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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tous les garçons,
autour de Segré, en étaient amoureux. Mais elle n’en voulait aucun…
C’est à ce moment que Jeanne Mareil connut l’homme qu’elle devait
aimer, et cet homme s’appelait le baron Hubert d’Anguerrand…
L’homme que tu n’as pas voulu frapper de ton couteau !… Enfin,
tu sauras qu’il avait des domaines près de Segré, un château, des
bois pour la chasse à courre, des champs à perte de vue, des fermes
en quantité ; tu sauras, en outre, que ce baron vit Jeanne
Mareil et qu’il en fut amoureux. Il lui parla. Elle l’écouta.
Finalement, il lui demanda de le suivre… Jeanne était fière :
elle refusa de se donner ; et pourtant, je jure qu’elle
adorait cet homme… « Votre femme, oui !… Votre maîtresse,
non ! » Voilà ce qu’elle répondit.
    – Mais que fit le baron ?
    – Il enleva Jeanne Mareil, dit La Veuve.
C’est bien simple, n’est-ce pas ? Quand on est riche à
millions et qu’une fille vous résiste, on la prend et on l’emporte.
Pour ce genre de crimes, il n’y a pas de guillotine : le baron
emporta Jeanne dans son château…
    – Alors, ajouta Jean Nib en serrant les
poings, la pauvre petite Jeanne Mareil devint malgré elle la
maîtresse de ce gueux de baron ?…
    – Jeanne ne devint pas la maîtresse du
baron. Je t’ai dit qu’elle était fière ! Elle se défendit,
elle lutta… et fut la plus forte. Le baron jura d’épouser, pria,
pleura, supplia, menaça, rien n’y fit ! Jeanne demeura chaste.
Enfin, elle finit par découvrir des lettres de notaire oubliées
dans un tiroir et qui lui apprirent que, justement, Hubert mijotait
un mariage avec une demoiselle riche et titrée… Ce mariage devait
avoir lieu dans deux mois… Et un soir qu’il jurait pour la millième
fois de lui donner son nom et sa fortune si elle consentait, elle
lui mit sous le nez les lettres du notaire…
    – Ça, c’est tapé !… s’écria Jean
Nib.
    – J’aurais voulu voir la tête du baron à
ce moment-là ! fit Rose-de-Corail en battant des mains. Que
fit-il ?… Que dit-il ?…
    – Ce qu’il dit ? Rien !… Ce
qu’il fit ? Il sauta sur Jeanne qu’il renversa… Mais à coups
de dents, à coups de griffes, elle fit tant et si bien qu’il
recula, blême de honte, tremblant de rage. Et alors, il ouvrit la
porte à Jeanne, qui, en quelques bonds, fut hors du château…
    – Sauvée !… Bravo !… Bien fait
pour ce sale mufle de baron !…
    – C’était une rude petite femme !…
fit Jean Nib.
    – Sauvée ? dit La Veuve en éclatant
de rire. Sauvée ? Eh bien ! vous allez savoir le plus
beau de l’affaire ! Savez-vous à qui appartenaient les fermes
exploitées par la mère de Jeanne ? Au baron
d’Anguerrand ! C’était Hubert, l’amoureux de Jeanne, qui était
le créancier de la mère !… Et savez-vous ce qu’il avait fait,
ce digne baron, avant d’enlever Jeanne ? Il avait été trouver
la vieille mère et lui avait proposé ce marché : « Votre
fille ou l’huissier !… » Et savez-vous ce qu’il dit,
après avoir emmené la petite comme un brigand des grands
chemins ?… Il dit à la mère que son enfant la reniait, qu’elle
en avait assez de la vie de village… et qu’elle était sa
maîtresse !… Et cela, il le dit à qui voulut
l’entendre !… Et comme la mère menaçait, savez-vous ce qu’il
fit ?… Il fit saisir la vieille tandis qu’il séquestrait
l’enfant ! Il fit vendre ses meubles !… Il la fit
expulser !…
    La Veuve eut une sorte de rugissement, puis
elle ajouta, très calme :
    – En sorte que Jeanne, en rentrant chez
elle au bout d’un mois et demi d’absence, trouva sa mère mourante
de honte et de chagrin… En sorte que la pauvre vieille mourut cinq
jours plus tard… En sorte que, sur le cadavre de sa mère assassinée
par le baron d’Anguerrand, Jeanne fit un serment
terrible !
    – Dire que j’ai épargné cet homme !
gronda Jean Nib en soufflant fortement.
    – Tu le tiens encore ! fit La Veuve
en lui jetant un de ces regards d’une funeste clarté qui faisait
frissonner.
    – Ça, c’est autre chose, La Veuve !
dit Jean Nib. Il est trop tard. N’en parlons plus !
    – Soit ! fit La Veuve avec une sorte
d’indifférence. Je continue donc. Lorsque Jeanne revint de
l’enterrement, elle se prit à réfléchir. Elle était ruinée de fond
en comble. Cela n’était rien, en comparaison de l’amertume qu’elle
se sentait au cœur… Elle

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