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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rappelle-toi !…
Voilà que tu la pleures, à présent. Et moi, dis ! Et moi, tu
m’oublies donc ? Je ne suis donc pas ta femme ? Je ne
suis donc pas celle qui peut aussi aimer et consoler ?… Mes
souffrances ne comptent pas, à moi ! Que je passe les nuits et
les jours à veiller sur toi, que je tremble de découvrir en chaque
nouveau venu un agent de la Sûreté à la recherche de Lilliers ou de
Charlot, cela importe peu, dis ?… Je ne parle pas de mon
amour… mais pourtant !… As-tu songé que le délire des
étreintes peut t’offrir la consolation suprême ? As-tu songé
que les baisers d’une femme telle que moi peuvent te verser
l’oubli, ne fût-ce que pour quelques heures ?…
    De plus en plus, la courtisane affolée d’amour
se penche sur le misérable affolé de remords. Et il ne peut
s’empêcher de l’admirer ! Vaguement, il tend les bras… Ils
vont s’étreindre…
    À ce moment, on frappe à la porte…
    Cette fois encore, les lèvres maudites ne se
sont pas unies…
    Dans le même instant, Adeline bondit en
arrière, et Gérard fut sur pied. Avec l’effrayante rapidité du mime
génial qu’il est en vérité, il compose son visage ; il passe
un crayon de carmin sur ses lèvres ; il frotte ses joues d’une
houppe de poudre rose ; il s’arme d’un sourire… et, déjà, ce
n’était plus l’être livide, décomposé, qui se tordait sur ce
canapé…
    – Entrez ! dit-il de la voix ferme
et sévère du maître qui s’étonne qu’on le dérange.
    – Monsieur le baron m’excusera, dit la
soubrette qui apparut. Une femme est là, qui refuse de s’en aller
et veut parler à monsieur le baron !
    – À trois heures du matin ! Vous
êtes folle, ma fille !… dit Adeline.
    – Qu’on jette cette femme à la porte,
voilà tout, ajoute Gérard.
    – C’est ce qui a été essayé. Cette femme
est arrivée pendant le gala de madame la baronne, et s’est
installée à l’office. Maintenant, elle ne veut pas s’en aller. Elle
exige qu’on dise à monsieur le baron qu’elle vient de la part d’un
homme qui s’appelle… Jean… Jean Nib, voilà le nom !
    – C’est vrai, j’avais oublié, dit
tranquillement Gérard. Faites entrer cette femme !…
    La Veuve est introduite…
    Jeanne Mareil, maîtresse du comte de Damart
tué par Hubert d’Anguerrand est en présence de Gérard et d’Adeline
de Damart, maintenant baronne d’Anguerrand !…
    – Que voulez-vous ? demanda rudement
Gérard.
    – Vous parler à vous seul, répondit La
Veuve. C’est au fils d’Hubert d’Anguerrand que j’ai affaire, et non
à d’autres.
    La Veuve parlait avec une sorte d’orgueil
farouche ; et les deux damnés comprirent que cette inconnue
aux traits durement accentués, à la bouche amère, aux yeux chargés
de haine, tenait peut-être leurs destinées dans ses mains.
    – Les secrets de mon mari sont les miens,
dit Adeline de sa voix la plus caressante. Vous avez fait dire que
vous veniez de la part de Jean Nib. Je sais ce que Jean Nib a fait
ici, dans cet hôtel… Vous pouvez donc parler devant moi…
    – Qu’avez-vous à nous dire ? reprit
Gérard avec la palpitante appréhension d’une catastrophe.
    – J’ai à vous dire ceci, répondit La
Veuve, que je hais de toute mon âme le baron Hubert d’Anguerrand,
votre père. Ma haine, voyez-vous, c’est ma vie. Je hais comme je
respire. Pour cesser de haïr, il me faudrait cesser de vivre. Et
voilà des années que c’est ainsi.
    – Pourquoi haïssez-vous ainsi mon
père ? demanda sourdement Gérard.
    – Il m’a fait beaucoup de mal… beaucoup,
dit-elle d’un soupir atroce. Entre autres reproches que je pourrais
lui adresser, il en est un qui doit vous paraître suffisant :
Hubert d’Anguerrand a tué le comte Louis de Damart ; et Louis
de Damart, c’était mon amant…c’était le père de mes enfants…
    Au nom de Louis de Damart, Gérard jeta sur
Adeline un regard où se peignait une stupeur d’effroi… Quant à
Adeline, elle était devenue pâle comme la mort… mais telle était sa
puissance sur elle-même qu’elle contint les questions qui
tremblaient sur ses lèvres. Seulement, ses yeux, d’une si
redoutable clarté, s’attachèrent sur La Veuve avec une curiosité…
que dis-je ! avec une sympathie infernale Sapho était digne de
comprendre La Veuve… et déjà elle l’avait comprise !
    – Maintenant que je vous ai dit pourquoi
je hais Hubert d’Anguerrand… reprit Jeanne

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