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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’était qu’il y
était pour le compte de La Veuve ! C’est que lui, Jean Nib,
avait exécuté le double enlèvement dont il avait surpris le
projet !
    – Eh bien ! gronda Jean Nib. Te
décideras-tu, le gosse ?…
    – Oui, j’me déciderai. Mais, d’abord,
faut m’dire une chose. Est-ce La Veuve qui t’envoie ?…
    – La Veuve !… murmura Jean Nib en
tressaillant.
    Zizi vit un tel bouleversement sur le visage
de Jean Nib ; qu’il comprit que sa vie ne tenait qu’à un fil.
Il eut peur…
    – Écoute, dit-il, j’vais tout déballer.
Tant pis si ça tourne mal pour moi !…
    – C’est ce que t’as de mieux à faire…
Dégoise !…
    – Voilà !… voilà !… D’abord, je
venais pour cafarder, ça c’est juré ! Ensuite tant pis si t’es
d’accord avec La Veuve, mais je venais pour la faire enrager.
Là ! c’est une manie chez moi…
    – Comment ça ? Raconte un peu.
    – Bien simple. La Veuve voulait faire un
coup ici. J’ai voulu l’empêcher. Voilà ! Tue-moi, si tu veux,
mais faut que j’me soulage. La Veuve et la baronne, c’est deux
teignes, deux gales, deux poisons, deux…
    Jean Nib interrompit la kyrielle des
malédictions en serrant le poignet de Zizi, qui, alors, non sans se
faire arracher les paroles, non sans essayer d’innombrables et
subtiles digressions, finit par raconter la conversation qu’il
avait surprise entre La Veuve et la baronne, du fond de sa
caisse.
    – Ainsi, résuma Jean Nib, La Veuve et
cette femme que tu appelles la baronne voulaient s’emparer d’un
homme nommé Gérard et d’une fille nommé Lise. C’est bien ça,
hein ?
    – Juste, Auguste ! La baronne doit
régler le compte du Gérard, et La Veuve doit, pour sa part, bouffer
toute crue la gosseline qui s’appelle Lise…
    Jean Nib passa dans la pièce voisine où il
trouva Rose-de-Corail en train de s’habiller.
    – Eh bien ? quoi que c’était ?
qui ça qui carillonnait ?… demanda Rose-de-Corail.
    – Du leste ! fit Jean Nib. Éveille
la môme ; dans cinq minutes, faut que nous soyons
déguerpis…
    Rose-de-Corail, au ton et à la physionomie
soucieuse de Jean Nib, comprit que la situation était grave. En un
clin d’œil, elle acheva de s’apprêter, puis courut réveiller Marie
Charmant, qu’elle aida à s’habiller, et Jean Nib revint auprès de
Zizi, dans la chambre qui avait servi de pièce commune et de salle
à manger.
    Un cri de stupeur jaillit des lèvres du
gamin.
    – Ça, ça m’en bouche un coin !
glapit le voyou en se redressant tout pâle. Vous ? c’est vous,
mademoiselle Marie ?…
    – Ernest ! cria Marie Charmant, qui
entrait avec Rose-de-Corail. Ah ! mince… Non, vrai, je suis
tout plein contente de vous revoir, mon p’tit Ernest ! Il me
semble que me v’la revenue dans mon petit logement !…
    – Silence, tonnerre de Dieu ! gronda
Jean Nib. Souffle la camoufle, Rose-de-Corail !
    Rose-de-Corail, d’un souffle, éteignit la
lampe. La pièce fut plongée dans les ténèbres. Un silence lourd
d’angoisse et de terreur pesa sur les deux jeunes femmes et le
voyou, tous trois tournés, palpitants, vers Jean Nib, dont ils
entrevoyaient la haute silhouette dans la vague clarté de la
fenêtre.
    Jean Nib, immobile, debout près de cette
fenêtre, regardait dehors… Quelques minutes d’une terrible angoisse
s’écoulèrent…
    – Eh bien ! fit enfin Rose-de-Corail
dans un murmure à peine perceptible, est-ce qu’on file, mon
Jean ?…
    – Trop tard ! gronda Jean Nib.
Regarde !…
    D’un bond, Rose-de-Corail fut à la fenêtre,
et, au fond de l’obscurité, entrevit deux silhouettes dans le
jardin, deux ombres qui eussent été invisibles pour tout autre
qu’elle et Jean Nib.
    – Oh ! murmura-t-elle à ce
moment…
    Deux nouvelles silhouettes se montraient… deux
hommes qui, un instant, apparurent sur la crête du mur et sautèrent
dans le jardin.
    – Ça fait quatre ! dit sourdement
Jean Nib.
    On peut filer par les derrières, haleta
Rose-de-Corail.
    – Bouge pas ! Je vais
voir !…
    À pas rapides, furtifs, silencieux et souples,
Jean Nib bondit hors de la pièce et gagna l’extrémité du corridor
aboutissant à une fenêtre qui donnait sur le derrière de la
villa.
    Et alors, une sourde imprécation gronda dans
sa gorge ; une sueur d’angoisse inonda son front, ses poings
se crispèrent… Là, dans la nuit, en des attitudes que son œil
dilaté par l’horreur détaillait comme en plein

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