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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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si cela survenait réellement ?
    Personnellement je n’y arrivais pas, les répercussions étaient si énormes. Mais apparemment, l’imagination de Renaldo dépassait la mienne car il blêmit, puis hocha prestement la tête.
    — Je ferai tout ce qui est en mon possible, bien entendu.
    C’est ainsi que je l’envoyai surveiller les vastes quantités de nourriture et de vin que l’on était en train de livrer.
    — J’inspecterai tout moi-même, le rassurai-je. Mais il est crucial que rien n’entre ou ne sorte sans que j’en sois informée.
    Il me répliqua d’un ton solennel qu’il y veillerait personnellement, et se pressa d’aller remplir sa mission en commençant par examiner la cour où le dîner allait avoir lieu, et qui se transformait rapidement en une chambre de palais mauresque. Comme tant d’Espagnols, Borgia avait une tendresse toute particulière pour ce genre de style que les infidèles avaient apporté avec eux en conquérant son pays – avant de se faire bouter tout récemment, à la suite de la reconquista entreprise par Leurs Majestés très catholiques, Ferdinand et Isabelle. Connaissant sa nature, il aurait certainement apprécié de pouvoir prendre quatre épouses, en partant du principe qu’il conservait le droit de choisir ses concubines. Mais la vie était ainsi faite qu’il devait se contenter d’une nuit dans l’opulence d’un palais mauresque.
    Et quelle nuit cela allait être. S’il ne reculait devant rien pour plaire à ses invités, étant donné les circonstances le Cardinal se devait de maintenir un certain décorum. Par conséquent, les « danseuses » qui se produiraient à la soirée limiteraient leurs autres activités à des rendez-vous discrètement fixés. De même pour les acrobates, jongleurs et musiciens, ainsi que l’avaleur de sabres que l’on avait spécialement engagé pour l’occasion, mais je n’avais pas spécialement envie de penser à lui.
    Quand bien même, il était nécessaire de se renseigner au préalable à leur sujet ; ce qui aurait été absolument impossible, étant donné le peu de temps que j’avais devant moi, s’ils ne nous avaient tous été fournis par le même maestro dei maestri , l’imprésario préféré de l’élite de Rome qui, s’il n’avait été forcé de fuir à la suite d’un scandale impliquant un jeune éphèbe quelques années plus tôt, s’occuperait sûrement encore de monter les extravagants spectacles dont tout le monde raffole tant, ici.
    J’allai donc trouver Petrocchio (ainsi qu’il se faisait appeler) dans la cour, où il était en train de surveiller l’installation d’une immense tente qui serait sous peu parée de somptueux tapis, de tables délicatement sculptées et de beaux sofas, agrémentés de coussins moelleux pour le confort des éminents derrières qui allaient s’asseoir dessus. Des domestiques agitaient des encensoirs pour parfumer l’air et chasser les insectes. Les musiciens commençaient à arriver et à accorder leurs instruments. Les acrobates s’exerçaient sur l’herbe. L’ensemble faisait l’effet d’un chaos étrangement attrayant.
    Petrocchio était un homme grand et râblé, que la nature avait doté du tour de taille d’un goloso (de ceux qui aiment un peu trop la bonne chère) et du verbe haut d’un batelier. Il était présentement en train de pester contre les hommes qui se débattaient pour ériger la tente. Ses invectives étaient si imagées que je m’arrêtai un instant pour l’écouter, admirative. Quand il se mit à décrire avec force détails comment les mères des pauvres malheureux s’étaient accouplées avec des singes, je pris sur moi de l’interrompre.
    — Tout semble bien aller, à ce que je vois, m’exclamai-je.
    — Ah ! Mais quelle bande d’idiots ! Je n’arrive à rien avec eux, tous autant qu’ils sont… (Il s’arrêta net en s’apercevant à qui il parlait.) Oh, c’est vous, Donna Francesca, mille excuses. Le hasard veut que vous arriviez au mauvais moment, mais soyez rassurée, tout sera en ordre pour la soirée.
    — Je n’en doute pas. Je voulais simplement vous parler des artistes de ce soir.
    Le Maestro s’essuya le visage avec un mouchoir et se fendit d’un sourire pincé.
    — Oui, bien sûr. Je connais chacun d’entre eux, évidemment. Tous des professionnels à qui j’ai fait appel d’innombrables fois. Aucun novice parmi eux, ni personne qui songerait éventuellement à prendre sa retraite et aurait besoin

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