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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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quand
il s’est laissé prendre… Aussi, on n’a jamais vu pareille
imprudence… S’il m’avait écoutée, il n’aurait pas eu maille à
partir avec les agents de la sûreté…
    – Mais le marquis ? Vous disiez…
    – Oui. Eh bien ! figure-toi que le
marquis… tu connais bien la petite couturière qui demeure
au-dessous de chez moi ?
    – Magali ?
    – C’est cela ! Eh bien ! voilà
que Jean Nib, en arrivant dans la chambre à coucher du marquis, où
se trouvait le magot, se met à regarder dans ses papiers…
l’imbécile ! Pendant ce temps-là, les agents, prévenus par ce
mouchard de Biribi, entraient au salon…
    – C’est bien cela ! murmura
Rose-de-Corail.
    – Le voilà donc qui se met à fouiller les
papiers, continua La Veuve en activant un mouvement imperceptible
de ses mains derrière son dos. Et il trouve… quoi ? Tu ne
devinerais jamais !
    – Parlez donc ! fit Rose-de-Corail
suspendue aux lèvres de La Veuve.
    – La photographie de la petite
couturière !…
    – De Magali ?…
    – Oui ! Ça t’en bouche un
coin ? Eh bien ! c’est comme ça. Une photographie avec
des mots écrits dessus… Attends donc que je me rappelle… des mots
d’amour…
    La manœuvre de La Veuve, était admirable. En
effet, dès lors, la question pour Rose-de-Corail n’était plus de
savoir pourquoi Jean Nib avait bâillonné et lié La Veuve, mais de
connaître l’histoire d’amour qui s’ébauchait. Quant à la
photographie, La Veuve disait la vérité : elle l’avait vue le
jour même où Magali l’avait envoyée jadis.
    – Je me souviens, continua-t-elle tout à
coup, après un silence. Il y avait :
À mon bien-aimé
Robert, pour la vie
. Le marquis que Jean Nib dévalisait,
c’était l’amant de Magali !
    – Mais vous disiez, La Veuve, que Jean
Nib regardait ce portrait ? En quoi ça pouvait-il
l’intéresser ?
    – Dame, est-ce que je sais, moi ?
Paraît que ça l’intéressait tout de même ! Allons, ma fille,
voilà ta figure qui se bouleverse… Tu sais bien que Jean Nib
n’adore que toi… J’en suis sûre…
    – Bien sûr, bien sûr, fit Rose-de-Corail,
dont les lèvres frémissaient. Et ce portrait, l’a-t-il
gardé ?
    – Je ne crois pas, ma fille, je ne crois
pas…
    « Au fait, je n’en sais trop rien, car
juste à ce moment…
    – Eh bien ?… à ce moment ?…
    – Ouf ! ça y est ! rugit tout à
coup La Veuve, qui était parvenue à défaire le lien de ses
poignets.
    Au même instant, elle fut debout, et,
repoussant Rose-de-Corail, stupéfaite, d’un violent coup dans la
poitrine, elle se rua vers la porte. Rose-de-Corail jeta le cri
qu’avait entendu Jean Nib. Quelques secondes plus tard, Jean Nib
entrait précipitamment dans la pièce, et, devinant tout d’un
regard, grondait un juron en s’élançant au dehors. Rapidement, il
battit les environs mais La Veuve avait disparu.
    *
* * * *
    – Qui appelle ?… Que se
passe-t-il ?… Pourquoi suis-je ici ?
    Gérard d’Anguerrand venait d’ouvrir les yeux.
Les soins de Marie Charmant l’avaient à demi ranimé et les cris
qu’elle avait poussés avaient achevé de le réveiller. Il essaya de
soulever sa tête qui retomba pesamment. Alors il sentit prés de
l’épaule la brûlure des chairs déchirées. Quelques instants, il
chercha dans sa tête à s’expliquer ce qui s’était passé.
Brusquement, le souvenir lui revint, et avec le souvenir, la
terreur : il se vit seul. Son père n’était plus là et la
première pensée de Gérard fut :
    – Il a été chercher la police… Je suis
perdu !…
    Cette pensée le galvanisa : Gérard blessé
grièvement – mortellement peut-être – se leva. Ses nerfs se
raidirent. Ses muscles se tendirent. Il y eut en lui une violence
de volonté qui dompta la faiblesse du corps.
    Ce fut d’un pas ferme qu’il se mit en marche,
l’œil au guet, l’oreille aux écoutes, pareil au sanglier décousu
qui cherche à éviter les chiens pour aller mourir à sa bauge.
Gérard, sans inquiétude, eût été incapable de remuer un bras ;
il fût resté étendu à sa place, évanoui, et peut-être eût-il
succombé. Gérard fouetté, cinglé, cravaché par la terreur de la
police, retrouva de la vigueur dans ces réserves que la nature
cache au fond de tous les êtres, et où il est impossible de faire
la part des muscles et la part de cette force inconnue que l’on
peut appeler le fluide vital… Gérard descendit l’escalier…

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