Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
peux bien me regarder, et me parler, puisque tu es ma
fille ! Valentine, c’est ton père qui est là ! Est-ce
qu’il n’a pas assez souffert ?… Tu peux bien dire un mot de
tendresse à ton père !
    – Mon père !… bégaye Lise dans un
effrayant effort pour sourire.
    – Son père !… Ah ! cette fois,
elle s’apprivoise ! Et elle me sourit ! gronde doucement
le malheureux homme qui sans doute évoque à ce moment un abominable
passé de larmes. Tu disais ? Que voulais-tu dire ?…
    – Je… non…
    – Mais si, voyons ! Tu commençais…
tu voulais… parle, ma fille… Ma fille ! C’est aussi bon à dire
que de t’entendre m’appeler : père !… Parle, je vois bien
que tu as quelque chose à dire…
    Lise, à demi, se soulève, et, les mains
jointes, les yeux baissés :
    – Je voudrais dire…
    – Allons donc !
    – Mon père… Ô mon père… grâce !…
    – Grâce ! répète sourdement le baron
d’Anguerrand. Grâce pour eux !… Grâce pour lui !…
    Le baron se relève lentement. Grâce !
Pour eux ! Pour lui ! Pour le fils parricide ! Pour
la maîtresse qui incarne la trahison !… Son orgueil se
révolte. Sa résolution de meurtre lui revient, plus
implacable ! Et debout, l’attitude violente, quitte à faire
pleurer
encore
sa fille, il va dire non, rudement d’un
signe… Tout à coup, ses traits se détendent, une sorte de terreur
remplace dans son regard l’expression de haine inapaisable… Il se
souvient !…
    Valentine… sa fille… cette enfant qui souffre
là, sous ses yeux, qui souffre à en mourir… Oh ! Valentine,
c’est Lise ! …
Et Lise a épousé Gérard !
Faux
mariage, soit !… Mais le fait demeure dans sa terrible
précision : sa fille a aimé son fils !… aimé
d’amour !… Elle l’aime encore ! elle l’adore !
    Horreur !… Lise demandant la grâce de
Gérard, ce n’est pas une sœur implorant pour son frère, c’est une
amante, une épouse pleurant celui qu’elle aime !…
    Nulle catastrophe, à ce moment, ne pourrait
frapper le baron d’un coup plus rude.
    – Alors… tu veux… la grâce de ton
frère ?…
    – La grâce de Georges !… prononce
gravement la petite Lise, avec l’intrépide héroïsme des âmes qui
veulent la vérité tout entière.
    – C’est vrai ! murmure le baron avec
une sourde amertume. Pour toi, c’est Georges !… Et tu veux
qu’il vive ?
    – Qu’il vive ! Qu’il soit
heureux !…
    – Tu m’en donnes bien l’ordre ?…
C’est toi, c’est bien toi qui le veux ainsi ?… Oui ?… Tu
dis oui ?… Mais pourquoi ?… rugit le baron.
    – Parce que… je l’aime… Je puis le dire…
puisque je vais mourir !…
    Et Lise retombe sur le lit de cuivre, le petit
lit de Valentine… expirante, avec seulement, sur ses lèvres
décolorées, le sublime sourire de l’amour triomphant jusqu’au fond
du désespoir.
    Cette scène rapide, étrange, socialement
fausse, humainement vraie, d’une lamentable vérité, Gérard et
Adeline, leurs têtes rapprochées, leurs souffles confondus, l’ont
suivie dans toutes ses phases.
    Maintenant, ils voient le baron s’avancer vers
eux. Et malgré l’assurance qu’ils sont sauvés, ils reculent… Le
baron entre… Il reprend sa place dans le fauteuil près de la table…
Un instant, il jette un regard terrible sur les verres qui
contiennent le poison… Cette seconde est d’une épouvantable
longueur pour les deux maudits… et tout à coup, d’un geste
farouche, ces verres, le baron les saisit, les jette sur le tapis
et les broie sous ses talons.
    – Vous vivrez ! prononce-t-il alors
avec un rauque soupir. Voici mes conditions. Vous disparaîtrez.
Vous changerez de nom et de pays. Dans huit jours, il y a un départ
du Havre pour New-York. Vous passerez en Amérique, et jamais,
jamais plus, vous ne reparaîtrez ici. Acceptez-vous ?
    Gérard répond « oui » d’un signe
bref.
    – Dans huit jours, ajoute le baron, si
vous n’êtes pas embarqués, je vais droit à la préfecture de police,
et tous deux je vous livre à la cour d’assises… au bourreau !
Celui-là ne pourra pas faire grâce !… Est-ce
entendu ?
    Gérard répond « oui » d’un signe
bref, plus rude… Le baron tire un carnet de sa poche, déchire un
feuillet, le remplit, le signe rapidement et le pousse vers
Gérard :
    – Voici un chèque de cent mille francs.
Maintenant, sortez de chez moi !…
    Et les deux damnés, lui en froc de

Weitere Kostenlose Bücher