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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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autres membres d’ il harem . Mais Madame s’était apparemment absentée pour rendre visite à une amie à la campagne, et Giulia la Bella, fidèle à sa réputation de lève-tard, était encore couchée. Seule Lucrèce se trouvait au jardin, en train de prendre son petit-déjeuner.
    Elle me fit signe de la rejoindre.
    — Francesca, viens donc t’asseoir. Je suis si heureuse de te voir. As-tu faim ? Les fraises sont délicieuses.
    Nous prîmes place à l’ombre de la loggia, non loin de la fontaine. La chaleur du jour se faisait déjà sentir. Lucrèce portait une chemise légère, en lin finement tissé. Les deux chiots étaient étendus à ses pieds, langue pendante.
    — Que t’est-il arrivé au visage ? demanda-t-elle lorsque je fus assise. Elle me tendit le bol de fraises, peut-être dans le but de faire passer la question plus aisément.
    J’en choisis une et croquai dedans avant de répondre. Le bleu que j’avais au front ne me faisait plus mal, sauf si je le touchais, mais il était devenu si sombre que mes cheveux n’arrivaient plus à le dissimuler entièrement.
    Un sourire accroché aux lèvres, je lui servis la même histoire qu’à son père : « Je suis tombée. » Mais telle est la nature du mensonge que, malgré moi, j’entrai dans les détails :
    — J’ai trébuché, vraiment, rien de plus. C’était un peu gênant.
    Avec cette dernière remarque, j’espérais lui ôter toute autre interrogation de la tête.
    Les divins sourcils de Lucrèce se froncèrent. Les gens s’extasiaient sur la beauté de Giulia, à juste titre, mais Lucrèce était si jolie. Si elle avait été une enfant fluette, elle commençait à avoir des formes depuis qu’elle était devenue femme, quelques mois plus tôt. Elle avait des traits délicats et très féminins, mais ce qui faisait sa fierté, c’était sa chevelure. D’un blond pâle et coiffée en anglaises, elle la faisait ressembler à un ange nimbé de lumière. Plus tard, lorsqu’on l’accusa de ces crimes si affreux, les gens s’en feraient la remarque.
    — Est-ce que ça fait mal ? demanda-t-elle, faisant montre d’une obstination à laquelle elle devrait un jour sa survie, face à un désastre qui nous aurait tous détruits.
    — Pas du tout, la rassurai-je.
    — Bien. (Elle esquissa un sourire espiègle.) On m’a confié un secret qui va t’intéresser, j’en suis sûre.
    J’avais dans l’idée que la fille de Borgia était au courant d’un bien plus grand nombre de secrets que les jeunes filles de son âge, et à dire vrai, je comptais dessus. Mais je fus tout de même surprise qu’elle me l’offre ainsi pour mon plaisir, telle une friandise à la pâte d’amandes.
    — Dites-moi tout, la priai-je.
    — César veut venir à Rome alors que Père lui a dit de rester à Pise. Il dit qu’il s’ennuie tellement à l’université, et qu’il a si peur de rater quelque chose ici qu’il pourrait décider de revenir de toute façon.
    Eût-elle parlé de quelqu’un d’autre que son frère, j’aurais relégué ces révélations au rang de simple bravade. Mais César possédait cette nature à la fois impulsive et impitoyable prompte à pousser le Cardinal au défi et à s’en sortir indemne quand même. Assurément, Borgia était connu pour passer tous les caprices à un fils qu’il escomptait faire entrer dans la sainte Église, comme lui.
    Comme toujours, je souris à l’idée de César en prêtre. Lucrèce sauta sur l’occasion.
    — Mon frère te fait sourire ? minauda-t-elle.
    César me faisait en réalité beaucoup de choses, et avec le temps j’imagine que j’évoquerai la plupart d’entre elles. Mais oui, dans certaines circonstances, il savait aussi faire cela.
    — Pardonnez-moi, Madonna, répondis-je d’un ton des plus convenables. J’étais en train de songer à tout autre chose.
    — Oh, tu mens, rétorqua Lucrèce. N’essaie même pas de feindre. Tu es aussi fascinée que tout le monde par César.
    Fascinée ? J’imagine que c’était le cas, oui, mais j’étais également sur mes gardes.
    — Je lui ai dit pour ton père, continua la jeune fille. Il m’écrit qu’il est tout à fait désolé mais ne doute pas que tu t’acquitteras admirablement de tes nouvelles responsabilités.
    Que Dieu me pardonne, je rougis. Voyant cela, Lucrèce partit d’un gloussement ; mais l’instant d’après, elle était redevenue sérieuse.
    — En vrai, il n’est pas si horrible que cela, n’est-ce pas,

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