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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pareil ?… Allons, ton compte est
bon !… Marche ! Et pas de chiqué, la belle !…
    – Et ça ! c’est-il du chiqué ?
fit une voix dans un grondement de fauve. En même temps, Jean Nib
détachait un coup de tête, catapulte vivante, sur la poitrine de
l’un des policiers qui s’affaissa… La seconde d’après, il marchait
sur l’autre agent, si terrible, si formidable d’allure et
d’attitude, que l’homme, après un rapide regard autour de lui,
esquiva la lutte.
    L’inconnue tremblait comme la feuille au vent
et, pâle de terreur, les mains jointes, assistait à cette scène
qu’elle suivait d’un regard où, peut-être, il y avait autant de
curiosité que d’effroi… une curiosité hardie de véritable gamine de
Paris habituée à tous les hasards de la rue.
    – Venez, fit Rose-de-Corail, d’une voix
très douce, venez vous réconforter…
    Quelques minutes plus tard, ils entraient tous
trois dans la buvette ravagée, où le patron, philosophiquement,
relevait les tables et balayait les débris de verre. Et alors, à la
lumière douteuse du quinquet, Rose-de-Corail avec une instinctive
jalousie, Jean Nib avec étonnement, virent que l’inconnue était une
jeune fille de dix-huit ans, adorablement jolie, la bouche mutine,
les yeux lumineux d’un beau bleu satiné de pervenche, taille
cambrée, mains fines, opulente chevelure blonde comme les blés en
août…
    – Comment t’appelle-t-on, la gosse ?
dit Jean Nib d’une voix enrouée par l’admiration.
    La jeune fille, déjà rassurée sans doute, eut
un sourire d’une exquise hardiesse qui illumina son visage délicat,
et elle répondit :
    – On m’appelle Marie Charmant…
    Et, sans embarras, souriante, l’œil franc, la
physionomie ouverte, elle continua, prévenant les questions
entremêlant son petit discours de termes ramassés à droite et à
gauche, au coin des bornes…
    – Oui, on m’appelle comme ça, mais quant
à dire si c’est mon nom, ça est une autre paire de manches. C’est
parce qu’on dit que je suis très jolie…moi, je veux bien, mais ma
glace ne m’en a encore rien dit, et ce n’est pas d’ailleurs que mes
mirettes l’aient beaucoup usée, ma glace… Ce que je m’en bats les
cils, moi, d’être jolie !… Enfin, ça me sert de nom… on
s’appelle comme on peut… Et voilà ! Je suis marchande de
bouquets, à la rue : muguet, réséda, roses, mimosa, lilas,
chrysanthèmes, œillets, je vends de tout, suivant la saison… on
vend ce qu’on peut, et ça fait bouillir ma petite marmite. Je
demeure rue Letort, vous connaissez ça ?… la cassine près du
chantier de démolitions et des écuries du loueur (
ici, Jean Nib
eut un tressaillement
). Une chambrette grande comme mon
mouchoir de poche, trois pots fleuris sur le rebord de la
fenêtre…
    « Alors, vous comprenez, j’ai reçu
commission de porter des chrysanthèmes sur une tombe, pour une
pauvre veuve… ma voisine (
Jean Nib tressaillît à nouveau
).
J’ai donc fait la commission, un peu tard, à preuve qu’il a fallu
parlementer avec le gardien, et puis, voilà qu’après m’être un peu
attardée par là, je m’en revenais bien tranquillement… et voilà mes
deux ostrogoths qui me sautent sur le casaquin !… Ah !
zut !… Heureusement, vous avez rappliqué dare-dare, et me
voilà tirée de leurs sales pattes !… Merci, monsieur, je
n’oublierai jamais ça… foi de Marie Charmant !…
    Et ce nom de Marie Charmant lui seyait à
merveille. Car elle était vraiment charmante de grâce et de
hardiesse ingénue – toute la hardiesse de l’innocence la plus pure
– et adorablement gentille quand elle tendit sa main fine à Jean
Nib.
    Et tandis qu’elle parlait, Jean Nib, le regard
invinciblement attaché sur celle qu’on appelait Marie Charmant, les
yeux fixes, comme perdus en une lointaine rêverie, la physionomie
contractée par l’effort de quelque mystérieuse recherche… oui Jean
Nib songeait à ceci :
    – Ces yeux… Oh ! ces yeux !…
Ils sont bleus !… d’un bleu violet pâle… Les yeux de
Charlot-Lilliers – de Gérard d’Anguerrand, sont noirs comme les
miens… Oh ! ceci est étrange !… Tout à l’heure, quand
Charlot me parlait, je regardais ses yeux noirs, et il me semblait
que
c’étaient mes yeux que je voyais !
… Et maintenant
que je regarde les yeux bleus de cette gosse… oui, encore
maintenant, il me semble
que je vois mes yeux à moi !

Ah ça, mais je deviens fou,

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