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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et alors
une pensée terrible l’assaillit et le fit pâlir de douleur comme il
avait pâli de joie…
    Marie Charmant n’était plus Marie Charmant,
l’humble bouquetière des rues ! C’était Valentine
d’Anguerrand, la riche héritière !… Et lui ! lui, n’était
qu’un pauvre reporter sur le point de perdre sa
situation !…
    Et c’est
après
avoir su que Marie
Charmant, c’était Valentine d’Anguerrand, c’est après qu’il avait
dit à son frère : « J’aime votre sœur… la richissime
héritière !… »
    Des pensées pénibles assaillirent le pauvre
Ségalens, dont la droiture se révoltait à l’idée qu’on pouvait très
bien le prendre pour un coureur de dot.
    Mais déjà Jean Nib lui prenait les mains, les
broyait dans les siennes, et les yeux pleins de larmes :
    – Bon sang de sort ! en voilà une
chance ! Vous aimez Valentine !…
    – Ainsi, balbutiait Ségalens, ça vous
fait plaisir ?…
    – Plaisir ?… Écoutez : dès que
j’ai su par mon père que Marie Charmant était ma sœur, j’ai tout de
suite pensé que le plus grand bonheur pour elle serait de devenir
votre femme… Seulement, je me disais : « Il ne voudra
pas ! Il est trop fier pour épouser la sœur du malheureux que
je suis… » Et voici que vous l’aimez ! Voilà que vous
voulez bien !… Voilà que vous êtes de la famille… et que vous
devenez mon frère… et cela me sauve, voyez-vous ! Prés de
vous, guidé, encouragé par vous, je finirai peut-être par oublier…
ce que j’ai été…
    Jean Nib éclata en sanglots.
    Un souffle de générosité emporta Ségalens. Il
ouvrit ses bras et les deux hommes s’étreignirent
fraternellement.
    – Oui, reprit Ségalens, mais votre père
voudra-t-il ?
    – J’en réponds. Quand il saura ce que
vous avez fait pour moi, il sera bien heureux de vous appeler son
fils…
    – Mais je suis pauvre…
    – Eh bien ! fit Jean Nib avec
étonnement, qu’est-ce que ça peut vous faire, puisqu’elle est
riche ?…
    Ségalens baissa la tête et songea.
    Puis, sur les demandes réitérées de Jean Nib,
il dut raconter comment il avait connu Marie Charmant et comment il
l’avait aimée sans oser le lui dire.
    – Bon, fit Jean Nib lorsqu’il eut achevé,
je me charge de le lui dire, moi. Et je réponds qu’elle vous
aime.
    – Qu’en savez-vous ? fit Ségalens
souriant malgré lui.
    – Je la connais. C’est un brave cœur, une
fille pleine de sens et de finesse ; il est impossible qu’elle
ne se soit pas aperçue de votre amour…
    – Mais cela ne prouve pas qu’elle
m’aime !
    – Mais si !… Vous verrez… elle va
vous le dire elle-même…
    Le front de Ségalens s’assombrit :
    – Nous parlons comme si elle était
là ! comme si nous devions la voir dans quelques
minutes !…
    Jean Nib pâlit. Un instant, il demeura comme
étourdi, puis il murmura :
    – C’est vrai ! j’oubliais,
moi !… oui, j’en arrivais à oublier que Valentine est aux
mains de La Veuve…
    Et plus bas il ajouta :
    – Valentine… et Rose-de-Corail !
Mais, comme je vous le disais en arrivant, je crois être sur la
piste de La Veuve. Je crois, du moins, que dans une masure de la
rue Saint-Vincent, à Montmartre, j’aurai ce soir des indices
positifs… Voyons, il est dix heures et demie… pour une fois encore,
je vais endosser la tenue du rôdeur…
    Jean Nib défit alors le paquet qu’en entrant
il avait déposé sur le tapis, et qui contenait les vêtements qu’il
portait encore quelques jours auparavant.
    Il commença aussitôt à s’en revêtir.
    – Rue Saint-Vincent, dites-vous ?
reprit le reporter. Je vous dirai tout à l’heure ce que j’en pense.
Car je vous accompagne, bien entendu.
    – Mais vous allez me faire remarquer avec
votre habit de soirée !
    – Attendez. J’ai encore le costume que
j’endossais quand vous me pilotiez dans les bouges pour mes
articles sur la pègre.
    Il disparut dans sa chambre à coucher et
revint en effet cinq minutes plus tard tel que Jean Nib l’avait
vu ; pendant ce temps il avait achevé de se transformer.
    – Maintenant, dit-il, je puis accepter
votre collaboration… Il faut que nous soyons rue Saint-Vincent vers
minuit ; nous pouvons donc partir.
    – Oui, dit Ségalens d’une voix
ferme ; mais ce ne sera pas pour aller rue Saint-Vincent…
    – Vous savez quelque chose ? s’écria
Jean Nib. Déjà, tout à l’heure…
    – Eh bien ! oui… Mais rien

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