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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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monta à cheval et prit, seul, le chemin du château. Il
avait dédaigné d’annoncer son arrivée. À une lieue du château, ou
environ, une femme se dressa devant lui sur la route et arrêta son
cheval par la bride. Aux premiers mots qu’elle prononça, Hubert
reconnut Jeanne Mareil et mit pied à terre. Je te dis tout, mon
enfant, je n’omets aucun détail de la nuit terrible, afin que tu
puisses me juger impartialement et faire la part de chacun, dans le
crime dont ton frère Edmond et toi avez porté le poids… Hubert
d’Anguerrand eut une minute d’espoir, car il aimait encore Jeanne
Mareil ; tu vois que je ne cache rien de ma honte… Cet espoir
s’écroula bientôt, et il reconnut que Jeanne Mareil venait à lui,
le cœur ulcéré de vengeance. Elle commença par avouer, ou plutôt
par proclamer que Louis de Damart, l’ami intime, était son amant à
elle ! Puis, quand elle vit que la haine s’allumait dans le
cœur d’Hubert, elle ajouta que ce même comte de Damart était
l’amant de la baronne Clotilde, et que les deux derniers enfants
d’Hubert, c’est-à-dire Edmond et toi, étaient des enfants de cet
homme. Elle accumula les preuves verbales. Et lorsque Hubert
s’élança, il était fou de rage…
    – Et Jeanne ? dit Lise
haletante ; Jeanne Mareil ?…
    – Attends, répondit le baron avec ce même
étonnement qu’il avait déjà plusieurs fois éprouvé. Hubert
d’Anguerrand, lorsqu’il fut près du château, mit pied à terre, et,
laissant là son cheval, pénétra chez lui en escaladant un mur. Il
entra dans le château par une porte dérobée et monta les escaliers
qui conduisaient à l’appartement de sa femme. En chemin, il
rencontra un serviteur, et comme cet homme allait pousser une
exclamation de joie, Hubert lui mit son revolver sur la poitrine.
L’homme se tut, épouvanté. Hubert entra dans le salon particulier
de la baronne et n’y vit personne. Il passa dans la chambre à
coucher. Personne encore. Il pénétra alors dans le boudoir, et vit
la baronne Clotilde assise prés de la cheminée, causant
familièrement avec le comte de Damart. Ils lui tournaient le dos.
Il avait ouvert la porte très doucement. Il était près de dix
heures du soir. Le comte de Damart lisait un papier, et ta mère
semblait approuver de la tête. Hubert écouta. Il entendit ou crut
entendre ce que lisait Damart. C’était une page d’amour. C’étaient
des déclarations passionnées. Hubert fit rapidement trois pas il
visa et fit feu. Ta mère jeta une clameur d’épouvante, se leva
toute droite et retomba sur le parquet, comme foudroyée. Cependant,
ce n’était pas elle que la balle avait atteinte : Hubert vit
le comte de Damart se lever péniblement et s’avancer en trébuchant.
Il dit :
    – Vous m’avez tué,
Hubert !… »
    « Au même instant, il s’abattit sur ses
genoux, puis demeura étendu, serrant dans sa main crispée le papier
qu’il lisait quelques secondes auparavant, comme pour le cacher
dans un dernier effort de l’instinct.
    « – Misérable ! dit Hubert. Toi
d’abord ! Puis ta complice ! Puis les deux
bâtards !… »
    « Je ne me souviens plus si je prononçai
réellement ces paroles ; mais je les entendis rugir sinon sur
mes lèvres, du moins dans ma pensée. Tout était rouge autour de moi
et dans moi. Dans cette effroyable seconde, j’eusse voulu tuer tout
ce qu’il y avait de vivant dans le château, mettre le feu au
château lui-même et m’ensevelir sous ses décombres… Lorsque Louis
de Damart fut tombé à mes pieds, je le crus mort, et je sortis,
hagard, fou furieux ; je sortis, Valentine, ô ma fille
adorée !… je sortis pour courir à la chambre où tu dormais
avec ton frère Edmond… je sortis pour vous tuer tous les
deux !… Dans ma course insensée, je vis des visages effarés,
des yeux d’épouvante, des bouches grandes ouvertes, mais je
n’entendis pas les domestiques qui criaient, couraient, se
heurtaient ; je n’entendais rien, le crime était en moi…
J’eusse tué tout, te dis-je !… »
    Le baron d’Anguerrand s’arrêta, comme si ces
terribles souvenirs qu’il évoquait l’eussent écrasé. Lise le
considérait avec une espèce d’effroi, tout crispé, sa haute stature
ramassée, pareil à ce qu’il avait dû être dans la nuit
tragique.
    – Je te fais horreur, n’est-ce pas ?
reprit-il avec effort. Et pourtant tout cela n’est rien. Tout cela
trouve sinon son excuse, du moins son

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