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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de Biribi qui se promenait
lentement sur le trottoir opposé.
    – Il attend… il se demande si la fenêtre
va s’éclairer… si c’est pour ce soir !… Oui !… c’est pour
cette nuit !… Quand même je ne le voudrais pas, maintenant, il
faut que cela soit, puisque j’ai écrit…
    Alors, elle traîna près de la fenêtre sa
petite table, mit la lampe allumée sur la table, et écarta même les
rideaux de mousseline afin que le signal fût bien visible et sa
volonté parfaitement claire pour Biribi.
    Sur la table, ensuite, elle plaça un papier
bien en vue ; il portait ces mots :
    – Rue Letort. Dans le galetas. Sous la
caisse.
    C’était l’indication de la cachette où Biribi
devait trouver les cinquante mille francs, prix de l’assassinat de
Lise.
    – Voilà, murmura-t-elle. C’est fait.
Cette nuit, tout sera fini !…
    Elle s’habilla pour sortir, c’est-à-dire
qu’elle jeta sur ses épaules un manteau de drap noir et mit sur sa
tête ce chapeau à long crêpe de deuil qu’elle portait d’habitude.
Dans la poche de sa robe, elle avait placé son revolver, et, sous
son manteau, dans une sorte de gaine intérieure adaptée à l’étoffe,
il y avait un bon poignard court et acéré…
    Alors elle descendit et trouva Tricot dans la
salle de cabaret.
    – Renvoie tout ce monde, dit-elle, et
ferme tout.
    Tricot tressaillit, comprenant que des choses
graves allaient se passer. Dix minutes plus tard, malgré leurs
protestations, les clients ordinaires étaient dehors, et Tricot
poussait les volets, verrouillait la porte. Alors, il revint
s’asseoir près de La Veuve.
    Il me faut deux autos cette nuit, dit
celle-ci. Celle de Biribi, l’autre pour moi. Celle de Biribi devra
être prête à filer vers minuit et demi, la mienne vers deux heures.
Celle de Biribi reviendra. La mienne ne reviendra pas.
    Tricot écoutait avec une attention
profonde.
    La Veuve tira de dessous son manteau un paquet
roulé dans un journal. Elle défit le paquet : il contenait
vingt mille francs en billets de banque.
    – Tricot, dit-elle, voici les dix mille
francs que je t’ai promis. Voici en outre dix mille francs pour
l’auto qui ne reviendra pas. Il faudra donner à Biribi un coup de
main pour y installer solidement la petite qu’il doit m’amener.
    – Bon. Et qui conduira votre
auto ?
    – Ne t’inquiète pas, j’aurai quelqu’un
avec moi.
    – Bon. Est-ce tout ?
    – Lorsque Biribi reviendra ici, cette
nuit, ajouta La Veuve, il est possible qu’il ait besoin d’entrer
dans ma chambre… je lui aurai peut-être donné quelques commissions,
en le quittant…
    – Bon, bon, ça ne me regarde pas…
    La Veuve se leva et se rendit à la chambre qui
servait de prison à Lise. Elle la trouva tout habillée du costume
qu’elle lui avait apporté.
    – Vous ne dormez donc pas ?
dit-elle.
    Lise secoua la tête et joignit les mains.
    – Madame… est-ce pour bientôt,
dites !… oh ! dites ! Si vous saviez ce que je
souffre…
    – C’est pour cette nuit, dit La Veuve,
tandis que Lise étouffait un cri de joie. Je venais vous dire de ne
pas vous coucher, de ne pas vous endormir. Écoutez vers minuit et
demi on vous ouvrira, vous monterez dans une automobile qui vous
attendra et vous conduira avenue de Villiers où… vous êtes
attendue…
    – Oh ! madame ! comment vous
remercier ! murmura Lise qui se prit à pleurer.
    – Vous me remercierez demain matin.
Courage… Demain matin, vos peines seront finies…
    Et La Veuve sortit rapidement. Car elle était
à bout de forces. Elle n’avait pas le tempérament de comédienne, et
il lui fallait un effort considérable pour ne pas laisser éclater
sa haine.
    Elle traversa les deux cours et sortit par la
porte cochère que Tricot lui ouvrit. Quelques instants plus tard,
elle était en route…
    En route pour l’hôtel d’Anguerrand !…

Chapitre 69 LES DERNIÈRES PAROLES DU BARON HUBERT
    Jeanne Mareil, après avoir donné ses derniers
ordres à Tricot et pris le dispositif de combat qu’on a vu, s’était
mise en route vers la rive gauche.
    Elle marcha sur l’hôtel d’Anguerrand. Son cœur
ne battait pas. Une formidable résolution pétrifiait ses traits
durs. Un sculpteur comme Rodin n’eût pas voulu d’autre modèle pour
figurer la haine en marche vers le crime.
    Lorsqu’elle atteignit le grand portail, il y
eut pourtant sur cette morne physionomie un éclair de joie
terrible : le portail était entr’ouvert. Hubert

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