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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fait le bandit ?…
    Des jours se passèrent.
    Jean Nib se sentait mourir.
    Deux ou trois fois, il vint en plein jour
jusqu’à l’hôtel d’Anguerrand, résolu à voir le baron, celui qui
devait être son père.
    Mais, à chaque fois, au moment de sonner, il
fit demi-tour, et s’en alla en murmurant :
    – C’est pas vrai. Tout ça, c’est comme
qui dirait un rêve… J’me rappellerais, d’abord, si c’était
vrai ! J’me rappelle rien du tout. Donc, c’est pas vrai. Faut
être maboul pour se fourrer des idées pareilles dans
l’ciboulot…
    Ainsi, Jean Nib ne songeait pas à profiter de
la situation !
    L’idée ne lui venait pas que, même si ce
n’était pas vrai, il pouvait persuader le baron d’Anguerrand qu’il
était son fils !…
    Un mois auparavant, cette idée lui fût
certainement venue…
    Peut-être était-il trop absorbé par sa
douleur. Peut-être ni richesse ni rien au monde de ce qu’il avait
rêvé jadis, ne pouvait-il l’intéresser, maintenant qu’il n’avait
plus Rose-de-Corail pour en jouir avec lui…
    Un soir, affreusement triste et las, il se
dirigea machinalement vers le centre de Paris.
    Une fois dans la région des Halles, Jean Nib
franchit la Seine, continua à marcher, et finalement se trouva
devant l’hôtel d’Anguerrand sans l’avoir positivement voulu.
    – Tiens ! qu’est-ce que je fais ici,
moi ?
    Il demeura longtemps songeur devant le grand
portail.
    Quelques minutes plus tard, avec cette
habileté et cette rapidité d’action qui lui étaient familières,
Jean Nib se trouvait dans l’intérieur, et, après une demi-heure de
travail, ouvrait la porte du perron.
    Tout était silencieux dans l’hôtel. Jean Nib
se conduisait dans les ténèbres avec la même aisance que s’il eût
tenu une lumière à la main.
    Il parvint ainsi dans ce vaste salon où il
s’était trouvé la première fois qu’il était venu.
    Car, tout naturellement, il suivait exactement
les chemins qu’il avait déjà parcourus et qui, par conséquent, lui
étaient familiers.
    Là, il s’arrêta un long moment.
    Il lui parut évident que l’hôtel était
désert.
    En effet, dans cette nuit où il avait vu sur
la table d’un cabinet les deux larges enveloppes étalées parmi
d’autres paperasses, il avait visité l’hôtel sans trouver âme qui
vive.
    Il en conclut assez naturellement que le baron
d’Anguerrand venait tous les jours dans l’hôtel, puisque les
papiers eux-mêmes le prouvaient, mais que, tous les soirs, il
devait s’en aller après avoir tout soigneusement refermé.
    Quant à l’explication de ce départ quotidien,
Jean Nib la voyait dans ce fait que le baron ne devait pas se
croire en sûreté dans l’hôtel et qu’il avait quelque retraite
éloignée où il passait les nuits.
    Après avoir longuement écouté le silence, Jean
Nib, ne percevant pas le moindre bruit, cessa de prendre toute
précaution, et tourna un commutateur. Les ampoules électriques
d’une applique s’allumèrent.
    Jean Nib regarda autour de lui.
    Et, comme dans la nuit terrible où il était
venu pour tuer, ses yeux se fixèrent sur un immense portrait
représentant une jeune femme…
    Le portrait de la baronne d’Anguerrand, morte
au château de Segré…
    Jean Nib se rapprocha de ce portrait.
    – C’est drôle, songea-t-il en le
contemplant avec une sorte de frémissement, la première fois que je
suis venu, mes yeux sont tombés sur les yeux de cette femme. Ce
n’est qu’un portrait, ce n’est qu’une toile peinte… et pourtant ces
yeux-là m’ont parlé… Je me souviens de la terreur que j’ai éprouvée
sur le premier moment… j’ai cru que quelqu’un était là, et que ce
quelqu’un me regardait… Et, quand j’ai vu que c’était seulement un
portrait, même alors, je n’ai pas été rassuré… j’ai eu peur !
Peur de quoi ? Je n’ai jamais su… mais peur de quelque chose,
puisque je n’ai pas osé frapper ! puisque le baron et sa fille
sont vivants grâce à cette peur que j’ai eue !… Ces
yeux ! oh ! ces yeux du portrait…il me semblait que je
les reconnaissais…
    Jean Nib, à ce mot qui éclairait pour ainsi
dire l’obscurité de ses pensées, tressaillit violemment.
    – Je les reconnais ! murmura-t-il
avec une angoisse qui lui étreignait le cœur. Oh ! mais c’est
donc que je les avais connus !… Où ça ?… Et
comment ?… Et quand ?…
    Puis, presque à haute voix, il
songea :
    – Ils disent que je

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