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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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peux
pas !… je ne peux pas !…
    Dix minutes plus tard, Jean Nib ouvrait une
fenêtre et modulait un coup de sifflet si doux qu’à peine
pouvait-il être entendu… Alors, Rose-de-Corail s’approcha vivement
de la voiture qui stationnait au coin de la rue de Babylone, et
murmura :
    – Ça y est ! À nous, Biribi !
enlevons les macchabées ! C’est dans l’ordre et la marche du
programme imposé par celui qui casque !…

Chapitre 11 LA VEUVE
    Il était environ cinq heures du soir. Il
faisait sombre. Il faisait froid.
    Jean Nib, quatre jours après son entrevue avec
Gérard d’Anguerrand et sa conjonction avec Marie Charmant, vers
cette heure que nous venons de dire, entrait dans la rue Letort,
tout à fait au bas du versant montmartrois. Il cheminait côte à
côte avec Rose-de-Corail. Ils ne se disaient rien. Lui, marchait la
tête basse. Elle, l’œil à l’affût, dévisageait les passants pour
deviner les policiers de loin…
    Vers cette partie – alors presque déserte – de
la rue Letort, qui va se perdre sur la croisée des boulevards
confinant aux fortifications, Jean Nib entra dans une maison que
flanquaient à gauche les écuries d’un loueur de voitures et à
droite les chantiers d’un entrepreneur de démolitions. Il monta au
quatrième, ouvrit une des trois portes du palier, entra.
    Le logis était triste, sale, encombré de
ballots et de paquets, avec la physionomie d’un magasin de
recel.
    Près d’une table sur laquelle il y avait une
bouteille et un verre, une femme tout de noir vêtue était assise,
rêvant ou dormant peut-être… On ne lui savait pas de nom ;
alors, on l’appelait La Veuve, parce qu’elle était toujours en
noir.
    Jean Nib posa sa main sur l’épaule de cette
femme et dit :
    – Salut, La Veuve. C’est moi. J’ai des
choses à vous dire…
    La Veuve ne fit pas un mouvement.
    – Elle est partie dans ses idées noires,
dit Rose-de-Corail.
    Mais, lentement, La Veuve relevait la
tête ; en quelques secondes, la morne expression d’hébétude de
ce visage se transforma, se dissipa, se fondit… la figure fut
immobile un instant… puis cela devint un masque d’ironie terrible,
douloureuse, haineuse.
    – Des idées noires ? bégaya-t-elle.
Oui ! Tout est noir en moi et hors de moi ! Il serait
étrange que mes idées ne fussent pas couleur de deuil, puisque je
porte le deuil de ma jeunesse, de ma beauté, de mon amour, de ma
vie… Mais parle : qu’as-tu à me dire ? Allons ! vous
n’avez pas le sou, hein ?… Et vous avez compté sur moi ?…
Qu’est-ce que vous apportez, cette fois ? Un bijou ?… Une
montre ?… Un ballot de soie ?…Allons, exhibe, que
j’estime !…
    – Écoutez-moi, La Veuve, dit Jean Nib
avec une sorte de gravité. Je ne vous apporte rien, et n’ai pas
besoin d’argent. J’ai touché, il y a quatre jours, cinq mille
francs ; ce matin vingt mille ; d’ici trois jours, j’en
toucherai cent mille ; total : cent vingt-cinq mille,
comme dit Charlot.
    – Alors ?… quoi ?… gronda La
Veuve, que ces chiffres ne semblaient pas émouvoir.
    – Alors, voici : j’ai touché cela
pour supprimer un homme et une jeune fille,
comprenez-vous ?…
    – Oui, tu les as surinés. Mon Dieu, je
savais que tu en viendrais là… Voyons, raconte un peu…
    – Celui qui paye m’avait dit :
Tue-les !… Eh bien ! La Veuve… je n’ai pas frappé !…
Tous deux sont vivants !… Je n’ai pas frappé !
Pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne saurai jamais. Je ne veux pas
savoir… Mais à celui qui paye,
j’ai dit que j’avais
frappé !
Voilà l’affaire, y êtes-vous ?
    – J’y suis. Après ?…
    – Après ?… Ces deux êtres qu’il
fallait supprimer, il s’agit de les mettre à l’ombre, de façon que
jamais ils ne se trouvent face à face avec l’autre… avec
Charlot ! Nous les avons ficelés, empaquetés, emportés… Mais
que vais-j’en faire, de la gosse ?… Pour l’homme, ça va… Il
est en lieu sûr, je m’en charge. Mais la petite ?… Alors, j’ai
pensé à vous, La Veuve ! Vous avez recelé tant de choses dans
votre vie !… Si vous acceptez, il y a cinq mille francs pour
vous…Est-ce oui ?… Je vous amène la petiote dès
lendemain !
    – Un instant ! grommela La Veuve. Je
tiens à savoir, moi !… D’abord le nom de l’homme et de la
gosse.
    Jean Nib répondit :
    – L’Homme s’appelle le baron Hubert
d’Anguerrand. La gosse, c’est sa fille, et elle

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