Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
réfléchir à d’autres moyens pour arriver à te faire dormir.
    Mon soulagement était si grand que je l’assurai aussitôt de ma volonté de faire précisément cela au plus vite, quand je n’en avais pas la moindre intention. De crainte que vous ne me preniez vraiment pour un être sans aucune conscience, sachez que j’éprouvai un certain remords à l’idée de la tromper de la sorte, mais c’était une sensation bien trop faible au final pour me faire éprouver davantage qu’un malaise passager.
    Sofia m’ayant remis la poudre ainsi que mon couteau, je pris congé d’elle avec David. Il me guida à travers les passages souterrains jusqu’à ce que l’on émerge dans une étroite ruelle à côté de la piazza di Santa Maria. À cette heure de la matinée, la place autour de la fontaine était grouillante de passants à pied et à cheval, de chariots et de charrettes, et tout ce petit monde était bien trop occupé à tenter de se dépasser les uns les autres pour nous remarquer. Avec mes vêtements masculins j’avais l’air d’un apprenti quelconque, mais je savais que mon anonymat ne durerait pas. Délibérément, je détournai les yeux de l’église où quelques heures plus tôt à peine j’avais affronté la mort, et dis au revoir à David.
    — Tu seras prudente, n’est-ce pas ? insista-t-il en m’observant, sourcils froncés. À présent que Morozzi sait que tu le traques, il est impossible de dire comment il va réagir.
    J’y avais également songé, mais le gardai pour moi. Il était plus que probable que le prêtre fou considère ce qui venait de se passer comme une provocation intolérable. Il ne tarderait pas à riposter, j’en étais sûre, et le stopper devenait donc plus que jamais urgent.
    Ayant rassuré David sur le fait que je prendrais toutes les précautions (encore un mensonge à ajouter à une liste qui s’allongeait de minute en minute), je pris la direction de mon appartement. J’espérais avoir un moment de répit pour pouvoir enfin rassembler mes esprits, mais le sort en avait décidé autrement. Je venais à peine de tourner dans ma rue lorsque je compris que le temps était venu pour moi de payer le prix pour avoir failli à ma mission.

22
    Vittoro mettait un point d’honneur à ne pas me regarder dans les yeux, préférant se concentrer sur le mur situé derrière moi. Il gardait ses mains dans le dos, et ses traits étaient figés en une expression de circonspection étudiée. Eussé-je été son subalterne, j’en aurais tremblé de peur. Pourtant, raisonnai-je, je n’avais rien fait d’autre qu’utiliser au mieux mon jugement dans le seul but de garder Borgia en vie. Soit, l’on pouvait arguer que j’avais commis une faute en m’attaquant à Morozzi sans l’aide de renforts. Reste que mon audace aurait été applaudie des deux mains si j’avais mené ma mission à bien. Je n’étais donc pas disposée à m’excuser pour mon acte — même si, en toute sincérité, mon petit doigt me disait que cela aurait été plus raisonnable.
    Mon immeuble était cerné par les condottieri, qui s’étaient déversés jusque dans la loggia. Hormis les soldats, il n’y avait pas un mouvement dans la rue. Mes voisins avaient eu la sagesse de se calfeutrer chez eux, d’où ils épiaient à n’en pas douter ce qu’il se passait en bas à travers les fentes de leurs volets fermés.
    — Donna Francesca, m’apostropha Vittoro lorsque je fus en face de lui. Saine et sauve à ce que je vois, malgré ce qui se dit un peu partout en ville.
    Cela ne paraissait guère lui faire plaisir, mais j’espérais tout de même ardemment qu’en son for intérieur, mon vieil ami se réjouissait de voir mon séjour sur terre prolongé.
    — Il ne faut pas croire tout ce que l’on entend, répondis-je. Vittoro, je veux bien répondre de mes actes devant Sa Sainteté, mais je pense qu’elle n’apprécierait guère que je me présente à elle dans cet état. Monte avec moi, nous pourrons discuter.
    Telle était ma tactique pour tenter de prendre le contrôle de la situation, si tant est que ce fût possible. Je comptais sur la bienveillance de Vittoro pour me donner le temps de m’expliquer, et en cela Dieu merci, il ne me déçut pas.
    — Sa Sainteté s’inquiète beaucoup pour toi, m’informa-t-il alors que nous passions devant la porte de la concierge. Le panneau du haut était ouvert et je crus voir la silhouette de Portia à l’intérieur, mais je n’en étais

Weitere Kostenlose Bücher