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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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prières de remerciements à sainte Catherine de Sienne et sainte Jeanne d’Arc.
    — Il serait plus judicieux de leur demander de l’aide maintenant et de garder les remerciements pour plus tard, fit remarquer l’intendant, dont le sens pratique faisait encore une fois des merveilles.
    Sans prendre la peine de me demander s’il était compatible de prier tout en inspectant un agneau fraîchement égorgé, des meules de fromage, des bottes d’oignons, et davantage encore de vin, je m’y appliquai avec une ardeur renouvelée.
    L’heure avançait. Borgia n’était toujours pas rentré au palazzo. Je supposai qu’il se trouvait à la curie, occupé à rallier par tous les moyens les autres prélats à sa cause. David fit passer un autre message par Benjamin, dans lequel il nous prévenait que della Rovere avait dépêché plusieurs hommes à Sienne. Il ne restait plus qu’à espérer que César ait eu la sagesse de laisser suffisamment de forces dans cette ville pour empêcher della Rovere de découvrir où l’argent des juifs reposait.
    À la nuit tombée, l’épuisement menaçait de m’envahir. Je finis par me résoudre à aller m’allonger quelques heures. Ou plutôt Renaldo, me voyant hésiter, me mit dehors en objectant que cela faisait quatre fois que je vérifiais le même bouquet de basilic. D’autant que cette plante n’est pas la meilleure cachette pour le poison, car si son parfum est puissant, la présence d’un produit adultérant est révélée par ses feuilles, même séchées.
    Mais je digresse. Encore et toujours, car telle est ma malédiction. Ainsi, je m’en tiendrai à dire que je rentrai dans mes quartiers pour y découvrir (ô miracle !), qu’une bonne âme avait préparé un bain pour moi ; que j’en profitai jusqu’à ce que l’eau soit complètement froide, me séchai tant bien que mal, puis chancelai jusqu’à mon lit en songeant seulement au sommeil divin qui m’attendait.
    Pour me rendre compte, une fois-là, que je n’étais pas seule.

37
    — Tu es incorrigible, fis-je dans un soupir.
    Une simple constatation, à ne pas confondre avec un reproche.
    J’étais en effet au-delà même de la protestation symbolique, mon corps tout entier étant gagné par cette agréable torpeur qui vient après l’horreur, lorsque l’effroi, mais aussi l’énergie décuplée, laissent place à une étrange paix intérieure, bien qu’un peu chétive. Par ailleurs, il faut bien l’avouer, je n’avais guère envie de me retrouver seule avec moi-même ce soir-là – ni éveillée ni endormie.
    César était allongé bras croisés derrière la tête, un drap de lin à peine remonté jusqu’aux hanches. Il venait certainement de prendre son bain, sa sombre chevelure étant encore mouillée. Sa poitrine était nue à part le médaillon en argent de saint Michel qu’il s’était mis à porter récemment, après avoir déclaré fidélité à l’archange guerrier.
    Le lit se trouvant dans la pénombre, je ne distinguai pas son expression mais l’entendis éclater de rire.
    — Crois-tu que tu voudrais de moi, si je ne l’étais pas ?
    Sans un mot je secouai la tête. À la vérité, une fois la surprise initiale passée, je ne ressentis que du soulagement à le voir ici – et le frisson de désir qu’il ne manquait jamais d’éveiller en moi. Je m’avançai vers lui, ou peut-être fut-ce lui d’abord, mais dans tous les cas je me trouvais à présent blottie dans ses bras, en sécurité contre son torse puissant, ses jambes enroulées autour des miennes. Comme c’est étrange que je me souvienne encore de la chaleur de sa peau ; de l’odeur de son savon au bois de santal ; de la rugosité, sous mes doigts curieux, de la cicatrice courant le long de son flanc droit, souvenir d’un combat à l’épée où il avait failli mourir alors qu’il sortait à peine de l’enfance. Je me souviens des moindres détails, comme s’il me suffisait de tendre la main pour pouvoir le toucher. Vraiment, l’esprit est un bien cruel imposteur.
    Si l’intention de César était de me rappeler combien nous étions faits l’un pour l’autre, il y réussit admirablement. Le fardeau qui pesait sur mon cœur à la suite de la perte de Rocco ne s’allégea en rien – je ne m’y attendais pas, jamais. Mais il m’aida à accepter le réconfort des bras de mon amant ténébreux.
    Plus tard (nous devions être au beau milieu de la nuit, à présent), nous étions étendus, luisant de

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