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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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s’agit de faire le
mal », de mentir à leurs parents, de tourmenter leurs professeurs et de tout
casser. Ils ont leurs moments de grande générosité, mais, en général, ce sont
des créatures sales, gloutonnes, chapardeuses, simiesques et en permanence au
bord de la mutinerie. C’est, dans un passage assez représentatif, avec une
jubilation à peine contenue que Fourier décrit:
    Les fredaines des enfants qui, dans leurs fougueuses
réunions, entreprennent des travaux très pénibles et très dangereux, pour le
malin plaisir de détruire, surtout quand il s’agit de nuire aux pédants, aux
argus. Chacun, dans son enfance, a participé à ces expéditions glorieuses où
les acteurs, sans craindre ni froid ni chaud, ni boue ni poussière, travaillent
deux ou trois heures consécutives à démolir ou briser : s’escrimant avec une
ardeur et un enthousiasme incroyables, et faisant, à l’âge de huit ou dix ans,
plus d’ouvrage en un temps donné que n’en faisaient les ouvriers robustes qu’on
paierait pour pareille tâche, mais qui n’auraient aucun véhicule. Quel est leur
mobile ? C’est le plaisir de nuire, la haine, la vengeance 26 .
    Tourmentés par l’autorité, les enfants de la civilisation sont, pour
Fourier, à la fois jaloux de leurs oppresseurs et toujours prêts à se révolter
et se venger d’eux.
    A côté de ses observations d’ordre général sur la « jeunesse
civilisée », on trouve également dans les écrits de Fourier quelques passages
explicitement autobiographiques sur sa jeunesse. Ils sont rares, mais donnent
une image plus haute en couleur, et assurément moins angélique, du jeune
Fourier que la biographie officielle. De plus, on y entrevoit que la description
par Fourier des tendances destructrices et rebelles de la jeunesse a quelque
fondement autobiographique. Lorsque, par exemple, Fourier veut illustrer la
rage de destruction qui peut s’emparer d’un enfant de trois ou quatre ans, il
fait appel à un de ses plus anciens souvenirs, le jour où il saccagea tout un
verger.
    A l’âge de trois ans, je fus un jour laissé seul dans le
jardin du chanoine, qui était à vêpres : c’était le moment où les fruits sont à
peine noués : les pommes, poires et pêches n’étaient qu’à la grosseur de
noisettes ; le jardin était rempli de beaux espaliers. Je m’occupais une
demi-heure à cueillir tous ces jeunes fruits. Je détruisis au moins 200
douzaines de précieux fruits ; la terre en était jonchée ; j’en rapportais
quelques centaines dans mon tablier, à deux domestiques, le mien et celui du
chanoine. En voyant cette moisson, ils jurèrent plantureusement, me traitant de
petit massacre, d'enragé d’enfant, etc. C’était la faute des deux valets; ils
s’étaient amusés à boire une bouteille du caveau du chanoine, et m’avaient
laissé seul dans le jardin. Ils allèrent piteusement ramasser et jeter au
dehors toutes les traces du ravage 27 .
    Dans son vieil âge, parlant à ses disciples, on le voit
illustrer une observation sur le penchant inné des enfants pour la conspiration
et le chapardage par ce souvenir d’enfance : « thuriféraire à une procession de
la Fête-Dieu », il s’était esquivé avec quelques camarades et avait mangé «
toute la collation » de cerises préparée pour « les figurants de la procession,
lesquels furent bafoués 28 ».
    D’autres souvenirs d’enfance de Fourier jettent un jour vif sur
son éducation pieuse, en particulier cette anecdote illustrant l’absurdité du
catéchisme où l’on chapitre de tout jeunes enfants sur les tourments de la
géhenne qui attendent adultères, fornicateurs et sodomites.
    J’étais, à l’âge de sept ans, bien terrifié par la crainte
de ces chaudières bouillantes ; on me promenait de sermon en sermon, de
neuvaine en neuvaine; tant enfin, qu’épouvanté par les menaces des prédicateurs
et les rêves de chaudières bouillantes qui m’assiégeaient toutes les nuits, je
résolus de me confesser d’une foule de péchés auxquels je ne comprenais rien et
que je craignais d’avoir commis sans le savoir. Je pensais qu’il valait mieux en
confesser quelques-uns de trop que d’en omettre aucun. Là-dessus, je classais en
litanie tous ces péchés incompréhensibles pour moi, comme la fornication, et je
m’en allais les débiter à l’abbé Cornier, vicaire de l’église des Annonciades.
Je récitais d’abord les menus péchés de compte courant, comme d’avoir manqué

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