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Fortune De France

Fortune De France

Titel: Fortune De France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Montluc, certes, qui désirerait les
réduire.
    Nous
étions affrontés à des dangers plus proches, comme Jean de Siorac l’avait dit,
non sans intention, à Guillaume de la Porte. Notre voisin Bertrand de Fontenac,
qui nous haïssait en raison du bannissement de son père, nous en avait
administré la preuve en lançant les Roumes contre nous, quand Jean de Siorac se
battait sous les murs de Calais. Il était donc à craindre qu’enhardi par les
persécutions dont les nôtres étaient l’objet dans le royaume, il n’essayât à
nouveau quelque traîtrise contre Mespech.
    Tandis
que nous pensions ainsi à notre redoutable voisin, notre enceinte s’achevait,
et Escorgol était déjà installé au premier étage du châtelet d’entrée, quand la
frérèche eut l’extrême surprise de recevoir, par chevaucheur, une missive du Baron
de Fontenac.
    Siorac
n’en crut pas ses yeux, ni Sauveterre ses oreilles, quand Siorac lui lut tout
haut le poulet : la fille unique du Baron de Fontenac, Diane, était
atteinte d’une grave maladie, dont on pouvait craindre qu’elle mît fin à ses
jours. Par malheur, aucun des médecins de Sarlat, de Bergerac et de Périgueux
n’avait, à ce jour, consenti à venir donner ses soins à Diane au château de
Fontenac.
    — Et
pardi ! Ils connaissent l’homme ! dit Sauveterre.
    En
conséquence, le Baron de Fontenac demandait à M. le Baron de Siorac, et à M. de
Sauveterre, Écuyer, de lui faire la grâce de pardonner chrétiennement les
différends qui s’étaient élevés, dans le passé, entre les deux familles...
    — Les
« différends » ! s’écria Sauveterre. La phrase est belle !
    — ...
et suppliait humblement le Baron de Mespech de venir apporter à sa fille le
secours de sa science.
    Les
deux frères se regardèrent avec stupeur.
    — Je
suis d’avis de refuser tout à plat, dit Sauveterre. Savons-nous seulement ce
qu’elle a, cette Diane ? Peut-être la peste. De nouveaux cas viennent
d’apparaître dans le Sarladais, et il ferait beau voir que cette Fontenac nous
apportât la contagion !
    — Je
suis, au contraire, d’avis d’accepter, dit Siorac. Cela me paraît à la fois
plus chrétien et plus habile.
    Il
eut un sourire en prononçant ces mots.
    — Mais,
bien sûr, en posant conditions.
    Après
une longue discussion, son avis l’emporta et, sur l’heure, Siorac rédigea une
lettre au Baron de Fontenac. Il faisait remarquer, d’abord, que s’il était
licencié en médecine de la Faculté de Montpellier, il n’était pas docteur, et
qu’il y avait, à coup sûr, à Sarlat, à Bergerac et à Périgueux, des médecins
plus savants que lui-même ; qu’il n’avait soigné jusque-là que des
personnes trop pauvres pour pouvoir requérir les soins de ces savants ;
qu’il ne pouvait s’éloigner de Mespech en ces temps si troublés, et moins
encore visiter son voisin ; mais que si celui-ci voulait lui confier sa
fille Diane, accompagnée d’une chambrière, il soignerait et hébergerait la
malade et la gardienne au deuxième étage du châtelet d’entrée de Mespech, dont
la fenêtre sud donnait sur le donjon de Fontenac ; qu’il voulait qu’il
soit bien entendu qu’il serait le seul à décider des soins à donner à Diane de
Fontenac pendant toute la durée de la cure ; que pendant cette durée,
Diane, pas plus que sa chambrière, ne recevrait de visites de Fontenac ni
d’aucune autre personne ; qu’en cas d’issue funeste de la maladie, le Baron
de Fontenac dégagerait entièrement la responsabilité du Baron de Mespech, et
renoncerait d’avance à tout recours ou procès contre lui ; et qu’enfin
Diane et sa chambrière devaient être, de haut en bas, lavées à l’eau chaude et
épouillées avec le plus grand soin avant de quitter Fontenac.
    Je
ne sais comment expliquer cette dernière prescription, assurément fort bizarre,
sinon par l’horreur un peu maniaque que mon père ressentait pour la saleté et
certains insectes parasites contre qui, à Mespech, il menait une guerre
quotidienne. Plus tard, quand je demeurai moi-même à la cour de
Charles IX, la pensée souvent m’égaya de l’horreur qu’eût ressentie mon
père à voir une de ces belles dames superbement parées qui entouraient le Roi
saisir un pou qui courait dans ses cheveux et l’écraser entre ses doigts
délicats, sans que personne, autour d’elle, parût s’en étonner.
    Fontenac,
en tout cas, consentit à tout, y compris à ce qu’une copie

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