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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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chrétienté.
    — Ton ami David ben Eliezer est venu me voir, reprit Vittoro lorsqu’il fut certain d’avoir mon attention. Il m’a expliqué que dans le ghetto, le bruit courait que della Rovere était prêt à tout pour mettre Borgia en échec. Quitte à sacrifier sa propre élection à la papauté.
    — Je n’en doute pas une seconde.
    En dernier ressort, della Rovere était suffisamment jeune pour se permettre d’attendre encore. À coup sûr, il espérait contribuer à élever au titre suprême un pape fait sur le même moule qu’Innocent, dans le but de le contrôler à son propre avantage.
    — Moi non plus, répliqua Vittoro, mais il y a autre chose. Selon ben Eliezer, della Rovere a eu vent de l’arrangement de Borgia avec les juifs et tente par tous les moyens de rassembler des preuves pour jeter le discrédit sur le Cardinal une bonne fois pour toutes.
    — Et ainsi avoir le champ libre pour agir à sa guise.
    — Exactement, répondit Vittoro. Ben Eliezer dit que della Rovere passera seulement à l’acte si l’élection de Borgia est assurée. Alors, il frappera sans merci. S’il a obtenu les preuves, il s’en servira. Sinon…
    — Il pourrait fort bien se tourner vers Morozzi, continuai-je. Mais comment ? Les cardinaux seront tous enfermés dans le conclave…
    Un soudain raclement de gorge nous arrêta net. J’avais complètement oublié Renaldo. L’intendant paraissait anxieux, comme toujours, mais semblait également avoir le plus grand mal à se contenir.
    — Que savez-vous de cela ? le questionnai-je.
    — Pourquoi saurais-je quoi que ce soit ? se déroba-t-il.
    — Parce que, cher Renaldo, nous savons tous ici que très peu de choses vous échappent. Vous êtes en terrain ami, ici. Dites-nous ce que vous savez.
    L’intendant tamponna la sueur qui perlait sur son front, ouvrit grand sa maigre cage thoracique et annonça :
    — Il se trouve que j’ai entendu parler d’une ou deux choses.
    — Mais encore ?
    — Comme vous le savez, chaque prélat sera accompagné de trois assistants. S’agissant de della Rovere, deux d’entre eux ont été annoncés et, sans grande surprise, ce sont ses secrétaires. Quant au troisième, son nom n’a pas encore été donné mais le bruit court…
    — Morozzi ! s’exclama-t-on d’un même souffle, Vittoro et moi.
    Renaldo confirma d’un simple signe de tête.
    Mes pires craintes devenaient réalité. Si Renaldo avait raison, Morozzi avait trouvé le moyen de se placer non seulement là où il pourrait causer le plus de mal, mais également là où moi, en tant que femme, je ne serais pas en mesure de l’atteindre – à l’intérieur même du conclave.
    — Il prend un risque, fit observer Vittoro, si par la suite la mort d’Il Cardinale devait éveiller les soupçons.
    — Il peut se le permettre, l’interrompis-je, étant donné qu’il a le moyen de faire croire que c’est moi qui ai tué Borgia.
    Pour une fois, j’avais réussi à choquer mon bon Vittoro. Il me dévisagea fixement.
    — Que dis-tu ?
    Brièvement, je lui avouai ma conviction que Morozzi avait l’intention de se servir de mon losange pour rejeter sur moi la responsabilité de la mort de l’homme que j’étais censée protéger.
    — Juste ciel, répondit Vittoro dans un souffle, avant de passer une main lasse sur son visage.
    Étant donné qu’il n’y avait rien à ajouter à cela, je passai à ce qui me préoccupait le plus.
    — Qui Borgia a-t-il intention d’emmener au conclave avec lui ?
    — Il ne l’a pas dit… précisément, répliqua Vittoro.
    Le vacillement dans son regard ne m’échappa pas.
    — Ce qui veut dire… ?
    — Ce qui veut dire qu’il revient ici dès que possible, et qu’il veut être sûr que tu seras à disposition car il souhaite te parler.
    Cela m’allait parfaitement. Une petite conversation seule à seul avec Borgia allait m’être nécessaire si je voulais le persuader d’accepter le plan qui était en train de prendre forme dans ma tête.
    — Fais-moi le plaisir, quand tu en auras fini ici, me déclara Vittoro, d’aller te reposer un peu, de prendre un bain, de te restaurer, mais de ne chercher à t’en aller sous aucun prétexte. J’ai suffisamment à faire ici sans avoir à te courir après. Est-ce que je me fais bien comprendre ?
    Je le lui confirmai. Lorsqu’il fut parti, je m’affalai contre un baril de vin et regardai Renaldo.
    — Si nous survivons à tout cela, j’offrirai personnellement des

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