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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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semblait
nullement emprunté, et le baron soupirait en songeant au charmant
cavalier, au parfait gentleman que fût devenu Edmond, si seulement
Barrot avait hésité une heure à emporter les deux
enfants !
    Les deux hommes étaient graves.
    Devant le baron, il y avait une sacoche
bourrée de billets de banque.
    Jean Nib contemplait sans émotion cette somme
énorme dont la vue, quelques jours auparavant, l’eût affolé. Et ce
n’était même pas de l’indifférence qu’il y avait dans son regard,
c’était presque de l’hostilité.
    – Edmond, disait le baron continuant une
conversation commencée depuis deux heures, avant de nous séparer,
convenons une dernière fois de nos faits et gestes, car la moindre
fausse manœuvre aboutirait à ton arrestation…et à ma mort ! Il
y a deux millions dans cette sacoche ; j’en prendrai un à tout
hasard, tu prendras l’autre. Maintenant, voici une valeur de quatre
millions payables à vue et au porteur par la maison Johnson et Co
de New-York ; voici une valeur encore de quatre millions
payables de même par la maison Custodi, de San-Francisco… Le reste
n’est pas liquidé, mon Edmond, et il faudra bien encore un mois
pour cela ; ce reste monte à douze millions environ… Tu
prendras les deux valeurs, de New-York et San-Francisco… Tiens,
prends-les tout de suite. Ça éclaircira la situation.
    Jean Nib prit les deux papiers que lui tendait
son père, les plia et les mit dans sa poche.
    – Maintenant, ajouta le baron, partageons
ces deux millions de billets. Si je garde un million, mon fils, il
faut que tu saches tout de suite pourquoi. Gérard… ton malheureux
frère…
    – Oui, mon père. Et laissez-moi
ajouter : un million, ce n’est pas assez. Si Marie Charmant…
je veux dire si Valentine est de mon avis, avec votre permission,
nous ferons quatre parts du tout : une part pour vous, mon
père, une pour Gérard, une pour Valentine, une pour moi.
    – Ce sera à examiner plus tard… Ah !
s’il n’y avait pas Lise !… Mais il y a Lise ! et Lise
aime ce misérable…
    – Mon père…
    – Elle aime Gérard, reprit le baron en
soupirant, et pour elle, pour cette enfant si pure, pour cet ange
de dévouement et de bonté, il faudra tenter la rédemption de
Gérard !… Quoi qu’il en soit, partageons toujours ceci…
    – Si vous le permettez, mon père, il vaut
mieux que cette somme toute monnayée demeure en vos mains. Il
suffira que je prenne cinquante mille francs…
    – Tu crois ?…
    – J’en suis sûr, mon père.
    Il n’y avait pas de discussion entre eux.
    Ce que l’un désirait, l’autre l’adoptait
aussitôt.
    Déjà, Edmond avait pris dans la sacoche
cinquante billets de mille francs, et le baron alla renfermer le
reste dans une armoire de son cabinet.
    – Maintenant, dit-il, convenons des
choses essentielles.
    – Voici, mon père, à quoi j’ai
pensé : il me faut huit jours pour retrouver Marie Charmant…
Je veux dire ma sœur Valentine. Si, dans huit jours, je ne l’ai pas
retrouvée, c’est qu’elle est morte.
    Le baron pâlit, mais ne dit rien.
    Seulement, un long frisson douloureux
l’agita.
    Quant à Jean Nib, il avait prononcé ces mots
avec la suprême indifférence du désespoir… car s’il ne retrouvait
pas Marie Charmant, il ne retrouverait pas non plus
Rose-de-Corail.
    Et s’il ne retrouvait pas
Rose-de-Corail ; il était décidé à se faire sauter la
cervelle.
    Il est à remarquer ici que, dans toute cette
période, Edmond d’Anguerrand ne parla pas de la fille des fortifs.
Si elle était morte, il mourrait lui-même… S’il la retrouvait, il
verrait alors comment, à quel moment et dans quelles circonstances
il pourrait la présenter à son père… à sa famille, comme la femme
sans laquelle la vie n’avait pas de sens pour lui.
    Mais, s’il n’en parlait pas, Jean Nib n’eut
pas une minute de sa pensée qui ne fût consacrée à elle.
    Et tandis que son père énumérait les millions,
il songeait, lui :
    – Pauvre gosse ! avoir tant trimé
avec moi, avoir tant souffert pour moi, et finir juste au moment où
j’aurais pu lui donner un peu de bonheur !…
    Ce désespoir était la seule chose qu’il cachât
à son père.
    – Mon père, reprit-il, laissons de côté
la supposition où je ne retrouverais pas Valentine. Car, alors, je
reviendrais vous voir ici même. Je suppose que je la retrouve,
donc. Je vous fais aussitôt prévenir, et je m’embarque avec elle
pour

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