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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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chasse.

32
    Rome avait été bâtie sur sept collines, certes, mais de nos jours pourtant seul le Capitole semblait véritablement mériter ce nom, car les six autres avaient été grandement diminuées par l’assèchement des marécages qui les entouraient autrefois, puis l’édification de divers bâtiments. Mais avant que le Christ ne marche sur terre, avant même qu’il n’y ait une sainte Mère l’Église, il existait une huitième colline, que les anciens avaient nommée Vaticum. Là vivaient des esprits maléfiques, non loin de la porte des Enfers ; là se tenaient les courses de chars et les exécutions décidées par l’empereur fou, Néron ; et là les pauvres enterraient leurs morts. L’une de ces modestes tombes reçut d’ailleurs les restes mortels de l’apôtre Pierre, le compagnon et disciple de notre Seigneur, mort en martyr.
    On raconte, et je ne vois pas de raison d’en douter, qu’à peine le corps de Pierre porté en terre, ses disciples commencèrent à vénérer sa tombe. Ils se relayaient pour la surveiller, enterraient leurs morts à côté, et faisaient tout pour que la tranquillité des lieux ne soit pas troublée.
    Manifestement, tout cela s’étant passé il y a plusieurs siècles, beaucoup d’éléments ont été perdus dans l’époque sombre et agitée qui s’en est suivie. Mais le grand empereur Constantin a veillé à laisser des traces écrites de l’église qu’il a bâtie il y a plus de mille ans, sur le modèle des anciennes basiliques romaines, pour abriter la tombe de Pierre. On raconte aussi, mais à voix basse cette fois-ci, que pour ériger le monument à sa propre grandeur tout autant qu’à celle de sa foi, Constantin n’a pas hésité à détruire quantité d’anciennes tombes chrétiennes et à jeter les restes des fidèles aux loups. Mais mieux vaut taire cela.
    La seule chose à savoir, c’est que de sa vision il y a si longtemps est sorti de terre cet immense tas de roches qui, aujourd’hui, se désagrège et menace de tous nous écraser.
    César et moi entrâmes par l’atrium, vîmes au passage la mosaïque de la Navicella et pénétrâmes dans la basilique. En dépit de l’heure tardive, nous n’étions pas seuls dans le vaste et vénérable lieu. Aux dizaines d’hommes d’armes que nous avions emmenés avec nous venaient s’ajouter les gardes du Vatican, qui étaient partout et bien en vue. Si notre arrivée attira quelque peu leur attention, la livrée de la maison des Borgia découragea quiconque de poser des questions.
    L’intérieur était éclairé par des cierges et des lampes perpétuelles brûlant devant les autels latéraux. Quand bien même, l’endroit était très sombre. Sans l’aide des torches que nos hommes portaient pour nous, j’aurais bien été en peine d’y voir à plus de quelques mètres devant moi.
    — J’étais agenouillée ici, expliquai-je en indiquant le petit autel consacré à sainte Catherine. Et Morozzi est apparu là.
    Je pointai du doigt derrière moi, à gauche.
    — As-tu vu d’où il venait ? demanda César.
    Je secouai la tête.
    — J’ai cru qu’il m’avait suivie depuis le palazzo, mais à dire vrai je ne l’ai pas vu jusqu’à ce qu’il apparaisse devant moi.
    — Combien de temps avez-vous discuté ?
    — Quelques minutes tout au plus. J’ai détourné le regard un instant. Quand j’ai reporté mon attention vers lui, il n’était plus là.
    — N’importe qui pourrait se fondre dans cette pénombre.
    À l’entendre parler, il avait envie de croire que les choses s’étaient réellement passées ainsi, mais malgré tout sa main tenait fermement la croix qui pendait à son cou.
    — Nous nous sommes vus de jour.
    Je levai les yeux vers les fenêtres à claire-voie sous l’avant-toit. La nuit, elles ajoutaient encore à l’obscurité ; mais pendant la journée elles laissaient passer suffisamment de lumière pour que la majeure partie de l’intérieur soit visible.
    César regarda autour de lui avec inquiétude.
    — Alors, par où a-t-il bien pu partir ?
    — Les fondations de la basilique sont justes en dessous, répliquai-je.
    Tout à coup me revenait ce que mon père, ayant eu le privilège de les voir, m’avait dit à leur propos : sous nos pieds se trouvait en fait un vaste dédale de structures et de décombres que l’on s’était contenté de recouvrir lorsque l’édification de l’église de Constantin avait commencé.
    — Peut-être est-il passé par

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