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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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pas certaine.
    Je ne pris pas cela au premier degré, et ne songeai pas un seul instant que Vittoro l’avait dit dans cette intention : nous savions tous deux fort bien que Borgia ne se souciait de rien au-delà de son propre bien-être.
    — Il n’a pourtant pas lieu de le faire, rétorquai-je.
    — Depuis hier tu es introuvable. Une grande partie de la ville a été secouée par des émeutes anticléricales que des individus en lien avec toi sont soupçonnés d’avoir provoquées. Le bruit court qu’un homme a été tué dans la basilique Sainte-Marie, mais son corps n’a pas été retrouvé. Et voilà que tu te montres enfin, habillée comme un garçon et ayant toutes les peines du monde à parler distinctement à cause de ce qui m’a tout l’air d’être une sérieuse tentative de strangulation.
    Gênée, je portai une main à ma gorge.
    — Morozzi m’a échappé, et j’en assume l’entière responsabilité. Toutefois, j’ai au moins réussi à confirmer qu’il est revenu en ville, et ils sont désormais un de moins.
    Le capitano leva un sourcil.
    — De ton fait ?
    Je haussai les épaules en signe d’aveu silencieux.
    — Si tu le permets, maintenant, je vais me laver et me changer.
    Je n’avais vraiment pas besoin de causer davantage de scandale que je n’en avais déjà provoqué ; mais pour être honnête, je cherchais surtout à gagner un peu de temps pour préparer ma défense avant d’affronter Borgia.
    Vittoro le comprit. Il m’accompagna à l’intérieur de mon appartement et attendit dans le salon le temps que je fasse ma toilette. D’ordinaire je ne faisais guère attention à ce que je portais, mais au vu des circonstances il me semblait plus prudent de choisir mes vêtements avec soin. Ainsi j’optai pour une robe taillée dans une pièce de soie de Florence que Lucrèce avait dû me supplier d’accepter en cadeau, et allai jusqu’à lâcher mes cheveux, les démêler et enfermer quelques mèches dans un filet en résille d’argent.
    Lorsque j’émergeai enfin, le capitaine de la garde se tenait près de la fenêtre donnant sur le jardin intérieur. Il était en train de caresser Minerve, qui semblait s’être prise d’affection pour lui. Il m’inspecta des pieds à la tête comme il l’aurait fait pour l’une de ses filles, et parut satisfait.
    Ce qui ne l’empêcha pas de me dire d’un ton bourru :
    — Je te préviens : j’ai rarement vu notre maître dans un tel état.
    Sermonné par l’émissaire espagnol, menacé par les exigences de la famille Sforza comme du roi de Naples, nargué par della Rovere, et à présent défié par un Morozzi qui s’était allié à ce fanatique de Savonarole, Borgia était effectivement assiégé de toutes parts. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans une situation délicate, loin s’en faut, mais il avait toujours su faire preuve d’un certain brio, un mélange d’enthousiasme et de confiance qui le faisait l’emporter sur tous les tableaux. Or, récemment, il m’était apparu de plus en plus énervé, impatient, voire désabusé. Après avoir consacré la majeure partie de sa vie à devenir pape, notre maître découvrait-il à présent que le trône de Saint-Pierre n’était pas aussi confortable qu’il se l’était imaginé ?
    Plutôt que de formuler mes inquiétudes à voix haute et ce faisant les exacerber, je restai silencieuse une grande partie du trajet qui nous mena, Vittoro et moi, au palais du Vatican. Nous étions à une semaine de la date choisie pour le mariage de Lucrèce et Giovanni Sforza, seigneur de Pesaro. Le marié étant censé arriver en ville deux jours avant, des équipes de balayeurs étaient déjà à l’œuvre sur le Corso et dans les rues adjacentes. D’autres accrochaient aux balcons des bannières aux couleurs rouge et or de la maison des Borgia, et blanc et or de celle des Sforza ; les derniers, enfin, installaient le long du parcours des pots de pavots, de soucis, de lys blancs et de jasmin. Des gardes armés étaient en place afin de prévenir d’autres inscriptions obscènes mais pour le moment, du moins, cette fâcheuse tendance semblait avoir été stoppée.
    Dans quantité de cuisines en ville, les préparations pour le grand banquet que Borgia comptait offrir en hommage aux citoyens de Rome avaient commencé. D’habitude, l’organisation de ce genre de festivités aurait suscité un certain entrain mais partout où je regardais les visages

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