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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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une vraie fille selon mon cœur… Mon enfant, écoutez-moi bien.
Je puis maintenant vous dire quelle a été ma douleur lorsque je ne
vous ai plus retrouvée auprès de moi. Je puis vous dire que, si je
vous perdais, le chagrin serait aussi rude que de perdre ma fille.
Le bonheur que vous m’apportez est si grand que je n’osais plus
l’espérer. Mais ce bonheur même sera incomplet si vous me quittez.
Je voudrais… je souhaiterais… je ne sais si vous consentirez… et
puis, tenez… j’ai mille choses à vous dire…
    – J’ai toute ma journée à moi, dit Lise
en souriant. Elle est donc à vous.
    Le baron soupira. Cette réponse allait
justement à l’encontre de ce désir qu’il n’osait exprimer. Si Lise
lui consacrait la journée, c’est donc qu’à la fin de la journée,
elle avait l’intention de le quitter…
    – Soit, reprit-il. Commençons donc par
aller chercher Valentine… ma fille… votre sœur, ajouta-t-il, en
lui-même.
    Lise secoua tristement la tête.
    – Si je pouvais vous conduire auprès de
Marie Charmant… auprès de Valentine, veux-je dire, j’aurais
commencé par aller la chercher.
    – Vous l’avez donc perdue de vue ?
s’écria le baron en pâlissant.
    – Rassurez-vous. Il sera facile de la
retrouver.
    Lise raconta alors comment elle avait été à la
maison de la rue Letort, et comment elle n’y avait plus trouvé
Marie Charmant. Dans ce récit, pour simplifier, et aussi parce
qu’il lui répugnait de s’arrêter à ces journées de séquestration
qu’elle avait passées rue Saint-Vincent, elle omit de parler de La
Veuve.
    À mesure que Lise parlait et traçait le
portrait de celle qui s’appelait Valentine, le baron évoquait cette
étrange jeune fille avec laquelle, un moment, il s’était trouvé
enfermé dans la masure du Champ-Marie…
    – Ma chère enfant ! dit-il,
lorsqu’il vit que Lise n’avait plus rien à lui dire sur Marie
Charmant, depuis que nous nous sommes vus, vous avez sans doute
souvent pensé à votre mère…
    – Oui, dit Lise, il n’est pas de minute
que je ne pense à la pauvre Jeanne Mareil, morte dans les larmes et
le désespoir. Cependant, monsieur, je vous le jure, je n’ai pas de
haine contre vous…
    – Vous ? de la haine ?
Ah ! mon enfant, vous n’avez guère, besoin de le dire, vous
êtes l’ange du pardon et de la générosité…
    Lise ne put retenir les larmes qui pointaient
au bord de ses paupières.
    – Pauvre mère ! murmura-t-elle.
Morte sans même avoir la consolation de voir son enfant… Oh !
si j’avais été là ! comme je l’aurais consolée !… comme,
à force de tendresse, je lui aurais fait oublier son triste
passé !… C’est fini… je ne dois plus y songer…
    – Qui sait ? fit le baron qui se
leva pour dissimuler son émotion.
    – Que voulez-vous dire ? Ne
m’avez-vous pas assuré que ma mère est morte ?…
    – Oui. J’ai dit cela. Dans le premier
moment, dans cette minute terrible où j’ai senti que vous alliez me
demander compte de votre mère, je vous ai dit que Jeanne Mareil
était morte, mais, mon enfant, je vous jure sur mon âme que je n’en
suis pas sûr…
    – Oh ! monsieur, palpita Lise. Et
n’étant pas sûr… vous m’avez affirmé une telle chose !…
    – Je ne savais pas que vous alliez me
quitter ! murmura le baron, dont le front pâlit encore. Je
pensais, j’espérais vous garder près de moi, et alors, je vous
eusse dit toute la vérité…
    – Et cette vérité ? fit Lise
frémissante.
    – C’est que je n’ai aucune certitude de
la mort de Jeanne Mareil… C’est que, peut-être, elle vit encore… Je
dirai plus… c’est que j’ai la ferme conviction que vous la
reverrez… Calmez-vous, mon enfant… et, je vous en supplie, ne
m’interrogez pas… Laissez-moi faire ; ayez confiance… Si ce
que j’espère se réalise, je crois qu’avant peu vous reverrez votre
mère… Tenez ; en même temps que je reverrai ma
fille !…
    Lise, éperdue, écoutait ces paroles avec cette
angoisse qui fait que, si souvent, la joie ressemble à la
douleur.
    – Maintenant, mon enfant, continua le
baron, laissez-moi vous répéter ce que je voulais vous dire tout à
l’heure. Vous me rendrez ma fille. Mais si je vous perds, je vous
jure que ma joie paternelle en sera comme voilée de deuil. Je
voudrais… Écoutez : supposons que nous retrouvions, moi ma
fille et vous votre mère…
    – Oui ! oh ! oui !…
murmura Lise en joignant

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