une ordonnance de
non-lieu prononcée par le juge d’instruction, sinon par ma
conscience. Je portais un des noms les plus respectés de la
province. J’étais immensément riche. Le scandale qui m’eût frappé
eût atteint toute la haute société angevine. De tous côtés, on
s’entremit donc pour étouffer le scandale. D’autre part, le mort
était pauvre, sans relations, sans appuis, sans liens dans notre
société…
    – Il avait une fille, pourtant !…
Adeline ne fit donc entendre aucune protestation ?…
    – Ne parlons pas de cette femme !
fit sourdement le baron.
    – Cette femme, pourtant, dit Lise avec
une sorte d’exaltation, vous l’avez enfermée.
    « Après avoir tué le père, oseriez-vous
donc aussi tuer la fille ?
    – Tu ne sais pas quels crimes a commis
cette femme… et quels genres de crimes gronda le baron frémissant.
Tu ne sais pas de quoi elle est capable Elle allait t’empoisonner,
sais–tu bien !…
    Lise était devenue blanche comme une
morte.
    – M’empoisonner murmura-t-elle au fond
d’elle-même. Parce que je suis sa rivale ! Parce qu’elle aime
celui que j’aime !… Ô ma sœur !…
    .
    Son sein se souleva. Elle sentit que les
larmes allaient déborder de ses yeux.
    Elle se raidit !…
    – Monsieur, dit-elle, il faut délivrer
Adeline.
    – Adeline ! murmura le baron avec
une stupeur immense. Tu l’appelles Adeline comme si tu la
connaissais ! comme si tu étais son amie !… Tu prononces
ce nom maudit non pas seulement avec la pitié qu’on accorde aux
condamnés, mais on dirait… Dieu me pardonne si je blasphème !…
avec de l’affection !… Et moi ! moi, ton père, tu
m’appelles monsieur !…
    Lise leva sur lui ses yeux de lumière douce et
vibrante, ses yeux où étincelait la plus pure franchise.
    – Si vraiment, dit-elle avec une ardeur
concentrée, vous avez horreur du mal que vous avez fait, si
vraiment il y a en vous la moindre pitié pour Louis de Damart tombé
sous vos coups, quoi que vous ait fait sa fille, quoi qu’elle m’ait
fait à moi-même, vous délivrerez Adeline…
    Le baron porta ses mains à son front.
    Il se sentait emporté par il ne savait quel
affolant vertige d’étonnement et de terreur.
    Cette pensée horrible lui vint que sa
fille
perdait la raison…
    – Tu le veux ? balbutia-t-il. Eh
bien, soit ! Quelque mal qu’il en puisse résulter, je rendrai
la liberté à cette femme !… Puissé-je être la seule victime de
la tigresse enragée que tu m’ordonnes de démuseler !…
    Lise fit de la tête un signe de
remerciement.
    Puis elle reprit :
    – Tout à l’heure, nous irons ensemble.
J’aurai quelques mots à dire à Adeline…
    « Maintenant, monsieur, continuez votre
confession, je vous en prie…
    – Ma confession ! gronda le baron.
Tu as dit le mot. Rude confession, ma fille ! Je ne voudrais
pas, sur le salut de mon âme, revivre l’heure que je viens de
vivre… Pourtant, je continue. Où en étais-je, ma fille ?… Je
fus, t’ai-je dit, laissé en liberté provisoire, – qui, plus tard,
se transforma en liberté définitive… Lorsque ma conférence avec le
juge d’instruction fut terminée, je me rendis auprès de ta mère. Je
la trouvai debout, habillée comme pour sortir. Par un miracle de
l’amour maternel, la malheureuse Clotilde, que j’avais laissée
mourante, avait trouvé la force de se lever et de se faire habiller
elle voulait courir à la recherche de ses enfants !… Je
parvins à la calmer, je lui jurai que je croyais à son innocence
parfaite, et je lui dis que, dans mon premier aveuglement, j’avais
donné l’ordre à Barrot de conduire les enfants à Paris, en notre
hôtel de la rue de Babylone, où je voulais les soustraire à la mère
que je croyais coupable. Ce récit était plausible. Clotilde me
crut… « – Partez donc, me dit-elle fiévreusement, partez sans
perdre une minute, et ramenez-moi mes enfants ! » Je
partis, à demi fou… je ne devais plus la revoir… Dans la soirée,
Valentine, ta mère succomba subitement… sans avoir eu la
consolation de t’embrasser une dernière fois…
    « Je partis et me jetai à corps perdu sur
les traces de Barrot. Pendant huit jours, je battis le pays,
fouillant les moindres hameaux, m’arrêtant aux fermes les plus
isolées. Je dressais des interrogatoires d’une logique
serrée ; je ne commis pas une faute, je n’omis aucun détail,
je reconstituai

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