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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bouquetière
persécutée !
    – Tiens ! fit La Merluche
stupéfait.
    – Ta boîte ! Pose ta chique !
Ferme ça ! T’as assez vendu…
    Ces diverses interpellations à La Merluche
prouvèrent à Zizi que le titre de son histoire avait séduit la
bande.
    – Donc, vous saurez, continua-t-il, que
pas bien loin d’ici, dans Lantinpuche, comme qui dirait rue Letort,
à Montmartre, habitait une gosse de seize à dix-sept ans, jolie
comme il y a pas plus jolie, et bonne avec ça, si bonne qu’elle
n’avait rien à elle. Pour vous en donner une idée, elle était
capable de se cambrioler elle-même pour secourir les malheureux. Et
c’est pas les malheureux qui manquent ! Justement, il y avait
au-dessous d’elle un frangin et une frangine qui n’en menaient pas
large, parce que leur dab était parti pour un grand voyage. Le
frangin essayait bien, par-ci par-là, de rapporter n’importe quoi à
la masse. La frangine avait beau, de son côté, s’user les mirettes
à turbiner la nuit après avoir turbiné le jour, bien souvent ils
auraient été obligés de se brosser le ventre si Marie Charmant
n’avait été là. Alors, quand elle voyait la débine trop grande,
elle descendait tantôt avec un pot-au-feu, tantôt avec une
bouteille de cacheté, enfin jamais les mains vides. Et il y avait
pas moyen de lui dire merci. Elle se sauvait si on lui parlait de
ça. Et puis, elle vous avait des paroles réconfortantes. Les
quarante pélauds qu’elle feignait d’oublier sur la cheminée,
c’était rien ; ce qui était tout, c’est qu’elle vous disait
des choses… j’ai jamais su où elle les prenait… Elle pleurait avec
la frangine et donnait des tapes au frangin. Tout ça, c’est pour
vous dire que c’était une fille tout ce qu’il y a de plus chouette,
le cœur sur la main, là…
    Zizi toussa comme si quelque chose l’eût
étranglé. Puis, devant ses auditeurs profondément attentifs,
continua :
    – Enfin, bref, Marie Charmant la
bouquetière était connue dans le quartier comme la plus jolie et le
meilleur cœur. Quant à lui faire de l’œil, c’était midi-quatorze
pas moyen, mes enfants ! Rien que d’un éclat de rire, elle
vous rembarrait les amoureux ; et elle avait bientôt fait de
les envoyer à Dache.
    – Une perle, quoi ! fit l’un des
cœurs.
    – Tu l’as dit, bouffi !
    – Malheur que j’aie pas connu une fille
pareille ajouta l’un des plus vieux (quinze ans).
    – Sois tranquille ! tu l’aurais
connue que ça aurait été le même prix. Elle n’aurait pas été pour
ton naze, ni même pour le mien.
    – Continue, Zizi ! reprit la
majorité qui, pareille au chœur des tragédies antiques interrogeant
œdipe, demanda :
    – Et quoi qui lui est arrivé à c’te pauv’
gosseline ?
    Zizi jeta un regard sur ses auditeurs et vit
que tous s’intéressaient au sort de son héroïne. Et, pour
intéresser cette bande de jeunes chenapans il n’avait fallu que ces
deux mots : jolie et bonne… tant la beauté et la bonté vont de
pair dans l’esthétique de ces cervelles pourtant incultes.
    Voilà ! continua-t-il. Vous saurez qu’à
ce moment-là y avait une gonzesse de la haute qui était juste le
contraire de la môme Marie Charmant. C’est-à-dire, pour belle, elle
l’était, mais quelle gale ! Une vraie teigne, que j’vous dis…
du moins, je m’en doute ! J’l’ai vue qu’une fois, mais ça
suffit…
    – Comment ! tu l’as vue !…
    – Elle est donc vivante, ta gonzesse de
la haute !…
    – C’est donc pas une vraie histoire que
tu nous contes, puisque ça a l’air d’être arrivé.
    – Fermez ça, commande Zizi. Laissez-moi
vous dire la suite, et vous verrez si cette bougresse-là n’était
pas un vrai chiendent. La baronne… C’était une baronne, faut vous
dire !
    – Mince !…
    – La baronne, donc, en voulait à la
pauvre petite bouquetière. Pourquoi ? Ne me le demandez pas,
vu que j’en sais rien. Mais elle lui en voulait à mort ! Et
voilà qu’un jour, ou plutôt une nuit, elle radine chez Marie
Charmant et l’emporte dans un sapin jusqu’à sa cambuse où elle
l’enferme…
    – Sale rosse !…
    – Pauvre petiote !…
    – Elle voulait lui régler son, affaire,
la bougresse !…
    – Oui ! dit Zizi qui recueillait
avidement ces interruptions. Mais attendez ! Voilà qu’il y
avait un bon bougre, un gars d’attaque, un bon zigue, comme qui
dirait un Cœur-Bleu, quoi ! Et justement, Nénesse…

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