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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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la main.
    — Dehors, tous.
    Servantes, sages-femmes et médecins prirent alors leurs jambes à leur cou. Ce fut à qui réussirait à sortir le premier et il y eut donc une bousculade à la porte, mais en fin de compte les médecins (en leur qualité d’hommes, naturellement) forcèrent le passage et passèrent devant tout le monde – à part les plus robustes des sages-femmes – et le reste suivit dans un flot inégal, jusqu’à ce que la dernière et plus petite des servantes ait disparu.
    — Fermez la porte, m’ordonna Madonna Adriana.
    Je m’exécutai, puis me retournai pour la regarder. Elle s’était levée de son fauteuil et faisait les cent pas près des fenêtres. L’air s’était quelque peu rafraîchi et les rideaux blancs ondulaient à ses pieds, donnant l’impression qu’elle marchait sur les nuages.
    Elle les repoussa d’un coup de pied, me dévisagea puis déclara :
    — Mon beau-fils n’a rien fait de mal.
    Le mari de Giulia – qui avait hérité de ses cornes de cocu grâce au Cardinal, le jour où celui-ci avait jeté son dévolu sur sa jeune épouse. Orsino Orsini avait beau descendre de l’une des plus puissantes familles d’Italie, les qualités que l’on attendait d’un homme dans sa position lui manquaient singulièrement. Cet insignifiant personnage avait-il finalement osé lever la main pour se venger de l’insulte qui lui avait été faite ?
    — Il n’a rien à voir avec cela, insista Adriana. Assurément, personne ne peut le blâmer d’avoir des attentions pour Giulia.
    — Est-il toujours attaché à elle ? (Je me doutais de la réponse, mais j’avais besoin de l’entendre de la bouche d’Adriana.) Sont-ils en contact ?
    — Par lettres, répondit-elle du bout des lèvres et ne développant son propos qu’avec la plus grande réticence. Il lui écrit, de gentilles petites lettres où il lui demande des nouvelles de sa santé et lui parle de ses activités à la campagne.
    — Y répond-elle ?
    — Bien sûr que oui. Elle ne souhaite pas lui faire davantage de mal, si elle peut l’éviter. Elle fait attendre le messager et renvoie sa réponse par lui. Tout cela est bien innocent.
    — Donc Borgia est au courant ?
    — Non, il ne l’est pas, rétorqua Adriana sans se donner la peine de cacher son mépris face à une question qu’elle considérait visiblement comme stupide. Pourquoi donc irais-je déranger Il Cardinale avec une affaire aussi triviale ?
    Ainsi, la maîtresse du Cardinal et son mari avaient échangé des lettres en secret, sous le nez de la cousine qu’il avait chargée de veiller sur Giulia et sa fille ; et véritablement, il ne leur était jamais venu à l’idée que Borgia aimerait être au courant ?
    Je ne pus m’empêcher de secouer la tête face à une telle idiotie, avant de poursuivre pour tenter d’obtenir d’elle le plus d’informations possibles.
    — Qu’a-t-il envoyé, à part les lettres ?
    Elle serra les lèvres et détourna le regard.
    — Bon Dieu, explosai-je, nous n’avons pas le temps de jouer à ça ! Dites-le-moi ou je vous assure que j’irai directement voir le Cardinal et vous impliquerai dans tout ce qui s’est passé.
    — Comment osez-vous… répéta-t-elle, seulement cette fois-ci elle était tellement furieuse qu’elle semblait prête à me frapper.
    Avant qu’elle ne puisse passer à l’acte, Lucrèce bondit de son poste près du lit et se mit entre nous.
    — Arrêtez ! s’écria-t-elle. Un bébé est mort, pour l’amour du ciel, et Giulia a bien failli y rester elle aussi. Francesca essaie seulement d’aider. Nous devons tout lui dire.
    Adriana détourna alors le regard, refusant de parler mais n’empêchant pas Lucrèce de le faire. Avec sérieux et calme, la fille de Borgia me dit tout ce que j’avais besoin de savoir.
    Lorsqu’elle en eut fini, j’avais compris comment le poison était entré dans il harem et avait accompli son affreuse besogne. J’avais également compris que j’aurais à affronter un ennemi plus rusé et déterminé encore que dans mes pires cauchemars.

30
    — Des lettres ? répéta Borgia posément. Ils échangeaient des lettres ?
    À son retour de la curie il s’était directement enfermé dans son bureau. Préférant ne pas attendre sa semonce, je l’y avais suivi. Malgré l’heure tardive (les matines étaient passées), ses secrétaires trottaient encore après lui. Ils tentèrent bien de me stopper, mais en entendant ma voix dans l’antichambre

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