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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est
Nénesse qu’y s’appelle, le bon bougre… Nénesse, donc, si vous
l’aviez vu, z’auriez juré que c’était l’un de nous !
    – Vive Nénesse ! fit la bande,
vraiment flattée que le héros de l’histoire fût semblable à l’un
d’eux.
    – Nénesse, donc, flânochait aux alentours
de la rue Letort, lorsque la baronne radina pour enlever la
bouquetière afin de lui faire toutes les misères possibles.
Qu’est-ce que fait mon Nénesse ? Il grimpe derrière le sapin
qui, après avoir longtemps roulé, rapplique enfin à la cambuse de
la baronne, un vrai nid de hibou, malgré que ça soye beau comme
l’Élysée. Voilà la baronne et la gosse qui descendent. La gosse ne
disait rien, mais elle pleurait comme une Madeleine, et de
l’entendre sangloter, Nénesse en avait le cœur à l’envers. La
baronne se met à dire « Marchez, nom de Dieu ! Pas la
peine de tant chialer ! J’veux pas vous bouffer toute crue
sans boire un canon ! » C’était une frime, comme vous
pensez. Elle voulait bien la bouffer, la sale teigne, et la pauvre
petite bouquetière s’en doutait bien. Mais, halte-là ! Nénesse
veillait au grain !
    Toute la bande frémit – y compris La Merluche,
qui avait fini par oublier qu’il connaissait Marie Charmant et qui,
par conséquent, s’intéressait vivement à « l’histoire ».
Zizi reprit :
    – Le lendemain, voilà mon Nénesse qui
s’aboule sans faire semblant de rien dans le quartier de la
baronne, qui jaspine avec l’un, avec l’autre, qui reluque la
cambuse, étudie les moyens d’y entrer, enfin, une fois qu’il sait
tout, s’en va en se frottant les mains et en se disant « y a
pas ! j’sauverai la gosse Marie Charmant ! »
    – Vive Nénesse ! répéta la bande qui
palpitait.
    – Oui, ajouta l’un, mais la cambuse de la
sacrée baronne doit être surveillée !
    – Comment qu’y va faire, tout seul, le
pauv’ Nénesse ? dit un autre.
    – Pourvu qu’on ne l’estourbisse
pas !…
    – Eh bien, voilà ! reprit Zizi. Faut
vous dire que Nénesse a une demi-douzaine d’aminches, comme qui
dirait vous ! Des zigues à la hauteur, pas froid aux yeux, pas
les mains dans les poches… enfin, tout ce qu’il y a de plus rupin
en fait de pégriots… comme qui dirait v’là vous, que j’vous
dis !…
    Les Cœurs-Bleus se regardèrent avec
orgueil.
    – Et alors, poursuivit Zizi, voilà que
Nénesse a une bonne idée, ce qu’on peut appeler une idée
chouettarde. Qu’est-ce qu’il fait ? Il réunit sa bande, un
soir…
    – tenez ! comme qui dirait ce
soir !… – dans un lieu où y a pas de pet, vu que les flics
aiment mieux se balader dans la rue où il y a du monde… – comme qui
dirait ici !… – et voilà qu’il leur dit :
« Voulez-vous m’aider à sauver la pauvre petite
bouquetière ?… »
    Zizi profita de la stupéfaction des
Cœurs-Bleus pour continuer :
    – Non seulement on fera enrager cette
bougresse de baronne en tirant de ses pattes la gosse qu’elle veut
bouffer toute crue, mais encore on pourra se remplir les poches, vu
que la cambuse regorge de monacos, de pendules et de couverts en
argent, enfin de quoi faire la fortune de la bande des
Cœurs-Bleus !… Coup double !… Ça vous va-t-y ? Car,
j’ai pas besoin de vous le dire, Nénesse, c’est moi !…
    En un instant, toute la bande fut sur pied,
entourant Zizi qui s’était levé.
    – Y a pas ! faut sauver la
gosse !
    – Pauvre petite bouquetière !…
    – Eh bien ! reprit Zizi, puisque
nous sommes tous d’accord… Puisque nous jurons de sauver la gosse
des griffes de la baronne… Esgourdez un peu ! La cambuse se
trouve rue de Babylone, au coin, du côté du boulevard des Invalos.
Allons-y chacun de notre côté, pour que la rousse ne se méfie de
rien ! Et rendez-vous devant la piôle. À minuit tapant…
    À minuit, toute la bande se trouvait réunie au
coin de la rue de Babylone. Alors Zizi distribua les rôles. Il
donna un aperçu plus ou moins vague de la topographie de l’hôtel.
En effet, il avait à peine entrevu l’intérieur de la cour lors de
son séjour rue de Babylone. Mais, chez Zizi, l’imagination
suppléait à la connaissance positive des choses.
    Lorsqu’il crut avoir clairement expliqué à
chacun sa besogne, il murmura :
    – Attention ! ça y est ?…
    Ça y est ! répondit la bande d’une seule
voix.
    – Eh bien, à l’assaut !… commanda le
capitaine Zizi-Panpan.

Chapitre 31

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