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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus !…
    Puis, tout à coup, s’avançant à petits pas sur
Marie Charmant qu’elle venait d’apercevoir :
    – Tiens, tiens ! qu’est-ce que tu
fous là, toi !… Ah ça tu n’as pas tourné de l’œil ?…
Qu’est-ce que m’a raconté l’idiot de Finot ?… Ah ça !…
mais c’est bien toi !… Et la Morgue ?… La Morgue t’a donc
lâchée ?…
    Elle était livide. Ses yeux, plissés par mille
rides, dardaient seulement un double filet mince de flamme
dévorante. Sa bouche se tordait dans un étrange pincement. Marie la
voyait venir, en un tel paroxysme d’épouvante, que remuer un doigt
ou proférer une plainte eût exigé d’elle un effort impossible…
    – Une de perdue ! une de
retrouvée ? c’est toujours ça !… Biribi !…
    Biribi était accroupi près de Rose-de-Corail
et grognait, parmi des insultes ignobles :
    – J’te tiens, à c’te fois, satanée
gueuse ?… Je t’ai ? je t’aurai ! y a pas à
dire !… T’en reviendras, n’aie pas peur !… Un p’tit coup
d’surin, ça t’adoucira… Dans huit jours il y paraîtra plus… dans
huit jours tu seras la gigolette à mézigo, et on portera en chœur
le deuil de ton gigolo…
    « De quoi ? gronda-t-il en se
redressant à l’appel de La Veuve.
    – Prends-les ! Toutes les
deux ! Je te les donne ! Fais-en ce que tu
veux !…
    – Toutes les deux ? grogna
l’effroyable bandit, dont l’œil terrible alla de Rose-de-Corail
sans connaissance à Marie Charmant prostrée.
    – Toutes les deux. Elles sont à toi. Une,
t’en aurais pas assez ! À toi les deux !… Maintenant…
maintenant… Tiens ! il remue, celui-là…
    Zizi venait de faire un mouvement. Mais
aussitôt, il retomba à l’insensibilité. Déjà La Veuve ne paraissait
plus faire attention à lui. Elle serrait son front à deux mains.
Elle faisait un effort puissant pour se calmer, voir clair en
elle-même et autour d’elle, oublier un instant la rage et la haine
qui la dévoraient, oublier que Lise lui échappait, et prendre les
mesures inéluctables après une telle scène.
    – Maintenant, écoutez, dit-elle de sa
voix redevenue calme, c’est-à-dire morne comme un glas. Il faut que
rien, entendez-vous, rien ne se soit passé dans cette maison !
Il faut que les maîtres trouvent tout en bon ordre ! Il faut
que rien ne donne l’éveil aux gens qui étaient ici, s’ils
reviennent, si c’est seulement le hasard qui les a éloignés cette
nuit !… Pour ça, écoutez… d’abord, les macchabées dans le
jardin, assez profond dans la terre pour que rien n’apparaisse. Et
il faudra ratisser par-dessus les fosses. Est-ce compris,
Biribi ?… Ensuite, l’escalier lavé et raclé, qu’il n’y ait
plus la moindre tache de sang. As-tu entendu Biribi ?…
Ensuite, qu’on ne touche pas à une aiguille, à une épingle, à
rien ! Ce que vous pourriez emporter d’ici, ce ne serait rien
à côté de ce que vous aurez avec moi… Quoi encore ?… Ce
gosse-là, fit-elle en touchant Zizi du bout du pied, faudra le
porter chez moi. T’entends, Biribi ?… Quant aux deux femmes,
t’en fais ton affaire. À la fin des fins, si, au petit jour, les
maîtres viennent, il faut que tout soit en bon ordre. Ça va-t-il,
Biribi ?
    – Ça va, La Veuve ! Ça va être fait
dare dare ! Allons, ho, les aminches, au turbin !…
    Et l’effroyable
turbin
commença
aussitôt, tandis que La Veuve descendait lentement l’escalier,
franchissait le jardin, et disparaissait dans la nuit. Zizi, Marie
Charmant et Rose-de-Corail furent descendus au rez-de-chaussée et
attachés solidement, bien qu’ils fussent tous trois sans
connaissance.
    Les cadavres furent descendus dans le jardin
et disposés au fond de la fosse.
    Le dernier corps était celui de Jean Nib.
    À ce moment, l’ignoble bandit tressaillit et
pâlit…
    Un faible gémissement venait de s’échapper des
lèvres de Jean Nib !…
    Biribi déposa précipitamment le corps sur la
terre, s’agenouilla, colla son oreille à la poitrine, puis, se
relevant en grondant avec une joie hideuse :
    – Il n’est pas crevé !… Eh
bien ! j’aime mieux ça !… Aussi, ça aurait été trop tôt
fini, pour lui !… On va rigoler !…
    Biribi, accroupi près du corps de Jean Nib,
demeura quelques minutes absorbé dans une monstrueuse méditation.
La brute habituée à des gestes qu’aucun travail cérébral n’a
coordonnés se trouve pourtant quelquefois en présence de

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