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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’Anguerrand que tu me retrouveras, et
pourquoi, pour me voir, il faudra que tu demandes le baron
d’Anguerrand ? … Tu ne comprends pas tout cela ?… Eh
bien ! Jean Nib, écoute ! Un seul mot !… Je
m’appelle Gérard d’Anguerrand !…
    Et le parricide se glissa dans les ténèbres,
s’enfuit vers Paris, se heurtant aux arbres de la route, étouffant
les cris d’amour et d’horreur qui faisaient explosion sur ses
lèvres, poursuivi par les plaintes du vent d’hiver qui le
fouettait, courant à perdre haleine afin qu’il fût trop tard pour
retourner à ses pas et hurler à Jean Nib ce qu’il y avait dans son
cœur maudit :
    – Oh ! non ! Je ne veux pas
qu’elle meure ! Ne tue pas Lise !…
    *
* * * *
    Comme Jean Nib et Rose-de-Corail allaient
rentrer dans la buvette, un coup de sifflet, au loin, déchira la
nuit, puis un autre plus rapproché, puis d’autres, coup sur coup,
s’appelant, se répondant, enveloppant la baraque de hurlements
sinistres pareils à ceux des oiseaux de mort… L’homme tendit le
cou, écouta. La femme murmura :
    – C’est la rousse… Fuyons !…
    Des ombres à ce moment surgirent ; les
agents de la sûreté se ruèrent sur l’entrée du cabaret et une voix
tonna :
    – Charlot est là-dedans ! c’est
sûr ! qu’on arrête tout le monde !… Cette fois, nous le
tenons !…
    – En voilà toujours un ! ricana un
agent qui abattit sa poigne sur l’épaule de Jean Nib.
    Dans le même instant, un hurlement retentit,
et l’agent s’affaissa : Rose-de-Corail, d’un geste prompt et
sûr, avait relevé sa jupe comme tout à l’heure, et, de la
jarretelle, avait décroché un poignard court, aigu, joli joujou,
arme terrible… Le poignard avait atteint l’agent un peu au-dessus
du cœur…
    Le ricanement, l’éclair de l’acier dans
l’ombre, le hurlement de douleur, le jet de sang, tout cela n’avait
été qu’un seul coup de foudre…
    Quatre agents foncèrent sur Rose-de-Corail,
tandis que le reste de la brigade envahissait la buvette des
Croque-Morts. Ils foncèrent… et se heurtèrent à quelque chose
d’énorme, de rude, de hérissé… un être ramassé sur lui-même, en
garde, la tête dans le cou, silencieux et formidable… Jean
Nib !… Il avait empoigné Rose-de-Corail et la tenait enlacée
du bras gauche : sa main droite était cuirassée d’un
coup-de-poing américain ; et il fonçait, lui aussi !…
    Il y eut des grognements brefs, des jurons,
des râles, de rauques soupirs… une courte mêlée où, à coups de tête
dans des poitrines, à coups de fer dans des mâchoires, Jean Nib se
fraya un passage sanglant ! Quelques secondes plus tard, il
disparaissait, tranquille, souple, félin, puissant, emportant dans
ses bras la femme aimée, pareil à l’homme primitif emportant une
proie…
    Dans la buvette, un bruit de lutte, de tables
renversées, de bouteilles brisées, puis tout à coup le
silence : les agents étaient maîtres du champ de bataille,
mais Finot, le terrible Finot qui les commandait, constatait avec
désespoir que
Charlot n’y était pas
… et que la bagarre lui
mettait cinq hommes hors de service…
    Jean Nib et Rose-de-Corail s’étaient arrêtés à
cent pas de là, derrière une palissade à demi démantelée qui
bordait un terrain vague ; c’était la tactique de Jean Nib,
dans cette guerre effroyable, inlassable, féconde en épisodes
étranges, saisissants, dramatiques, comiques, héroïques, que se
font ces deux rudes lutteurs : la pègre et la police – et qui
a pour champ de bataille Paris, le sombre Paris, et sa banlieue
plus sombre encore !…
    Ils virent donc passer, menottes aux poings,
les
clients
de l’ignoble cabaret.
    – C’est fini ! murmura
Rose-de-Corail.
    – Non. En voilà encore deux !
répondit Jean Nib. Ils cherchent leur revanche… Tiens… les voici
qui pistent une jeune fille… Ah ! pauvre petite
moucheronne !… Ils l’empoignent !… Elle se débat !…
Ah ! je n’y tiens plus !…
    Jean Nib s’élança, violent, la mâchoire
serrée, les yeux sanglants, et, en quelques bonds, rejoignit les
deux policiers retardataires qui, se transformant en agents des
mœurs, venaient de sauter sur une passante et hurlaient.
    – Grâce, messieurs, grâce ! râlait
l’inconnue d’une voix d’épouvante… Je viens du cimetière… porter
des fleurs… Je me suis attardée… Grâce !…
    – Du cimetière ? À dix heures du
soir ? Par un temps

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