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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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comme les iris
blancs.
    – Valentine ! répète le baron d’un
accent de poignante incertitude.
    Lise n’a pas un geste, pas un regard…
    – Tu es ma fille… Valentine… oh ! tu
es ma fille !…
    Et dans un soupir de mortelle angoisse, de
renoncement à la vie, de désespérance en toutes choses, puisqu’elle
n’a pas le droit d’aimer celui qu’elle adore, de l’aimer d’amour…
car il est son frère… Lise, tout bas, répond :
    – Mourir !… oh ! laissez-moi
mourir !…
    – Valentine !… crie le baron dans
une clameur où se heurtent les puissances de la joie et de la
crainte…
    Cette fois, il tend ses bras… et, secoué de
sanglots, le visage inondé par les larmes qui jaillissent enfin,
éperdu, il saisit sa fille…
    Sa fille !…
    Car c’est bien son enfant, n’est-ce
pas ?
    Tout le prouve : l’âge, le lieu, les
circonstances où elle fut trouvée !…
    C’est sa fille,
évidemment
 !…
    Lise, c’est Valentine :
il en est
sûr !

    Il la saisit donc, et, tout frémissant de ce
bonheur qui l’atteint au cœur, l’âme bouleversée, il l’emporte dans
la pièce voisine.
    – Nous sommes sauvés ! gronde Gérard
en saisissant la main d’Adeline.
    – Oui ! riposte Sapho dans un
sifflement de vipère. Sauvés… si nous sauvons les vingt
millions !…
    Et le regard que, par la porte restée ouverte,
elle darde sur le baron et sur Lise contient une double
condamnation à mort.

Chapitre 8 LE PÈRE DE VALENTINE
    Le baron d’Anguerrand laisse déborder les
confuses pensées de sa joie ; et il faut que terribles aient
été ses angoisses – ses remords ! – pour que cet homme de rude
abord, d’âme plus rude, sorte de baron des temps féodaux égaré en
nos jours, il faut, dis-je, qu’il ait souffert longuement et
terriblement pour que cette joie se manifeste en un tel
trouble.
    – C’est toi, c’est donc toi… enfin !
T’ai-je assez cherchée ! T’ai je assez pleurée, toi et ton
frère Edmond ! Te souviens-tu d’Edmond ? Non, tu étais
trop petite… Tu ne m’as pas maudit ?… C’est que tu ne savais
pas ! Gérard lui-même ne sait pas tout ! Mais je me suis
maudit, moi !… C’est fini puisque te voilà ! Dire que
c’est toi, et que ces mains sont tes mains, et que ces cheveux sont
tes cheveux, et que ces yeux sont tes yeux ! Tu avais les yeux
bruns… tu as des yeux d’un joli bleu de pervenche… c’est curieux
comme changent les yeux des petites filles ! Tes cheveux, par
exemple, sont restés les mêmes… de la soie d’or, ma fille ! Ô
ma fille, comme dans mes rêves tourmentés je te voyais jolie et
gracieuse !… Et voici que tu es plus belle cent fois que le
plus beau de mes rêves !… Oh ! que tu as dû souffrir, à
voir tes pauvres paupières battues, et cette méchante robe noire de
quatre sous, et tes doigts si maigres !… C’est fini, ma
fille ! Tu vas être heureuse !…
    Une petite secousse fait tressaillir Lise. Ses
yeux s’ouvrent tout grands, d’un air étrange, et, bien au fond
d’elle-même, elle murmure :
    – Heureuse !…
    Et c’est un cri d’affreuse amertume… La douce
lumière de son regard se voile sous ses paupières…
    – Peut-être, gronde le père, n’y a-t-il
tout à fait de ma faute… Enfin, je te dirai tout. Tu verras. Tu
jugeras. En attendant, je veux savoir. Voyons, raconte. D’abord, le
nom des braves gens qui t’ont recueillie, sauvée peut-être… Je veux
qu’ils soient heureux ! Je veux les enrichir d’un coup, si tu
permets… car tout est à toi… à toi et à ton frère… Voyons, dis-moi…
qui t’a élevée ? qui a pris soin de toi ?… qui t’a servi
de mère ?
    De nouveau, Lise a tressailli. De nouveau, ses
yeux se sont ouverts plus largement, avec une profondeur plus
énigmatique… avec une infinie détresse… Et elle murmure :
    – Maman Madeleine est morte…
    – Morte !…
    – On l’a emportée aujourd’hui… seule…
toute seule !…
    – Ce cercueil ?… oh ! ce
cercueil à Saint-François ?…
    – C’était elle !…
    Le baron baisse la tête. Et c’est avec une
sorte de timidité concentrée qu’il reprend :
    – Je comprends, ma fille, je
comprends !… Voilà donc pourquoi tu pleurais tant !…
Tiens, laisse-moi une seule minute de joie, veux-tu ? Parlons
de toi seulement. Raconte-moi ton enfance… Dis-moi… non, ne me dis
rien, je suis fou de te demander cela en ce moment !… D’abord,
écoute, tu

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