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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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tant troubler Vittoro.
    Il détourna le regard, manifestement gêné.
    — Je me tenais devant une énorme pile de fagots placés autour d’un bûcher, sur une place que je ne connaissais pas. Le feu était déjà allumé, de la fumée s’en élevait et les flammes venaient lécher le pourtour. Des corbeaux volaient en cercle dans le ciel, ils ne cessaient de croasser. Il y avait un homme : je suppose que c’était un moine parce qu’il en portait l’habit et avait relevé son capuchon, ce qui fait qu’on ne voyait pas son visage. Il a tendu le bras, et pointé du doigt. J’ai regardé dans la direction qu’il indiquait, et je t’ai vue sortir d’une église. Tu étais distraite par autre chose, et tu avais l’air de ne pas te rendre compte du danger.
    — Qu’est-il arrivé ensuite ?
    — J’ai essayé de t’appeler mais en vain, tu ne m’entendais pas. Après ça, je me suis réveillé.
    — Et c’est tout, le moine pointait seulement du doigt ?
    — Je sais que ça n’a pas l’air bien grave, dit comme ça, mais l’effet…
    Il avait bel et bien été terrifié pour moi. Ce brave homme avait été si inquiet à son réveil qu’il s’était confié à sa femme et s’était armé de courage pour me mettre en garde.
    — Le comportement de Juan te préoccupe vraiment, à ce que je vois.
    — Si ce n’était que cela. Imagine que Borgia vienne à être déchu…
    Il n’avait pas besoin de m’expliquer ce qu’il adviendrait alors. Si Borgia était chassé du trône de Saint-Pierre, ses ennemis n’auraient de cesse d’anéantir tous ceux qu’ils considéraient comme proches de lui. Vittoro, Felicia, leurs filles et leurs petits-enfants, tous auraient de la chance s’ils en réchappaient sains et saufs. Et il en allait de même pour moi. Ainsi en va-t-il à Rome, la grandeur et la décadence des puissants ont toujours été accompagnées de sang dans les rues, et ce depuis des temps immémoriaux. J’avais accepté ce risque en entrant au service de Borgia, car j’avais besoin d’un certain pouvoir pour venger la mort de mon père. Mais à présent Vittoro m’obligeait à réfléchir au fait que si j’étais sans famille, je n’étais pas sans amis, et eux aussi se retrouveraient en danger. Rocco, le petit Nando même, pouvaient être traqués et passés par l’épée. Quant à Sofia et David (et les juifs en général), on pouvait dire sans détour qu’une telle éventualité les condamnerait.
    — Borgia ne sera pas déchu, affirmai-je. C’est l’homme le plus rusé, le plus impitoyable et le plus déterminé de notre époque. En outre, nous sommes là pour l’aider. Ce sont ses ennemis, plutôt, qui devraient se réveiller en sursaut la nuit.
    — C’est très loyal de ta part, mais…
    — La loyauté n’a rien à voir là-dedans.
    Borgia représentait pour moi le moyen d’arriver à mes fins ; je remplissais mon devoir envers lui avec zèle, mais sans jamais perdre de vue mon objectif.
    Mais César était une autre affaire : je ne voulais vraiment pas qu’il lui arrive du mal. Dès lors, je ne pouvais décemment envisager de l’inciter au fratricide. Juan était un problème que je ne pouvais espérer résoudre seule. Il ne me restait plus qu’à prier pour que son père parvienne à négocier un mariage grandiose qui l’enverrait loin, très loin de Rome.
    Ce fut plus tard seulement, lorsque j’eus pris congé de Vittoro en l’assurant de mon intention de réfléchir sérieusement à notre conversation, que je me souvins l’avoir entendu dire que dans son rêve, je regardais dans la mauvaise direction. Je tournai et retournai cette idée dans mon esprit, essayant de comprendre pourquoi je n’arrivais pas à m’en défaire. Avais-je réellement négligé quelque possibilité dans ma traque de Morozzi ? Se cachait-il dans un endroit auquel je n’avais pas songé jusque-là ? Luigi et son armée de portatori n’avaient rien découvert qui soit digne d’intérêt. Alfonso et les contrebandiers avaient retrouvé sa trace, mais n’étaient pas remontés jusqu’à sa tanière. De la même façon, David, Sofia et Benjamin n’avaient trouvé aucun signe de lui, et ce même s’il paraissait se mouvoir à sa guise dans toute la ville — et jusque dans l’enceinte du Vatican, à présent. Guillaume n’avait plus donné de nouvelles depuis qu’il avait envoyé ce message rapportant des divisions au sein de l’ordre dominicain. Plus curieux encore,

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