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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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aurais pu te faire tuer. Du reste, tu…
    — Je vais bien, répétai-je pour couper court à la discussion. Des fragments de souvenirs refaisaient surface. Vaguement, je me souvins d’avoir été dans un état plutôt grave lorsqu’on m’avait amenée à l’échoppe. À dire vrai ce n’étaient pas les seules images qui me revenaient, mais je n’étais pas d’humeur à les évoquer – certainement pas même, au vu de la gravité de la situation présente.
    — Je dois m’en aller, annonçai-je, et je m’apprêtai à me lever lorsque, d’une main sur chaque épaule, Sofia et David me firent rasseoir.
    — Ne sois pas ridicule, me sermonna Sofia. Tu ne vas nulle part tant que je n’ai pas la certitude que tu tiendras debout plus de quelques minutes. En attendant, tu vas manger.
    À ma surprise, j’entendis mon ventre gargouiller. J’avais faim ; une faim de loup, même. J’enfournai une cuillerée du bol de bouillie qu’elle posa devant moi à une vitesse plutôt inconvenante, et ce n’était pas seulement car j’avais hâte de partir. Il est vrai que je mange souvent sans faire guère attention à ce que j’avale, mon esprit étant toujours occupé à autre chose. Mais ce qu’elle m’avait préparé était délicieux, crémeux et sucré à souhait, avec une pointe de sel.
    — C’est bon, fis-je en tendant mon bol pour me faire resservir, telle une enfant.
    Sofia et David échangèrent un regard mais ne dirent rien. Lorsque j’eus fini cette seconde portion, je me laissai aller en arrière avec un grand soupir, une main posée sur mon ventre bien plein. Pendant un instant, tout sembla aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    Mais la réalité me rappela bien vite à l’ordre. Morozzi courait toujours ; Borgia était probablement dans tous ses états, même s’il ne l’admettrait jamais ; quant à moi, j’avais par trop tardé.
    — Je dois vraiment vous quitter, maintenant, dis-je. Cette fois-ci lorsque je me levai ils ne firent pas d’objection, mais ils avaient l’air tous deux inquiets et pire encore, perplexes. À l’évidence, ils ne savaient absolument pas comment procéder avec moi. Je ne pouvais guère les en blâmer : ni l’un ni l’autre ne savaient se bercer d’illusions comme je le faisais si bien.
    Quand bien même, mes amis étaient prêts à m’aider.
    — Je viens avec toi, annonça David en se levant.
    — Il vaudrait mieux qu’on ne nous voie pas ensemble, prévins-je. Si les responsables du ghetto apprenaient son retour, il passerait déjà un mauvais quart d’heure ; mais s’il se faisait repérer en compagnie de l’empoisonneuse de Borgia ou pire encore, de son fantôme, ils seraient hors d’eux.
    — Nous repartirons par le chemin que nous avons pris pour t’amener ici, m’informa-t-il. Par les tunnels.
    Je commençais à me demander pourquoi les gens en ville s’embêtaient encore à circuler à la surface, alors qu’ils auraient pu éviter de se faire mouiller quand il pleuvait, de marcher sur les tas de fumier, ou de jouer des coudes avec les chevaux et les charrettes. N’eussent-ils pas eu cette tendance à s’effondrer sans crier gare et ainsi à ensevelir les malheureux qui se trouvaient dessous, les passages secrets de Rome auraient certainement été encore plus populaires qu’ils ne l’étaient déjà.
    — Emporte cela, me dit Sofia tandis que je m’apprêtais à partir. (Elle me glissa un petit sachet dans les mains.) Le thé a un effet revigorant, mais aussi calmant.
    J’acquiesçai, mais ajoutai quand même :
    — Si cela ne te dérange pas, je voudrais encore un peu de ta poudre qui fait dormir.
    Au vu de ce qu’il s’était passé à l’église et après, j’avais peur que lorsque le cauchemar viendrait (comme je ne doutais pas qu’il fasse si je n’étais pas suffisamment droguée pour le tenir à distance), il submergerait mon esprit avec une telle force que je serais incapable d’y échapper. J’étais prête à tout pour éviter cela.
    Sofia hésita, et l’espace d’un instant je craignis qu’elle refuse. J’en eus une bouffée de panique. Avec le recul, j’aurais dû prendre cette réaction comme une indication de l’état dans lequel je me trouvais réellement. Au lieu de cela, comme toujours, je la balayai d’un geste.
    — Je peux t’en donner un tout petit peu, accepta-t-elle finalement. Mais cette poudre est trop dangereuse pour en prendre de façon régulière. Nous devons

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